Huitième Assemblée Séance plénière sur la Décennie oecuménique des Eglises solidaires des femmes |
Phase 1 - La
mémoire (Cette phase sera présentée à travers une procession, un vidéo et l'expression suivante de gratitude de la part de Despina M. Prassas.)
La Décennie
oecuménique
Je vous salue au nom du Père, du Fils et du Saint Esprit. Amen.
Je voudrais exprimer ma gratitude envers le Seigneur notre Dieu pour l'occasion qui nous est
donnée d'être ici et de célébrer ensemble la clôture de la
Décennie oecuménique des Eglises
solidaires des femmes organisée par le Conseil oecuménique. Nous sommes
reconnaissants pour
les multiples façons par lesquelles nous avons eu la possibilité de
célébrer nos talents et nos
dons, ces dons qui ont été offerts à l'Eglise. Les efforts courageux et
l'engagement des femmes
qui ont pris part à la Décennie ont bénéficié à de
nombreuses personnes. Notre amour mutuel
constitue l'espérance qui maintient les Eglises en vie et qui leur permet d'accomplir la
mission de
Jésus Christ.
Des femmes du monde entier se sont retrouvées dans des cultes afin de fêter le
début de la
Décennie à travers toute l'Afrique, et des rassemblements nationaux et
régionaux ont eu lieu dans
plus d'une douzaine de pays; parmi les cérémonies de la Décennie en Asie, il
y a eu, au Pakistan
et aux Philippines, des services du matin de Pâques au lever du soleil, au Royaume-Uni de
nombreuses personnes se sont rassemblées pour un service à l'abbaye de
Westminster et des
femmes ont prêché à l'occasion du culte de Pâques dans des
églises méthodistes; au Costa Rica,
un groupe oecuménique de plus de 150 femmes s'est réuni pour lancer la
Décennie; des femmes
orthodoxes venues du monde entier se sont retrouvées en Crète pour fêter cet
événement, et à
travers tous les Etats-Unis des responsables chargés de programmes ou de conseils se sont
organisés pour coordonner entre eux les documents relatifs à la Décennie,
tandis que d'autres
Eglises adoptaient des résolutions particulières afin d'encourager leurs membres
à participer à la
Décennie. |
INDEX Cliquer sur:
La mémoire |
De nombreuses difficultés subsistent, mais l'un des signes d'espérance les plus importants consiste dans le fait que les Eglises ont réalisé que la plupart des questions relatives à la différence entre les sexes et à la communauté ne concernent plus seulement les femmes, mais touchent l'ensemble de l'Eglise. Les difficultés comme les sujets d'espérance font l'objet de documents qui figurent dans le texte intitulé Les femmes face aux défis du 21ème siècle. Ce texte constitue l'ordre du jour de réflexion et d'action; il a été discuté et élaboré au cours du Festival de la Décennie oecuménique: Envisager l'avenir après 1998, qui s est tenu ici, à Harare, au cours de la semaine dernière.
Plusieurs des sujets de préoccupation des femmes ont été abordés, mais nous avons encore beaucoup à faire. C'est pourquoi nous sommes ici pour nous "tourner vers Dieu dans la joie de l'espérance".
color=navy>On m'a aussi demandé de dire quelques mots sur le symbole du Festival de la Décennie qui est l'eau. Des femmes du monde entier ont apporté de l'eau au Festival de la Décennie, et cette eau est présentée ici aujourd'hui. Des femmes d'Eglises de chaque région du monde offrent cette eau comme un signe de solidarité et d'engagement les unes vis-à-vis des autres ainsi qu'en vue de la préservation de la vie.
L'eau est un composé tout à fait ordinaire dans la mesure où elle couvre
près des trois quarts de la
surface de la planète et, pourtant, en même temps, c'est quelque chose
d'extraordinaire dans la
mesure où elle est essentielle à la vie du monde. Quelques organismes
microscopiques ont la
possibilité d'exister sans air, mais aucun ne saurait se développer sans eau. L'eau a donné naissance à de grandes civilisations, et quelquefois elle a été responsable de leur perte. Il y a des centaines de millions d'années, l'eau a constitué l'un des instruments les plus puissants dans la formation, le modelage de la surface de la terre sous forme de glaciers, de rivières et d'océans. L'eau règle le climat, elle donne forme au sol dans lequel les récoltes et les forêts prennent racine et, sous la forme de vapeurs ou de puissances hydroélectriques, elle anime les mécanismes de la technologie moderne. L'eau est un élément indispensable de la plupart des processus industriels, depuis la cuisson du pain jusqu'à la production de microprocesseurs pour l'informatique. |
Les "larmes" portées par des femmes du monde entier sont versées lors du Festival de la Décennie. |
Et pourtant, l'eau constitue un paradoxe. Dans certaines régions, elle est extrêmement rare, dans d'autres très abondante. L'eau est un bien qui divise entre eux des peuples et des régions du monde. Et néanmoins, dans la mesure où elle est une ressource précieuse et rare, elle a conduit des pays à se rapprocher les uns des autres en vue du développement et de la gestion de sources d'approvisionnement en eau de part et d'autre des frontières. L'eau est connue pour sa capacité de destruction qui s'est manifestée à l'évidence dans les attaques de el Niño et, plus récemment encore, du cyclone Mitch, qui ont coûté la vie à des milliers de personnes. En même temps, ces désastres naturels redonnent vie aux écosystèmes et permettent de purifier les eaux douces et les eaux de la mer.
Et pourtant, il y a un genre d'eau qui ne subit pas ce caractère paradoxal, c'est l'eau vive offerte par Jésus à sainte Fotini, la femme qui se trouvait au bord du puits (Jean 4). Le Seigneur notre Sauveur, en regardant dans le coeur de sainte Fotini, a compris qu'elle avait besoin de guérison et il lui a offert la guérison véritable, l'expérience vraiment vivifiante, il lui a offert la vie éternelle. A travers l'eau du baptême, Jésus "nous lave de son eau à lui, il nous débarrasse de la souillure du péché qui a défiguré la beauté de l'image."
Par conséquent, l'eau n'est pas simplement symbole de notre solidarité les uns avec les autres mais, de façon plus importante encore, symbole du renouveau de notre amour pour notre Seigneur Jésus Christ et de notre foi en lui. "Car l'agneau qui est au milieu du trône les conduira et les mènera aux fontaines d'eau vive et Dieu essuiera toute larme de leurs yeux." (Apocalypse 7,17).
_______________________________
1 Saint Grégoire de Nysse, Sermon sur les
béatitudes.
Les femmes et la justice
économique
Je remercie Dieu pour cette opportunité de prendre la parole au nom de
mes
consoeurs de l'Afrique pour parler d'un sujet aussi brûlant et actuel qu'est la justice
économique.
Réalités
Malheureusement l'être humain, qui était supposé utiliser et protéger la
création pour son bien,
s'est transformé en bourreau pour son prochain en inventant des systèmes
économiques et des
traités commerciaux qui privilégient le marché, l'argent et le profit au
détriment de l'être humain
et de sa dignité.
La mondialisation et la globalisation de l'économie, l'instauration de l'économie de
marché, la
réduction des services sociaux, les déplacements des sociétés vers les
pays ou la main-d'oeuvre
coûte moins chère, montrent à suffisance la volonté libellée de
l'homme de privilégier un ordre
économique mondiale injuste où la politique économique prend le dessus sur
la politique
sociale.
Les femmes se trouvent être les plus affectées par les effets de cet
égoïsme humain. Il y a une
féminisation de la pauvreté dans l'ensemble des pays, bien que dans des contextes
différents et
des manifestations différentes.
Dans les pays de l'Europe et de l'Amérique, la majorité des femmes
employées se retrouvent dans
la catégorie des salaires moins élevés. Elles sont plus affectées par la
réduction des dépenses
sociales et la suppression d'emplois qui les amènent à perdre leur salaire, mais aussi
leur retraite.
Il y a ainsi un écart toujours croissant entre les riches et les pauvres, mais surtout entre les
hommes et les femmes.
Dans les pays en développement, les femmes subissent le double martyre de la crise
économique:
d'abord comme femmes pauvres, sans éducation, et ensuite comme épouse du mari
dont le
chômage et l'impaiement chronique l'obligent parfois à se déplacer sous
d'autres cieux à la
recherche d'un emploi toujours hypothétique. Les femmes sont obligées de porter
seules le poids
de la survie du foyer, souvent au détriment de leur santé.
Le programme d'ajustement structurel -- ce vaste complot international qui consiste à
demander
aux états de démissionner de leurs responsabilités sur le plan santé,
éducation, services publics et
augmenter les rentrées (l'impôt, les taxes sur les services), c'est-à-dire
exploiter d'avantage leurs
populations afin d'enrichir les riches et entretenir le chômage, la pauvreté et la
misère dans leurs
pays respectifs - oui, ce complot disais-je, a bel et bien atteint ses objectifs. Partout où il
est
appliqué, la population ne voit aucun signe de reprise économique comme le
prétendent les
instigateurs. Mais au contraire, des millions des personnes sont condamnées à la
pauvreté et à la
mort précoce, car l'argent qui devait servir à garantir les besoins fondamentaux est
détourne et
versé aux créanciers. Il s'agit tout simplement de transferts des richesses et
ressources des pays
pauvres vers les pays riches.
Cette situation triste affecte surtout les femmes mais aussi les enfants, ces sacrifiés sur
l'autel du
profit qui doivent travailler avant l'âge pour contribuer à la survie de leurs familles,
et cela au
risque de leur vie (tourisme sexuel, prostitution, viol, délinquance juvénile,
etc.).
Ce que les Eglises et les femmes ont pu faire face à la situation
Phase 2 - Le
présent
(Lala Biasimi, M. Deenabandu,
Mukami McCrum et le Métropolite Ambrosius
d'Oulu de Finlande présenteront cette phase.)
Rde. Lala Biasima
Document No. DE 2
Dans les Ecritures Saintes, nous observons la volonté divine de doter la création de
tout ce qui est
nécessaire au bonheur et à la survie de l'être humain, comme manifestation de
son amour et de sa
justice.
Pendant la décennie, des campagnes, des conférences, des séminaires de
formation sur
l'alphabétisation économique et sur les activités génératrices des
revenus ont abouti aux résultats
suivants:
Défis au-delà de la Décennie
La décennie a apporté beaucoup de nouvelles perceptions des choses jusque-la
ignorées des
femmes. Mais il y a beaucoup de défis qui demeurent encore.
Voilà autant de défis qui restent encore et qui nécessitent la solidarité
des églises avec les
femmes au-delà de cette décennie qui s'achève; cela pour notre
témoignage chrétien dans le
monde.
La violence à
l'encontre des
femmes
L'universalité du phénomène de la violence envers les
femmes et l'escalade
que connaît cette violence dans le monde sont peut-être les preuves les plus criantes
de la
décadence morale de notre génération. Réunis ici en tant que
communion mondiale d'Eglises
pour tirer les leçons de la Décennie, nous nous heurtons à cette
réalité devant laquelle nous
sommes apparemment impuissants.
Les équipes qui ont rendu visite aux Eglises membres dans le cadre de la Décennie -
les lettres
vivantes - ont constaté que, partout, des femmes étaient en butte à la violence.
Elles rapportent
que, par delà les barrières de la classe, de la race, de la caste, de l'âge, de
l'éducation, de la
culture, du lieu et de la dénomination, les femmes sont exposées à la violence
sous des formes
diverses - physique, économique, sociale, institutionnelle, psychologique et spirituelle. De
plus,
ceux et celles qui ont participé à la Fête de la Décennie la semaine
dernière ont entendu le
témoignage poignant de femmes qui ont subi la violence jusque dans la vie de l'Eglise.
Je viens d'Inde, pays révéré pour sa non-violence (ahimsa) et son sens moral
(dharma).
Paradoxalement, c'est une société qui tire sa force de l'influence omniprésente
de deux cultures
de l'exclusion, celles des castes et du patriarcat. En conséquence, ce n'est pas seulement la
violence physique mais aussi la violence structurelle, soigneusement mise en place et entretenue,
puis sanctifiée par la religion qui transforme en calvaire la vie des exclues. Je
représente ici les
victimes de ces cultures - les femmes et les dalits (les opprimés) qui constituent la partie la
plus
méprisée, pauvre et exploitée de la société indienne. Parmi eux,
la femme dalit est le "dalit des
dalits". Elle est en effet trois fois opprimée, parce qu'elle est pauvre, dalit et femme, ce qui
fait
d'elle la victime de la pire violence, celle qui résulte de l'interaction de la classe, de la caste
et du
sexe. Je tiens à ce que nous nous souvenions aujourd'hui des millions de soeurs dalits qui
sont
ainsi victimes de violences de toutes sortes, jour après jour. Les victimes sont tellement
imprégnées de la culture de l'oppresseur qu'elles acceptent la violence comme
inévitable, dans
l'indifférence générale. A tel point que l'Inde est toujours en tête pour
le nombre des cas de
femmes victimes de violences. Chaque année, un peu plus de
Durant nos visites, nous avons constaté que, dans l'ensemble, les Eglises semblent
considérer
cela comme un phénomène culturel et que non seulement elles ne réagissent
pas contre cet état
des choses, dans bien des cas, elles soutiennent activement et perpétuent diverses formes
de
violence à l'encontre des femmes par la langue qu'elles emploient, en leur refusant des
chances,
en les empêchant de participer, en prônant une conception
stéréotypée des rôles dévolus à chacun
des deux sexes, etc. Malheureusement, aux yeux de beaucoup de chrétiens d'aujourd'hui, le
maintien des traditions de l'Eglise institutionnelle semble être plus un impératif de
la foi que la
faim et la soif de justice et de paix. Pourtant, dans cette affligeante situation, nous avons
distingué des lueurs d'espoir. Nous avons senti une prise de conscience des femmes. Elles
s'organisent maintenant pour résister, lutter pour l'égalité, la justice et
l'égalité de traitement.
Elles rompent la culture du silence. Elles expliquent comment elles conçoivent un nouvel
ordre
social fondé sur les valeurs du compagnonnage, de l'égalité et de la justice.
Elles découvrent à
quel point la foi biblique peut être libératrice. L'Eglise souhaite-t-elle demeurer la
gardienne
d'une culture de la violence ou être le catalyseur d'une culture de la vie? Au moment
où la
Décennie approche de sa fin, quelques possibilités s'ouvrent dans la lutte contre la
violence
envers les femmes, l'un des principaux soucis de la Décennie:
1. Là où les relations humaines sont régies par des valeurs, des structures et
des cultures
oppressives, l'Eglise doit être amenée à offrir des solutions de rechange, sur le
plan tant des
formes que des fonctions. Lorsque plus de la moitié de la population mondiale est exclue
de la
vie ou la voit transformée en boulet ou est mal traitée, il faut cesser de
considérer qu'il s'agit d'un
problème de femmes et comprendre qu'il est impératif d'affirmer la vie et la
dignité de tous.
Autrement dit, il faut redécouvrir ce que signifie être l'Eglise. Celle-ci est
appelée à être une
communauté de croyants, non seulement soucieuse du spirituel mais aussi désireuse
d'être une
force de changement et de rendre tangible par ce qu'elle est et ce qu'elle fait la promesse du
règne
de Dieu à venir. L'Eglise n'a pas de tâche plus urgente que celle de vaincre la
violence dans ses
structures mêmes, dans ses relations, son langage et son interprétation de la
Bible.
2. Tout en affirmant la nécessité de contextualiser et d'inculturer le message
évangélique, nous
devons aussi faire valoir quelle force de changement est l'Evangile et montrer qu'il contrarie et
transforme tout ce qui est oppressif dans la culture. Celle-ci ne doit pas servir d'excuse à
l'inaction. L'Eglise doit cesser de protéger les cultures des oppresseurs et, par
obéissance au Dieu
de la libération, faire siens les cultures et les points de vue des opprimés. La culture
est une
réalité mouvante que l'on peut changer. Dans bien des endroits, nous avons
constaté que l'Eglise
était à la traîne, même de sociétés patriarcales rigides
comme celle de l'Inde, qui commencent à
faire preuve d'une plus grande sensibilité et à mener une action pratique pour rendre
justice aux
femmes. Sur ce terrain au moins, l'Eglise devrait peut-être suivre le monde.
3. Comme les dalits et d'innombrables groupes d'opprimés, les femmes aujourd'hui se
réveillent.
Les nombreux mouvements de la base et la solidarité qui est en train de naître de
leur expérience
commune des barrières à surmonter témoignent d'un nouvel esprit
oecuménique. L'Eglise doit
s'en rendre compte et jouer un rôle actif dans ces mouvements oecuméniques qui
luttent à la base
pour la justice, la liberté et la vie. Si elle ne le fait pas, c'est la chance de se faire
l'alliée des
forces de vie qu'elle laisse passer.
Deenabandhu Manchala
Document No. DE 3
15 000 femmes sont violées
On enregistre près de 125 000 affaires criminelles dont des femmes sont les victimes. En
outre, la
majorité des personnes qui meurent de maladies, d'épidémies, dans les
catastrophes naturelles,
les affrontements entre castes ou communautés et les conflits ethniques sont des femmes.
15 000 autres enlevées
7 000 épouses sont tuées parce que leur dot est insuffisante
30 000 sont torturées
30 000 autres brutalisées
15 000 sont victimes de harcèlement et environ 15 000 sont prises au piège de ce
que l'on appelle
un trafic immoral, euphémisme employé pour désigner la
prostitution.
"Le Racisme envers les
Femmes"
Moi qui vous parle aujourd hui, je suis quelqu'un dont la personnalité a
été
modelée par plusieurs identités : je suis une femme noire, mais aussi une
mère, une fille, une
soeur, une épouse et une chrétienne:
Femme noire, je suis chaque jour confrontée au racisme. Mère, je me heurte au
racisme qui
s'exerce envers mes enfants. En tant que soeur, je partage la détresse de mes soeurs
lorsqu'elles
me racontent leur vie; mais je suis aussi la fille de mes parents, et ce qui m'attache à eux
me relie
aussi à des générations de femmes noires d'Afrique, d'Asie, du Pacifique, des
Caraïbes,
d'Amérique latine et d'Australasie, à des générations de femmes
autochtones, de migrantes et de
réfugiées, passées et présentes, qui toutes ont douloureusement souffert
dans leurs combats
contre l'esclavage et le racisme colonial et impérial. Les sirènes des ambulances
remplissent mon
coeur d'effroi quand elles passent : mon mari, mon fils sont-ils parmi les blessés de cette
manifestation anti-raciste ? La chrétienne que je suis cherche auprès de l'Eglise la
réponse à ses
problèmes, et se demande pourquoi nous ne pouvons nous aimer les uns les autres comme
le
Christ nous en a donné l'ordre.
On espérait que la Décennie des Eglises solidaires des femmes irait droit au but en
s'attaquant
aux questions et aux préoccupations des femmes, mais quand je demande à des
femmes ce
qu'elles pensent de la Décennie, la plupart d'entre elles me répondent
généralement : "Quelle
Décennie ?" Et quand je pose la même question aux femmes de couleur, elles me
répondent aussi
: "Quelle Décennie ? Quelles femmes ?" Alors j'en arrive à croire que la "pierre du
racisme" n'a
pas encore été ôtée, même si on l'a roulée. Il me semble
que tant l'Eglise que le mouvement des
femmes ne se sont pas intéressés aux minorités raciales, pas plus qu'aux
femmes migrantes ou
aux femmes autochtones. Ce point de vue est d'ailleurs confirmé par le fait que le racisme,
l'oppression et l'exploitation que vivent ces femmes au quotidien leur sont infligés, dans la
plupart des pays du monde, tant par les femmes que par les hommes appartenant aux
catégories
dominantes de la société par leur couleur, leur culture, leur religion et leur classe
sociale.
Apparemment, les Eglises sont passées à côté de ce problème
majeur.
Dans l'Eglise, bien des hommes et des femmes sont horrifiés quand nous leur parlons du
racisme
que nous rencontrons au sein même de l'Eglise. Evidemment, il ne leur viendrait jamais
à l'idée
de lancer des briques dans les fenêtres, d'écrire des grafitti insultants, de cracher
à la figure d'une
femme ou de l'attaquer. Mais ils oublient que la forme de racisme la plus insidieuse, la plus
permanente, est la sorte "d'exclusion et d'invisibilité" dans laquelle ils enferment ces
femmes par
rapport aux divers aspects de la vie de l'Eglise. On dirait que, mises à part les Eglises
"dirigées"
par des noirs, le reste de la communauté paroissiale n'a pas compris que la solidarité
avec les
femmes doit nous inclure nous aussi. Une femme me disait : "C'est extrêmement
pénible quand
des soeurs blanches, que tu connais depuis des années, te disent : désolées,
nous avons oublié de
t'inviter' ou nous ne pensions pas que cela t'intéresserait'". Comment donc les besoins de
gens, si
visibles par leur couleur, peuvent-ils devenir si invisibles?
Je suis fière de pouvoir dire que l'offense faite
à une
SOEUR est devenue l'offense faite à toutes, et préoccupe chacune de nous. Toute
forme de
racisme est une obscénité et un péché, mais le temps me manque pour
parler de tous les combats
que mènent les femmes, je n'en mentionnerai donc que deux qui me semblent exemplaires
:
l. Les luttes des femmes Dalit en Inde, et les luttes des femmes autochtones dans le monde entier.
Les Dalit constituent le secteur le plus méprisé, le plus deshérité et
exploité de la société
indienne; et la femme Dalit est trois fois opprimée : parce qu'elle est Dalit, parce qu'elle est
femme et parce qu'elle est pauvre, ce qui fait d'elle la victime la plus malheureuse de la violence
causée par l'interconnexion des problèmes de classe, de caste, et de sexe.
Substituons le mot
"femme noire" au mot "Dalit", et nous avons le même message. Le système des
castes est une
forme de racisme qu'il faut combattre au niveau institutionnel autant qu'au niveau
idéologique.
2. Le lien entre le racisme et la traite des femmes est clair. La majorité des femmes
pauvres
vivent dans des pays en développement dont la plus grande partie de la population est
noire. Il
existe un lien historique entre le racisme et l'exploitation. Aujourd'hui, les forces du
mondialisme, de la politique, les forces économiques et sociales continuent à
exploiter ces pays,
et les femmes sont tout juste considérées comme des marchandises bonnes à
vendre et à acheter
sur les marchés. Le racisme contribue à développer la pauvreté, qui
à son tour rend les femmes et
les enfants démunis et donc vulnérables; ils deviennent alors la proie de criminels
qui les
réduisent en esclavage et en font commerce dans des pays ou la xénophobie,
alliée avec des lois
hostiles et racistes sur l'immigration, les enferment plus encore dans des existences de violence et
de prostitution. Le racisme et la traite des femmes sont de très graves violations des droits
des
personnes.
Pour le mouvement des femmes, à l'heure où nous espérons qu'avec le
nouveau millénaire
beaucoup de changements vont se faire sentir, une chose demeure : le racisme et sa
capacité à
franchir, tel un ouragan, les frontières nationales et géographiques, et à
entraîner des dégats
considérables en brisant et en fragmentant toute forme de solidarité parmi les
femmes. Pour
s'assurer que les capacités et les dons de toutes les femmes vont pouvoir continuer de se
développer, un certain nombre de choses doivent intervenir. La Décennie a
aidé à ouvrir les yeux
de beaucoup, et nous ne pouvons pas revenir en arrière, dans cet espace sombre et froid
où
demeuraient des femmes privées de parole. Nous avons nommé et stigmatisé
toutes les formes
d'oppression qui s'exercent contre les femmes. Mais nous devons nous serrer les coudes
solidement et continuer à dénoncer les problèmes et les combats qui naissent
des liens entre d'une
part l'extrême dénuement et la pauvreté, et d'autre part les facteurs politiques,
religieux,
juridiques et culturels qui légitiment le racisme.
Pour ma fille et les jeunes femmes de partout, s'asseoir sous les arbres que vos mères,
tantes et
grand'mères ont planté, c'est bien nourrir ces arbres; être vigilantes, dormir
à tour de rôle; bien
surveiller les arbres, sans jamais oublier qu'il existe toujours des forces à l'extérieur
qui
voudraient couper ces arbres et les arracher par les racines. Et quand vous soignez les arbres,
n'oubliez pas d'en éparpiller les graines pour que poussent encore d'autres arbres pour vos
enfants
!
Pour les Eglises et le COE : j'aimerais réaffirmer les défis dont la liste se trouve
dans les
Lettres vivantes. Mais en outre, je demande aux Eglises et en particulier à nos
soeurs
blanches de :
Mukami McCrum
Document No. DE 4
Malgré tout, dire que la
Décennie n'a rien changé serait nier les efforts et les résultats, si minimes
soient-ils, de milliers
de femmes qui ont travaillé dur pour mettre en lumière nos questions et nos
préoccupations,
même quand elles-mêmes étaient trop souffrantes ou trop fatiguées. Il
est vital aussi que nous
applaudissions aux efforts qu'a faits l'Eglise, et que nous reconnaissions aux uns et aux autres ce
qui leur est dû. Ce disant, je pense en particulier aux succès que rencontrent des
programmes
comme "Femmes victimes du racisme" et "SISTERS".
Le réseau "SISTERS" est un réseau de femmes qui touche maintenant le monde
entier. Il
rassemble des femmes d'Afrique, d'Asie, des Caraïbes, des Amériques, d'Europe et
du Pacifique,
et nous pouvons vraiment dire que le monde entier est notre voisinage. Bien des femmes
aujourd'hui reconnaissent les similarités des différentes formes d'oppression qu'elles
subissent, et
le besoin de s'épauler mutuellement pour s'opposer ensemble au racisme.
C'est là ce que l'Eglise doit faire, en se souvenant du fait que le racisme ne tient pas
compte des
frontières d'Eglises, d'Etats ou de nations. Il est donc impératif que l'action contre le
racisme, elle
non plus, ne tienne pas compte de ces frontières. Je demande à l'Eglise de soutenir
et de lutter
avec les associations de femmes qui sont aux avants-postes de la bataille contre toutes les formes
de racisme. Cela veut dire que l'Eglise devra lutter, au coude à coude avec les femmes
noires,
migrantes, réfugiées et autochtones, contre les forces d'oppression et la machinerie
étatique
surpuissante qui sont souvent mobilisées contre elles. Nous devons insister pour que
s'applique la
Convention des Droits de l'Homme et la reconnaissance du fait que le racisme est une forme de
violence.
Le travail ne fait que commencer. Que le nouveau millénaire soit exempt de racisme, c'est
ce
pour quoi je prie, c'est ce que j'attends. Que Dieu nous soit en aide.
La participation des femmes à la
vie de
l'Eglise
"Par ta croix, tu as vaincu la mort ...
La plainte des porteuses de myrrhe, tu l'as changée en joie".
(Hymne orthodoxe de la Résurrection)
Du point de vue des Eglises, la Décennie oecuménique des Eglises solidaires des
femmes a
revêtu une grande importance au sein du COE et de ses Eglises membres. Elle nous a
aidés à
jeter un regard plus critique sur certaines des limites que connaissent aujourd'hui les processus de
décision et les structures de pouvoir de nos Eglises, et sur leur manque d'ouverture et de
transparence. En bien des endroits, les femmes demeurent invisibles et on les ignore, alors que la
communauté ecclésiale devrait toujours être communauté d'hommes et
de femmes. Les
préoccupations des femmes sont des éléments vitaux de ce qui fait la force et
la santé de
l'ensemble de l'Eglise. Pour l'avenir de nos Eglises, nous rêvons d'une communauté
à l'écoute des
espoirs, des rêves et même des frustrations de ses membres et nous cherchons
à la réaliser. Elle
devrait être source de libératiohn aussi bien pour les hommes que pour les femmes,
car ils sont,
les uns et les autres, des personnes créées à l'image de Dieu et appelées
à partager sa gloire en
édifiant l'Eglise en tant que communauté.
Nous sommes reconnaissants de l'occasion qui nous a été donnée de
participer à diverses
activités de la Décennie et aux visites d'équipes qui ont eu lieu à
mi-parcours. Elles nous ont
ouvert les yeux sur l'importance de cette Décennie de manière approfoondie et
constructive.
Certaines Eglises, parmi les plus traditionnelles, ont eu au début quelques
hésitations et
manifesté certaines réserves. Mais peu à peu, nous avons découvert
que la Décennie n'était pas
un mouvement féministe - peut-être aurions-nous besoin de cela aussi - mais
quelque chose qui
concerne l'ensemble de l'Eglise, la compréhension qu'elle a d'elle-même et sa nature
ecclésiale.
La Décennie n'a pas cherché à interpeller de manière négative
les traditions des Eglises qui
n'ordonnent pas les femmes. Nous ne nous sommes donc pas sentis menacés par
son
travail, mais nous y a vons trouvé une manière positive d'agir dans nos Eglises.
L'Evangile doit et peut assumer une fonction critique à l'égard de la culture. Au
cours des visites
d'équipe et dans le temps qui a suivi, de nombreux hommes - et je suis du nombre - ont
été
choqués en prenant conscience pour la première fois de l'ampleur de la violence et
de l'injustice
économique qui s'exercent, dans les Eglises et partout dans le monde, à l'encontre
des femmes,
qu'elles soient dues ou non à des facteurs culturels. Apparemment, aucune région
n'est exempte
de programmes occultes visant à exclure et à marginaliser les femmes de diverses
manières.
Les théologies contextuelles sont souvent nécessaires pour corriger les clichés
qui sont les nôtres
au sujet de la participation, de la solidarité, de l'amour et de la confiance mutuelle entre
femmes
et hommes, par exemple dans les domaines des prises de décision, de la formation
théologique et
des fonctions ministérielles des laïcs dans toutes les Eglises. Le défi
lancé par le Décennie doit
demeurer. Guidés par l'Esprit, nous deviendrons alors, dans chacune de nos Eglises, des
femmes
et des hommes qui sont des "lettres du Christ..., écrites non avec de l'encre, mais avec
l'Esprit du
Dieu vivant, non sur des tables de pierre, mais sur des tables de chair, sur vos coeurs" (2
Corinthiens 3,3).
Phase 3 - Les espoirs
"La foi est une manière de posséder déjà ce qu'on
espère,
un moyen de connaître des réalités qu'on ne voit pas." Hébreux
11,1
Dans notre histoire de peuple de la foi il y eut un jour, ce premier matin de Pâques,
où les femmes découvrirent que Jésus était ressuscité des morts.
Mais les apôtres qui étaient des hommes ne reçurent pas leur
témoignage. Ils le considérèrent comme des histoires sans fondement. Le
témoignage qu'elles avaient rendu à la bonne nouvelle ne fut pas
cru.
Les visites des équipes des "lettres vivantes" ont souligné que, en
réalité, les femmes sont les piliers de l'Eglise dans toutes les régions du
monde. Elles sont comme la moelle du corps du Christ. Exactement comme ce fut le cas en ce
premier matin de Pâques, la fidélité et le témoignage des femmes
continuent à soutenir et à nourrir l'Eglise. Nous avons appris de manière
irréfutable que les femmes aiment l'Eglise comme elles l'ont toujours fait. A notre
époque, ainsi que les "lettres vivantes" l'ont découvert visite après visite, les
femmes plus que jamais reconnaissent les dons qu'elles ont reçus de Dieu. Elles y voient
un apport précieux pour la vie de toute l'Eglise et du monde entier. Et les femmes
appellent très nettement l'Eglise, le corps du Christ, à incarner le ministère du
Christ, le ministère de justice, là où il y a de l'injustice et à suivre
l'exemple du Christ en ce qui concerne l'absence d'exclusion partout où des gens sont
exclus, que ce soit dans l'Eglise ou dans la société. L'appel à être des
agents de changement a débuté avec l'enseignement de Jésus qui repoussait
plusieurs des attitudes traditionnelles concernant les femmes, et avec les enseignements qui
indiquaient des voies permettant aux femmes et aux hommes de vivre en partenaires
égaux, que ce soit à la maison, dans la communauté de foi et dans la
société. Les femmes, et aussi Dieu merci beaucoup d'hommes, ne se sont pas
contentés de rester de côté sans rien faire. Nous avons appris la dimension
mondiale et oecuménique de l'engagement et de l'énergie nécessaire pour
vaincre, quels que soient les obstacles qui divisent les personnes dans nos Eglises et qui bloquent
notre capacité de vivre en solidarité avec tous les humains dans le monde.
En visitant presque toutes les Eglises membres, les équipes ont fait la démonstration
de la façon dont solidarité et sensibilité culturelle peuvent aller de pair. Des
visites ont encouragé des Eglises de tous contextes et de toutes traditions à prendre
la parole. Elles ont permis à des femmes et à des hommes dans chacune des Eglises
de discerner ce que signifie la solidarité avec les femmes, d'une manière
appropriée à leur cadre. En fait, ces visites offrent un modèle de la
manière dont le COE pourrait aborder d'autres thèmes d'importance
oecuménique.
Les équipes des visiteurs ont découvert qu'il y avait des signes vivants
d'espérance. Ces signes nous permettent de compter que les résultats obtenus par la
Décennie auront eu une signification durable, source de changements pour les Eglises et
pour le COE. Des modifications positives se sont produites. En bien des endroits, des
responsables ecclésiastiques repensent leurs priorités. Ils présentent à
l'Eglise le statut des femmes dans l'Eglise et l'appel à participer à la mission de
Dieu et à tirer les enseignements de la vision du prophète Amos pour réparer
les brèches et pour relever les ruines qui ont bien trop souvent marqué la vie des
femmes. Nous avons reçu le témoignage puissant de la part d'hommes qui, selon
leurs propres mots, ont été "convertis". La solidarité a fleuri parmi les
femmes. Elle a relié des femmes les unes aux autres au-delà des barrières de
race, de classe, de nationalité, de confession, de perspective théologique et de
vocation dans l'Eglise. Des femmes se sont levées pour se soutenir mutuellement dans des
situations de guerre et de violence. La Décennie et la visite d'équipes ont
été bonnes pour les Eglises et pour leurs membres, particulièrement mais pas
uniquement pour les femmes. La Décennie a été un don de Dieu aux Eglises
et au mouvement oecuménique.
Malheureusement, il y a aussi eu des signes très précis de désespoir. On est
triste et furieux quand on réalise que la seule expérience que les femmes ont en
commun, quel que soit leur statut dans l'Eglise ou dans la société, est celle de la
violence au foyer, dans la société et même dans l'Eglise. La "culture du
silence" à propos de la violence a été si assourdissante que par moments cela
ressemblait à une conspiration. Le corps du Christ existe afin de transformer le monde et
non pour être transformé par lui. Et pourtant, nous avons fait la découverte
d'une tendance, répandue dans le monde entier, qui consiste à utiliser la "culture"
comme rempart contre la mise en cause des attitudes et des pratiques traditionnelles
vis-à-vis des femmes. Des réalisations notables ont eu lieu dans de nombreuses
Eglises. Mais la
Décennie, pour une large part, a été une Décennie de femmes solidaires
de femmes dans le monde entier. D'une façon générale, les Eglises n'ont pas
permis que les objectifs et le déroulement de la Décennie apportent à
l'ensemble de l'Eglise des visions nouvelles de fidélité envers l'Evangile. Partout
on a constaté un fossé énorme entre les paroles et les actes. Ces signes nous
rappellent qu'il nous faut confesser que les objectifs de la Décennie échappent
encore aux Eglises. Il est clair que l'ordre du jour de la Décennie n'est pas
achevé.
Et pourtant, au milieu de ces réalités, on a vu des femmes, et des hommes qui les
soutenaient, déployer un courage et un engagement formidables envers les Eglises et
envers la parole de guérison et de réconciliation de l'Evangile. On s'en est pris
ouvertement à des modèles de discrimination et d'oppression. Le courage et
l'engagement ne vont pas disparaître.
En lançant la Décennie, beaucoup d'entre nous craignaient que, en se concentrant
ainsi sur une période particulière, on ne risque de se retrouver un jour au moment
où les Eglises et le COE arriveraient à la fin de la Décennie avec un soupir de
soulagement et le désir de remettre sur la touche la vision, l'énergie et les ressources
nécessaires à soutenir l'Eglise dans sa recherche d'une situation plus saine et plus
complète. Et pourtant nous savions que le moment était venu d'intensifier
l'intérêt porté à cette entreprise oecuménique de longue date.
Nous sommes arrivés à la fin de la Décennie mais, et cela est encore plus
important, nous sommes parvenus à un point culminant en un temps de kairos. Nous
ferions bien de nous souvenir que les femmes qui sont venues à la tombe le premier jour
de Pâques ont découvert que le fait que la pierre avait été roulée
ne marquait pas la fin de leur tâche, mais que cela les invitait, elles et les autres disciples,
à se lancer dans un pèlerinage de vie et de témoignage au Christ
ressuscité qui nous rachète et nous libère de tout ce qui nous empêche
d'accomplir l'image de Dieu en nous, homme et femme. La Décennie a été
à bien des égards plus que ce que nous en attendions, mais beaucoup moins que ce
dont nous avions rêvé, ce que nous avions espéré et ce pourquoi nous
avions prié.
La foi est une manière de posséder déjà ce qu'on espère, un
moyen de connaître des réalités qu'on ne voit pas. Nous approchons du point
culminant de la Décennie et du passage au 21ème siècle avec un appel
renouvelé aux Eglises de construire en s'appuyant à la fois sur ce que la
Décennie a réussi et sur le travail qui n'a pas été achevé. Nous le
faisons en ayant confiance que le Dieu vers lequel nous nous tournons est fidèle aux
promesses qu'il a faites. Nous nous joignons à une nuée de témoins, ceux de
cette génération et ceux des générations passées, en comptant
sur le fait que Dieu continuera à oeuvrer avec les Eglises et avec les gens de foi en
transformant la vie des individus, en transformant nos Eglises, nos cultures et notre monde.
Le Festival de la Décennie présente à cette Assemblée et aux Eglises
que nous représentons le communiqué intitulé "Les femmes face aux
défis du 21ème siècle". Ce texte contient des interpellations
particulières qui réclament des actes. La recherche de la justice économique
reste d'actualité notamment dans la mesure où ce sont les femmes et les enfants qui
sont les plus directement affectés par les tendances de la mondialisation. Nous n'avons pas
encore donné de réponse fidèle à l'impératif éthique et
théologique qui demande à l'Eglise de s'occuper de la pleine participation de tous et
de faciliter cette participation. Nous nous sommes engagés sur le chemin qui mène
au moment où les femmes auront la possibilité de partager la plénitude de
leurs dons et où l'Eglise sera en mesure d'être enrichie par ces dons. Mais la plus
grande partie de ce chemin reste à faire. Les femmes ont trouvé des moyens pour
croître dans la solidarité avec des personnes qui se trouvent au-delà des
barrières établies par leur racisme et les tensions ethniques. Le mouvement
oecuménique et les Eglises sont appelés à continuer à soutenir le fait
que cette responsabilité soit confiée à des femmes. Les femmes savent que la
violence contre les femmes, quelle qu'en soit la forme, est un péché, et elles
appellent les Eglises à avoir le courage de le dire. Exactement comme les Eglises ont
dénoncé, au niveau oecuménique, d'autres péchés sociaux
comme étant contraires à l'essence même de l'Eglise corps du Christ.
Considérons une fois encore le symbole de l'eau. Redisons les paroles prophétiques
d'Amos: "Que le droit jaillisse comme les eaux et la justice comme un torrent intarissable." Aux
femmes et aux hommes qui ont travaillé dur dans le jardin de la Décennie, nous
disons "Prenez courage". Il arrive souvent que la semence de la parole de Dieu tombe dans des
endroits non reconnus et non prévus. Une croissance nouvelle jaillit souvent des lieux
où les semeurs ont labouré le sol pierreux et planté les graines. Souvent ce
sont ceux qui passent ensuite par le jardin qui vont découvrir cette transformation. La
moisson est grande et il faut davantage d'ouvriers. Notre espérance est en ce qui doit
encore venir alors que nos Eglises et nos sociétés sont nourries par les eaux du droit
et par les torrents de la justice.
Conclusion
Le prophète Habakkuk nous dit que Dieu a répondu à ses appels en faveur de
la justice en ces mots :
Métropolite Ambrosius d'Oulu, Finlande
Document No. DE 5
(Cette phase - la présentation des recommandations
des femmes et des hommes qui ont participés au Festival de la Décennie,
aux Eglises - sera animée par Bertrice Wood.)
Lettre à la Huitième Assemblée du COE de la part des femmes
et des hommes du Festival de la Décennie:
DE LA SOLIDARITE A LA RESPONSABILITE
La Décennie
oecuménique - Le voyage continue
Bertrice Y. Wood
Document No. DE 7
La bonne nouvelle pour la vie de l'Eglise à travers
toutes les générations est
que ce refus n'a pas été le dernier mot prononcé sur l'accomplissement de la
promesse de Dieu par la résurrection. Certes les témoignages oculaires, les rapports
sincères faits par de nombreux croyants, en particulier par des femmes, sur les hauts faits
de Dieu dans l'histoire ont souvent été mis de côté et
considérés comme des contes à dormir debout. Mais malgré cela, l'une
des affirmations importantes qui nous ont été rappelées par la Décennie
des Eglises solidaires des femmes, c'est que les femmes ne se sont pas contentées de rester
de côté à ne rien faire.
Le moment est venu de déclarer que la
Décennie est achevée en tant que projet. Je suis l'une des millions de femmes et
d'hommes pour qui dans le monde entier la Décennie a été une source
rafraîchissante, l'une des millions de personnes qui ont été choquées et
en même temps enhardies par les signes de désespoir et aussi encouragées par
les signes d'espérance que l'on a découverts au cours de cette Décennie, et en
notre nom à tous je tiens à annoncer que nous avons atteint le point culminant de la
Décennie. Nous voulons rendre grâce à Dieu pour ce don que son amour et
sa grâce font à l'Eglise. Nous voulons rendre grâce à Dieu pour tous
ceux, toutes celles qui savaient que Dieu nous invitait tous et toutes en tant que mouvement
oecuménique, en tant qu'Eglise, en tant qu'individu, à partager les eaux qui
guérissent.
Je voudrais aussi nous rappeler à tous que la
Décennie a fourni au Conseil
oecuménique des Eglises et à ses Eglises membres l'occasion de reconnaître
que la solidarité avec les femmes, solidarité qui exprime en paroles et en actes, dans
l'Eglise et dans la société, constitue une partie essentielle de la vocation du COE. Il
fait partie de l'être même de l'Eglise et du COE en tant qu'expression de la vie
ecclésiastique d'incarner les objectifs de la Décennie. A cet égard, la
Décennie nous a permis de faire un pas considérable en avant, en direction de
l'intégration et, pendant un certain temps, de vivre comme dans une oasis. Elle nous a
également révélé clairement la longueur du chemin que nous avons
encore à parcourir. Nous avons reçu des offrandes par écrit des femmes du
monde entier. Cela figure dans la déclaration sur les défis du 21e siècle au
moment où nous allons entrer dans un nouveau siècle."Ecris une vision, donnes-en l'explication sur les tables afin
qu'on puisse la lire même en courant." Des femmes et des hommes ancrés dans la
foi que nous avons dans les promesses de Dieu ont mis par écrit notre vision concernant
l'accomplissement de ces promesses de façon claire et vivante. Cette vision est
suffisamment claire pour que même quelqu'un qui passerait devant à toute vitesse
soit capable de la lire, pour peu que chacun d'entre nous accepte de porter ses regards en
direction des femmes dans nos Eglises et dans nos sociétés et en direction du Dieu
vivant.
La Décennie en tant que projet est terminée et maintenant nous regardons devant
nous et nous travaillons comme partenaires de Dieu au cours de ce voyage qui nous
mènera vers le jour où toutes les visions de justice et de réconciliation seront
accomplies. Ce jour-là "la terre sera remplie de la connaissance de la gloire du Seigneur
comme les eaux couvrent la mer".