C'est empli d'amour chrétien et de sentiments fraternels que je vous salue, vous qui êtes rassemblés à Harare, au Zimbabwe, pour les débats de la Huitième Assemblée du Conseil oecuménique des Eglises.

Pour des raisons de santé, je ne puis être parmi vous et je le regrette profondément. La délégation de notre Eglise arménienne prendra certainement une part active aux travaux de l'Assemblée.

Pour avoir assisté à quatre Assemblées - La Nouvelle-Delhi, Upsal, Nairobi et Vancouver - je sais l'importance de votre tâche, non seulement pour ce qui concerne le mandat et les activités en cours du COE, mais aussi pour la vie des Eglises membres. Plus qu'une rencontre où l'on passe en revue le travail réalisé par le Conseil depuis l'Assemblée de Canberra, c'est surtout une occasion unique de "lire les signes des temps", d'examiner notre situation d'un point de vue pan-chrétien et dans le souci du partenariat et de la communauté.

J'ai conscience des questions complexes que vous devrez aborder durant cette Assemblée. Mais toutes les Assemblées tenues à ce jour ont connu des instants difficiles et des problèmes épineux. L'expérience m'a toutefois montré que la communauté que nous formons, le fait d'être demeuré ensemble, de lutter pour résoudre ces problèmes ensemble, malgré nos divergences, l'ont toujours emporté. Il ne peut en être autrement parce que notre communauté est un don de Dieu que nous devons chérir, approfondir et promouvoir dans Sa grâce durant notre cheminement vers l'unité visible. Depuis le début de l'ère apostolique, des problèmes ont surgi, perturbant souvent la vie de l'Eglise. Or elle les a toujours surmontés lorsqu'elle les a affrontés avec cette "arme" puissante qu'est l'Esprit Saint, autrement dit la communauté fraternelle, le sentiment d'appartenance au même Seigneur, au même Evangile et à la même mission.

Notre engagement oecuménique commun au sein du Conseil oecuménique des Eglises célèbre déjà son cinquantième anniversaire: un demi-siècle d'un témoignage tellement éclatant que, pour moi, ce 20ème siècle, pris dans son ensemble et malgré quelques récentes résurgences de confessionnalisme, peut légitimement être qualifié de "siècle oecuménique". A l'occasion de ce jubilé, nous devons reconnaître humblement que des événements décisifs ont eu lieu, qui ont enrichi notre histoire chrétienne commune. Nous avons un penchant pour l'autocritique dans les milieux du COE et nous avons souvent eu tendance à voir l'aspect négatif des choses. Qu'en est-il des choses positives ?

A l'heure où ce deuxième millénaire s'achève, puisse cette Assemblée puiser courage en Lui vers qui nous nous tournons dans la joie de la paix. "Nous tourner vers Dieu", c'est nous ouvrir à la communauté et avancer main dans la main sur ce chemin, notre pèlerinage sur la terre, qui nous conduira dans le troisième millénaire et d'âge en âge.

C'est dans cette disposition d'esprit et de coeur qu'en ma qualité de chef d'une des Eglises membres du COE, je vous adresse mes meilleurs voeux de succès dans cette tâche noble qui plaît à Dieu.

Soyez assurés du soutien de mon amour et de mes prières.

Karekin I^er, Catholicos de tous les Arméniens
Le 3 décembre 1998