Conseil oecuménique des Églises
Bureau de la communication
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LE SECRÉTAIRE GÉNÉRAL DU COE DEMANDE UN RÉEXAMEN
Des dissidents tchèques déplorent le manque de soutien | ||||
Au lieu de condamner clairement les violations des droits de la personne sous le régime communiste comme il l’avait fait à propos de l’apartheid en Afrique du Sud, le COE a essayé d’établir un consensus avec les Etats du bloc de l’Est, a déploré le pasteur protestant Alfred Kocab, l’un des signataires de la "Charte des 77". Le COE n’a pas donné de signe montrant qu’il comprenait la position des dissidents. Le pasteur Kocab a souhaité qu’à l’avenir, l’institution soit plus nuancée dans son jugement sur les questions controversées de ce genre et recherche le dialogue avec toutes les parties intéressées au conflit. Jan Dus, défenseur des droits civiques, a signalé que les pétitions et les informations relatives aux persécutions politiques infligées à des pasteurs étaient demeurées sans écho. Au contraire, on n’a accordé d’attention qu’aux communications officielles des autorités ecclésiastiques. En ce sens, le COE a failli à sa tâche aux yeux des défenseurs des droits civiques. Pour les pasteurs de paroisse déjà exposés aux pressions de l’Etat, l’attitude inflexible du COE a constitué un poids supplémentaire, a ajouté le pasteur Pavel Hlavac. Les points de vue des dissidents différaient fondamentalement de ceux du COE. Dans l’intervalle, le COE a compris cette leçon, a déclaré le pasteur Raiser. Il entend prendre au sérieux les questions et les critiques qui lui sont adressées, même s’il ne peut pas approuver certaines interprétations des événements historiques. Il s’agit en partie de divergences fondamentales dans l’évaluation et l’appréciation éthique de la situation, de la manière dont il aurait fallu réagir à certains défis. Le dialogue entrepris devrait être poursuivi et permettre à toutes les voix de se faire entendre.
Invitation au Forum 2000 Par ailleurs, le secrétaire général du COE s’est rendu au mémorial du village tchèque de Lidice, qui fut incendié et complètement détruit par les SS en représailles à un attentat perpétré contre le Reichsprotektor adjoint de Bohême-Moravie, Reinhard Heydrich. Lidice est aujourd’hui un symbole de réconciliation. En ce lieu, les êtres humains seront toujours à nouveau confrontés à la nécessité de résoudre les conflits dans le monde par des moyens pacifiques et non par la violence, a souligné le pasteur Raiser. A propos de la situation des Eglises en République tchèque, le secrétaire général du COE a souligné qu’elles sont clairement conscientes de se trouver en "situation marginale", dans leur pays devenu "champ de mission". Il s’est déclaré impressionné par les efforts acharnés qu’elles poursuivent pour découvrir de nouvelles manières d’être l’Eglise dans la société contemporaine, pour se présenter dans la vie publique et trouver une solution appropriée à la question des rapports entre l’Eglise et l’Etat. Dans cette perspective, le COE n’est pas en mesure de recommander simplement un modèle. Mais il essaiera de mettre les Eglises tchèques en contact avec d’autres Eglises placées dans des situations analogues, afin qu’elles puissent échanger des expériences. La République tchèque figure parmi les pays les plus fortement sécularisés de l’ancien bloc de l’Est. Plus de la moitié de la population est sans confession. Selon les chiffres officiels, 40% de la population appartient encore à l’Eglise catholique romaine. Les membres des Eglises non catholiques constituent à eux tous moins de 5 % de la population. En République tchèque, les ministres du culte continuent à être payés par l’Etat. La question de la restitution des biens ecclésiastiques nationalisés par les communistes n’est toujours pas résolue dix ans après le changement de régime. De l’avis du pasteur Raiser, la situation des relations oecuméniques en République tchèque est positive. Les principaux responsables des Eglises montrent une ouverture évidente au dialogue. Et il existe, à la base, un engagement oecuménique très fort. Il est encourageant de constater qu’en maints endroits, avec l’accord et l’appui des responsables ecclésiastiques, on entreprend des actions concrètes pour surmonter les divisions confessionnelles. Le secrétaire général a souligné que le COE entendait "soutenir et promouvoir ce processus dans la mesure de ses forces".
Le Conseil oecuménique des Eglises (COE) est une communauté de 337 Eglises. Elles sont réparties dans plus de 100 pays sur tous les continents et représentent pratiquement toutes les traditions chrétiennes. L'Eglise catholique romaine n'est pas membre mais elle collabore activement avec le COE. La plus haute instance dirigeante du COE est l'Assemblée, qui se réunit environ tous les 7 ans. Le COE a été formé officiellement en 1948 à Amsterdam, aux Pays-Bas. Le secrétaire général Konrad Raiser, de l'Eglise évangélique d'Allemagne, est à la tête du personnel de l'organisation.
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