Dans le monde entier, aujourd'hui, des millions de personnes se déplacent et vivent, ou s'efforcent de vivre, dans des pays autres que leur pays d'origine. Dans certains cas, elles se déplacent de leur plein gré et s'installent à l'étranger pour des raisons familiales, éducatives ou professionnelles. Mais le plus souvent, il s'agit de migrations forcées pour fuir les tensions internes et les guerres civiles ou partir à la recherche de terres agricoles ou d'un emploi car c'est tout
simplement une question de survie.
Au cours de ces dernières années, on a observé une accélération du
mouvement de déplacement des populations qui s'est accompagné, dans le
même temps, d'une détérioration de la réaction généralement adoptée à
l'égard des migrants et des autres personnes déplacées; l'acceptation et
l'aide ont maintenant fait place à l'hostilité et au rejet.
Quand il s'agit des migrants, les droits fondamentaux de l'homme sont
trop facilement violés ou passés sous silence. Cela est d'autant plus
vrais pour ceux qui ne relèvent pas de l'une des catégories (par
exemple, ressortissant, réfugié, travailleur étranger en situation
régulière, étudiant) garantissant généralement aux individus une
protection juridique. La violation des droits des migrants contribue à
accroître la fracture sociale et à la perte du respect de l'État de
droit.
Il est plus que jamais nécessaire de promouvoir l'élaboration et
l'application de normes internationales mettant en lumière un fait
fondamental: les droits des migrants font partie des droits de l'homme.
Consciente de la nécessité de définir avec précision et de faire
respecter les droits de l'homme en ce qui concerne les migrants,
l'Organisation des Nations Unies a créé la Convention internationale sur
la protection des droits de tous les travailleurs migrants et les
membres de leurs familles. Cette convention a été approuvée le 18
décembre 1990 par l'Assemblée générale des Nations Unies.
Quelle est la raison de l'importance de la cette convention internationale?
1 Les travailleurs migrants ne sont pas considérés seulement comme de
la main d'?uvre ou des entités économiques. Ils constituent, avec leurs
familles, des entités sociales et, à ce titre, ont des droits, et
notamment le droit au regroupement familial.
2 La convention reconnaît que les travailleurs migrants et les membres
de leurs familles, n'étant pas ressortissants des États dans lesquels
ils travaillent ou sont en transit, ne sont pas protégés. Souvent, leurs
droits ne sont pas pris en considération par la législation nationale
des pays d'accueil ou par l'État dont ils sont originaires. Il incombe
donc à la communauté internationale, dans le cadre des Nations Unies, de
prévoir des mesures de protection.
3 Elle définit pour la première fois, au plan international, le
travailleur migrant, les catégories de travailleurs migrants et les
membres de leur famille. Elle institue aussi des normes internationales
de traitement précisant les droits de l'homme spécifiques aux
travailleurs migrants et aux membres de leurs familles. Ces normes
serviraient à faire respecter les droits fondamentaux de l'homme pour
d'autres populations migrantes vulnérables, ainsi que ceux des
travailleurs migrants.
4 Les droits fondamentaux de l'homme s'appliquent à tous les
travailleurs migrants, aussi bien à ceux qui sont en situation régulière
qu'aux sans-papiers; les travailleurs migrants en situation régulière et
les membres de leurs familles, ont d'autres droits et bénéficient
notamment d'une égalité de traitement avec les ressortissants dues pays
d'emploi dans un certain nombre de domaines juridique, politique,
économique, social et culturel.
5 La convention internationale vise à jouer un rôle dans la prévention
et l'élimination de l'exploitation de tous les travailleurs migrants et
les membres de leurs familles, et notamment à mettre un terme aux
mouvements illégaux et clandestins et à l'existence de travailleurs
migrants en situation irrégulière ou sans papiers.
6 Elle s'efforce d'instaurer des normes minimales de protection pour
les travailleurs migrants et les membres de leurs familles qui soient
reconnues dans tous les pays. Elle est un moyen d'encourager les États
qui ne disposent pas de normes nationales à harmoniser davantage leur
législation avec les normes reconnues internationalement.
Pourquoi faut-il mener une campagne mondiale en faveur de la ratification?
La décision de l'ONU de rédiger et d'adopter cette convention témoigne
de l'affirmation marquée d'un consensus international quant à la
nécessité de protéger davantage les droits des migrants. Il faut
maintenant que cette décision soit appliquée et, pour cela, que les
États ratifient la convention et adoptent une législation en la matière.
Il faut convaincre les gouvernements de la nécessité pour eux de
ratifier la convention. Ce but ne sera atteint que si l'on parvient à
faire comprendre l'importance de la convention aux hauts fonctionnaires,
diplomates, milieux politiques, ONG, ainsi qu'au grand public, aux
niveaux national et international.
Comment la campagne mondiale est-elle organisée et menée à bien?
Un comité directeur officiel a été établi aux fins de la campagne. Il
définit les stratégies fondamentales et produit les matériels
nécessaires, mais le succès de la campagne repose fondamentalement sur
l'adoption et la promotion du but de cette campagne par des centaines
d'organisations et de personnes ayant ou non un lien officiel avec la
campagne.
Pour faire campagne en faveur de la ratification, il faut disposer
d'éléments sensibilisateurs et politiques visant à obtenir une
approbation émanant d'un large échantillon représentatif de la société,
et notamment des instances publiques, partis politiques, syndicats,
groupes religieux, organisations de femmes, etc.
Que devez-vous faire?
Pour de plus amples renseignements, veuillez vous adresser à:
Dan Cunniah
L'importance de cette convention peut être mise en évidence par les six points ci-dessous:
Pour pouvoir entrer en vigueur, la convention doit être ratifiée par vingt États membres des Nations Unies. Sept ans après son adoption par les Nations Unies, seulement les neuf États cités ci-après ont ratifié la convention ou y ont adhéré: Bosnie Herzégovine, Cap Vert, Colombie, Egypte, Maroc, Philippines, Seychelles, Sri Lanka et Ouganda. Le Chili et le Mexique ont signé la convention, ce qui est un premier pas vers la ratification.
Une campagne mondiale visant à faire entrer en vigueur cette convention est actuellement menée. Elle comporte des activités coordonnées aux niveaux national et international et destinées à faire prendre conscience de l'importance que revêt la convention internationale. Elle a principalement pour but de promouvoir la ratification de la convention par un grand nombre d'États ou d'inciter ceux-ci à y adhérer, en vue de l'incorporation des normes fixées par cette convention dans les
législations et pratiques nationales.
Patrick Taran
Section des migrations, COE
Tél.: (+41 22) 791 6320
Fax: (+41 22) 788 0067
Adresse électronique: pt@wcc-coe.org
Directeur assistant, CISL
Tél.: (+41 22) 738 4202
Fax: (+41 22) 738 1082
Adresse électronique: dan.cunniah@geneva.icftu.org
*Comité directeur: Human Rights Watch, Institut interaméricain des droits de l'homme, Commission internationale de juristes, Confédération internationale des syndicats libres, Organisation internationale du travail, International Migrants Rights Watch Committee, Bureau du Haut commissariat des Nations Unies pour les droits de l'homme, Migrants Forum in Asia, Internationale des services publics, Ligue internationale de femmes pour la paix et la liberté, Conseil oecuménique des églises.