Conseil oecuménique des Églises
Bureau de la communication
150, route de Ferney, B.P. 2100, 1211 Genève 2, Suisse |
||||||
Les Eglises et les réfugiés en Egypte |
||||||
M. Pires s'exprimait à l'occasion de la réunion annuelle du Groupe de travail sur les réfugiés, les personnes déplacées et les migrants du Conseil des Eglises du Moyen-Orient qui se tenait au Caire, mi-septembre. Les membres du Groupe de travail ont pu visiter certains projets des Eglises égyptiennes, qui reçoivent le soutien du Conseil oecuménique des Eglises (COE). Elizabeth Ferris de l'équipe « Relations internationales » du COE, qui a assisté à cette réunion, nous relate ce qu'elle a vu. A la All Saints' Church (anglicane), une trentaine de réfugiés soudanais, tous arrivés depuis peu, attendent patiemment les cartes d'identité qui leur donneront accès aux services mis à leur disposition par l'église, à savoir le dispensaire médical, dont le personnel est largement soudanais, les distributions de vêtements et de nourriture ainsi que les cours de formation professionnelle et les séances de soutien spirituel. Ces cartes d'identité sont aussi une petite protection pour ceux qui auraient des difficultés avec les autorités. La plupart de ces gens sont en effet sans papiers - victimes d'une guerre qui cause tant de souffrances depuis plus de quinze ans. La All Saints' Church est une petite église qui dessert une communauté de 75 familles étrangères environ, mais qui travaille à présent auprès de 4400 réfugiés inscrits. D'autres églises - St. Andrews, le Synode presbytérien du Nil, l'Eglise orthodoxe copte et l'église du Sacré-Coeur (catholique romaine) - viennent aussi en aide aux réfugiés. Toutes collaborent pour coordonner leurs services par l'intermédiaire d'un comité oecuménique. Pendant que St. Andrews assure l'instruction des petits enfants, le Sacré-Coeur s'occupe des niveaux primaire et secondaire, et d'autres églises de la formation des adultes. Avec une église allemande voisine, St. Andrews organise des cours de menuiserie, de travaux manuels, de couture et d'expression artistique à l'intention des réfugiés. Pour sa part, l'Eglise orthodoxe copte les aide sur le plan personnel et assure chaque mois des soins médicaux à dix réfugiés qui lui sont envoyés par l'Eglise presbytérienne. Ces dernières années, l'Egypte a accueilli entre deux et cinq millions de réfugiés soudanais, et il en arrive de nouveaux chaque semaine. Des Africains, venus d'une dizaine d'autres pays du continent, ont aussi cherché refuge en Egypte. Les Soudanais n'ont pas la vie facile dans ce pays. Ils n'ont pas le droit de travailler, ont très rarement le statut de réfugié, et vivent dans des conditions économiques très dures. « Parfois, les Soudanais arrivent ici et comptent vivre avec des parents installés au Caire. Mais les appartements sont petits et déjà surpeuplés. Les propriétaires se fâchent et il arrive que les Soudanais perdent leur logement », nous explique un agent de l'Eglise. « Le logement est un gros problème. » Mais le pire, c'est l'incertitude concernant la situation politique au Soudan et concernant le moment où ils pourront rentrer chez eux et reprendre une vie normale. Dans ces circonstances, les Eglises offrent un service que nul autre ne peut leur apporter. Pourtant, selon le père Cosimo : « Ce ne sont pas seulement les réfugiés qui ont besoin des Eglises. Nous aussi, nous avons besoin d'eux, nous avons besoin de leur témoignage. Si les Eglises s'ouvrent aux réfugiés, ce sera un enrichissement pour elles. Ils nous apportent leur expérience. » Le père Cosimo est le prêtre de l'église du Sacré-Coeur du Caire, une paroisse catholique qui a ouvert ses portes aux réfugiés du Soudan. L'église possède une école qui accueille 950 enfants. Tous les enseignants sont des réfugiés soudanais. Les dix salles de classe sont combles bien qu'il y ait deux « fournées » par jour. La demande est très forte et les enfants viennent de loin pour assister aux cours. « Nous voyons de plus en plus de jeunes illettrés, explique le père Cosimo, c'est l'une des conséquences de la guerre dans le sud. » Le principal, Joseph John, vit en Egypte depuis dix ans et il est fier des nombreuses activités que les réfugiés et l'église ont mises au point : cours d'informatique, programmes pour les femmes, chorales, groupes de jeunes, formation des adultes, cours d'arabe et d'anglais, et projets générateurs de revenus. « Nous nous occupons aussi de la réconciliation », dit-il. « En permettant à des Soudanais de différentes régions et de différentes tribus de travailler ensemble, nous essayons de contribuer à la paix dans le pays. » A l'école, chrétiens et musulmans étudient côte à côte. L'église du Sacré-Coeur est un lieu de rassemblement pour la communauté soudanaise. Six familles qui viennent d'arriver campent dans un coin. Elles n'ont nulle part où aller et l'église ne peut pas les laisser à la rue. En juillet dernier, l'église a été assiégée par un groupe de 800 Egyptiens, furieux à cause d'un accident de bus. L'émeute a plusieurs heures, la police n'ayant pas voulu ou pu maîtriser la foule qui lançait des pierres et qui a incendié une voiture et passé à tabac plusieurs Soudanais qui s'approchaient de l'église. Onze personnes se trouvant dans l'enceinte du bâtiment ont été blessées et hospitalisées. Les Soudanais ne sont pas légalement autorisés à travailler, mais naturellement ils le doivent pour survivre. Et c'est ainsi que les tensions se créent. Mais l'église continue d'être une force de guérison et d'espérance. Les services du dimanche matin font salle comble, les fidèles s'asseyant dans la rue devant le bâtiment. Comme le dit le père Cosimo : « Les réfugiés ont beaucoup à nous apprendre ».
Le Conseil oecuménique des Eglises (COE) est une communauté de 337 Eglises. Elles sont réparties dans plus de 100 pays sur tous les continents et représentent pratiquement toutes les traditions chrétiennes. L'Eglise catholique romaine n'est pas membre mais elle collabore activement avec le COE. La plus haute instance dirigeante du COE est l'Assemblée, qui se réunit environ tous les 7 ans. Le COE a été formé officiellement en 1948 à Amsterdam, aux Pays-Bas. Le secrétaire général Konrad Raiser, de l'Eglise évangélique d'Allemagne, est à la tête du personnel de l'organisation.
|