Numéro 2: Décembre 2003 Chères amies, chers amis, De Genève, paix et salutations ! En ce temps béni de l’Avent, alors que nous nous préparons à entrer dans la célébration et à rendre grâce à Dieu « pour son don ineffable » (2 Co 9,15), nous sommes reconnaissants et heureux de vous envoyer la Lettre œcuménique sur l’évangélisation. Vous y trouverez un « Appel au témoignage commun en Europe orientale » des participants à l’« Ecole pour la mission : prêcher l’Evangile en Europe orientale » qui a eu lieu à Varsovie, Pologne, du 9 au 16 octobre au Centre européen de communication et de culture ; la manifestation était organisée par le Conseil œcuménique des Eglises (COE), conjointement avec la Conférence des Eglises européennes (KEK). Nous sommes également heureux de communiquer à nos lecteurs des informations sur le projet « The Well » (Le puits), centre asiatique d’informations et de conseils géré par l’Eglise d’Ecosse, qui s’efforce d’entrer en contact avec les communautés asiatiques de Glasgow et de leur offrir des informations, des conseils et une atmosphère de sécurité et d’amitié. Voilà un merveilleux exemple de ce que nous entendons par évangélisation holistique ! En outre, nous reproduisons un article publié dans « Insights », le journal des professeurs du Séminaire presbytérien de théologie d’Austin, que j’ai écrit en automne 2003 pour répondre à ce que je perçois comme les plus grand défis pour l’évangélisation dans le monde d’aujourd’hui. Que l’enfant Jésus, source de notre inspiration dans l’évangélisation, continue à nous bénir, tout particulièrement en cette période de l’Avent et tout au long de l’année qui vient. Bien à vous, dans l’esprit de
l’évangélisation Pasteur Carlos Emilio Ham |
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Numéro 2 - Décembre 2003 Appel au témoignage
commun en Europe orientale Aux chrétiens et aux Eglises d’Europe orientale |
Participants à une session de huit jours de l’« Ecole pour la mission : prêcher l’Evangile en Europe orientale », organisée par le Conseil œcuménique des Eglises et la Conférence des Eglises européennes |
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Nous, vingt-cinq hommes et femmes appartenant aux traditions orientale ancienne, anglicane, baptiste, évangélique, luthérienne, orthodoxe, réformée et catholique romaine d’Europe orientale, venons de participer à une session de huit jours de l’« Ecole pour la mission : prêcher l’Evangile en Europe orientale », organisée par le Conseil œcuménique des Eglises et la Conférence des Eglises européennes. Nous avons vécu un temps d’encouragement, de communion fraternelle et d’apprentissage durant lequel nous nous sommes efforcés de mieux comprendre comment exprimer la nature missionnaire de l’Eglise par un témoignage commun dans nos pays d’origine. Cette occasion de nous rencontrer et d’apprendre ensemble, dans le partage et l’écoute, nous a permis de parvenir à une compréhension mutuelle approfondie et de mieux connaître le contexte dans lequel nous accomplissons notre mission. En considérant la situation de la société, de la politique et de l’économie de l’Europe orientale, nous avons à nouveau pris conscience du fait que nos pays se trouvent dans une phase de transition qui offre aux Eglises des occasions nouvelles de service. La nouvelle liberté qu’elles connaissent depuis la fin de l’ère communiste a affaibli la force d’union qu’elles trouvaient dans leur confrontation commune avec une idéologie athée. Nous appelons nos Eglises à soutenir les peuples de l’Europe orientale dans leur recherche de la réconciliation et de la démocratie. Notre groupe a reconnu qu’il fallait éviter la concurrence et rechercher les moyens d’encourager une coopération plus étroite entre nos Eglises, particulièrement dans le domaine de la mission et du témoignage commun. Ainsi, nous devons nous efforcer de mieux nous comprendre, même si la diversité de nos traditions peut causer des tensions entre nous, et chercher à travailler ensemble avec bonne volonté, partout où cela est possible. Nous le ferons en nous mettant au service de notre prochain avec amour, à cause de l’amour que nous avons pour le même Christ ; ou ce sera au travers du pèlerinage commun de notre vie au cours duquel nous sommes constamment à la recherche de la vérité, ou encore nous pouvons simplement chercher à donner l’exemple d’une vie sainte, vécue côte à côte au cœur du monde. Au cours de nos réunions, nous avons passé par des moments de tension en prenant conscience des situations difficiles, mais uniques auxquelles nos différentes traditions religieuses sont confrontées dans chacun de nos pays. Mais nous avons aussi compris que tous, nous avons en commun de nombreux problèmes, ainsi que des possibilités, dans ces pays post-communistes. En tant que membres de nos Eglises, nous voulons nous souvenir que nous devons accomplir le Grand commandement de notre Seigneur Jésus Christ : « Allez : de toutes les nations faites des disciples, les baptisant au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit » (Mt 28,19). Cet impératif s’adresse à tous les chrétiens, à toutes les Eglises. Nous avons compris que cet appel nous intègre à la mission de Dieu qui est de proclamer, de présenter la bonne nouvelle du salut que Jésus Christ offre, et d’en témoigner, au travers de l’Eglise, auprès de tous, y compris les non-chrétiens et les croyants de pure forme. Le but de cette mission est de transformer l’humanité de l’intérieur (metanoia) et de la renouveler. Cependant, cette mission holistique, qui consiste à proclamer (kerygma), à communiquer la bonne nouvelle par la célébration (leitourgia), le témoignage de notre foi (martyria) et le service (diakonia), doit toujours s’accomplir dans un esprit de sainteté. Dans ce contexte, nous soulignons qu’il importe de reconnaître la liberté religieuse de l’autre. Dieu est à l’œuvre au travers de son Eglise et en elle, réconciliant le monde par son Saint Esprit. Les communautés qui souffrent ont besoin de guérison et de réconciliation pour devenir signes de son Royaume. L’athéisme des anciens régimes communistes appartient au passé, mais un nouvel agnosticisme, celui du monde néo-libéral et sécularisé, a laissé peu de temps à nos Eglises pour se remettre ; nous devons donc unir nos efforts . Ce n’est pas facile, surtout si nous tenons compte des différences ecclésiologiques qui existent dans la conception que nos Eglises ont d’elles-mêmes. Mais nous avons déjà fait l’expérience du témoignage commun. Nous devons réagir à cette situation en offrant la bonne nouvelle de l’amour de Dieu en toute authenticité et sincérité. L’un de nos problèmes consiste en la manière dont notre témoignage divisé porte atteinte à la crédibilité des Eglises, sème la confusion parmi les habitants de nos pays et transmet un message diamétralement opposé à celui que nous souhaitons communiquer. Reconnaissant que la liberté religieuse est un droit de la personne, nous prenons conscience du fait que l’un des grands défis auxquels ce témoignage commun est confronté est le problème du prosélytisme, qui est un contre-témoignage et ne respecte pas l’autre, mais au contraire provoque des tensions et des divisions. Nous pensons que nous devons trouver un équilibre entre le Grand commandement (Mt 28,19) et la Règle d’or (Mt 7,12). Notre zèle ardent nous envoie proclamer l’Evangile ; nous allons, dans l’humilité et l’amour, et traitons chaque personne, ainsi que les Eglises locales de la région, avec respect et compréhension. Nous ne devrions jamais chercher à encourager des chrétiens membres d’une Eglise donnée à changer d’appartenance par des moyens contraires à l’esprit de l’amour chrétien, qui violent la liberté de la personne humaine et amoindrissent la confiance que l’on peut mettre dans le témoignage chrétien de l’Eglise. Toutes les fois que nous nous trouvons confrontés à la douloureuse réalité de la division, nous devrions entrer en dialogue pour trouver les moyens de coopérer dans l’amour chrétien. Il n’est pas toujours facile, pour des chrétiens appartenant à des traditions différentes, de coopérer. Mais il nous paraît encore bien pire de ne PAS travailler ensemble. Puissions-nous tendre, dans l’humilité, la patience et la bonne volonté, à nous écouter et à nous comprendre les uns les autres, et à aimer et respecter l’autre, afin de rendre témoignage, autant que nous le pouvons, à la gloire de Dieu, le Père, le Fils et le Saint Esprit. C’est en son nom que nous prions avec vous : Père céleste, Les participants à l’«
Ecole de la mission : Prêcher l’Evangile en Europe orientale
» Glasgow : projet « The Well » (Le puits) The Well est un centre asiatique de conseils géré par le consistoire de Glasgow de l’Eglise d’Ecosse. Ce centre est situé au cœur des communautés asiatiques qui vivent à Govanhill, au sud de Glasgow. Il a été inauguré en mars 1994, après qu’une enquête sur les besoins des familles asiatiques de la région eut révélé l’existence d’une lacune en matière de services de conseils au niveau local. Plus de 4000 personnes viennent chaque année au Puits pour demander des informations sur les allocations sociales, le logement, l’immigration, ou chercher des solutions à des problèmes personnels ; nombre d’entre elles passent simplement pour faire un brin de conversation. Le centre a élargi son champ d’activités et offre aussi des formations et des excursions pendant l’été. Une étude de cas sur ses activités a récemment montré que le simple fait de savoir que The Well existe dans le voisinage donne aux personnes démunies un sentiment de sécurité. Elles sont rassurées de savoir qu’il y a tout près une aide aisément accessible. The Well plonge ses racines dans une longue histoire de proximité entre l’Eglise d’Ecosse et les communautés asiatiques établies dans le pays. Leur présence ininterrompue, depuis près de 40 ans, a favorisé l’établissement de relations de confiance entre les chrétiens de Glasgow et leurs voisins appartenant à d’autres religions. Le personnel du centre se compose de deux travailleurs sociaux à plein temps, employés par le Comité de la mission intérieure (Board of National Mission), conjointement avec le Comité de la mission mondiale (Board of World Mission) et la Société missionnaire de l’Eglise (Church Mission Society). C’est le consistoire de Glasgow qui gère le projet. Cela illustre un des traits dominants de notre pratique qui est de travailler en partenariat. Tout en étant un projet de l’Eglise d’Ecosse, le centre est soutenu par une équipe de 28 bénévoles représentant cinq dénominations chrétiennes, sans compter 13 paroisses de l’Eglise d’Ecosse. Des amitiés solides sont nées entre les bénévoles au cours de leur travail commun d’accueil et de conseils auprès de ceux qui ont recours au centre. En outre, parmi ceux qui viennent au Puits, nombreux sont ceux qui sont aussi devenus des amis, et certains bénévoles ont déjà été invités à participer avec eux à des fêtes et des célébrations. L’atmosphère familiale qui règne dans ce centre est devenue l’un de ses points forts, et l’équipe du personnel et les usagers partagent leurs joies et leurs difficultés. Quelques remarques faites par des visiteurs : « Je pense que The Well est une projet chrétien remarquable : profil bas, grande valeur – le centre offre des informations précises et une écoute attentive et professionnelle à des personnes très démunies. C’est un modèle de ministère chrétien auprès des croyants d’autres religions ». Christopher Lamb, ancien secrétaire de la Commission des Eglises pour les relations interreligieuses. « L’atmosphère qui règne au Puits est son remarquable signe distinctif. Accueillant et plein d’amitié, ce centre constitue un modèle que des Eglises peuvent adopter en d’autres lieux ». Brian Ringose, anciennement à Interserve Scotland. La proclamation œcuménique de la Bonne nouvelle La plus grande exigence à laquelle l’Eglise est actuellement confrontée est la proclamation œcuménique de la Bonne nouvelle, proclamation en dialogue, en tant que « témoignage commun » : annoncer l’Evangile en collaboration, et non en concurrence. Nous citons Jean 17,21 pour insister sur l’unité, mais Jésus prie le Père pour l’unité et la mission, « afin que le monde croie ». Nos divisions sont une honte, et le prosélytisme est contre-productif dans le domaine de l’évangélisation. L’une des premières réalités que nous rencontrons est la riche diversité des théologies et des pratiques de l’évangélisation. Il existe de nombreuses Eglises « historiques » qui sont devenues « préhistoriques », ayant perdu la passion de la communication de l’Evangile de manière neuve et pertinente pour les sociétés « post-modernes » au sein desquelles elles accomplissent leur ministère. Ces Eglises, qui devraient adopter une perspective pro-active, agissent de manière réactive lorsqu’elles se sentent menacées par des évangélistes « agressifs ». Nous voyons comment les Eglises pentecôtistes et évangéliques, ainsi que celles du « Sud », interpellent celles qui sont bien « établies » en Amérique du Nord et en Europe occidentale. Un autre défi consiste à retrouver le sens holistique et libérateur de l’Evangile. La Bonne nouvelle est subversive, elle recherche la justice sociale, comme le dit Jésus : « L’Esprit du Seigneur est sur moi, parce qu’il m’a conféré l’onction pour annoncer la bonne nouvelle aux pauvres… » (Luc 4,18). Proclamer la Bonne nouvelle a un prix prophétique qu’il faut payer. En tant qu’évangélisateurs, nous avons un devoir envers l’« euangelion », nous sommes des « anges », c’est-à-dire des envoyés dans ce monde pour annoncer le Royaume. Le défi que pose l’évangélisation revêt une pertinence croissante par rapport aux autres religions, particulièrement après le 11 septembre. Une citation tirée de la Conférence mondiale sur la mission de San Antonio nous rappelle que « nous ne pouvons indiquer d’autre salut qu’en Jésus Christ. Mais dans le même temps, nous ne pouvons fixer des limites à la puissance salvatrice de Dieu ». L’évangélisation est une manière de partager notre humanité. Dans notre univers « mondialisé
» où règnent l’exclusion, le terrorisme et la
fragmentation, un monde aux multiples facettes et aux contextes changeants,
nous prenons conscience de l’urgence de la mission et de l’évangélisation,
porteuses de réconciliation et de guérison. C’est
inspirés par ce défi que nous organisons la prochaine Conférence
mondiale sur la mission et l’évangélisation, qui aura
lieu à Athènes, Grèce, du 9 au 16 2005 sur le thème
« VIENS, ESPRIT SAINT, GUERIS ET RECONCILIE . Appelés en
Christ à être des communautés de réconciliation
et de guérison». Article paru dans « Insights », Journal des professeurs du Séminaire presbytérien de théologie d’Austin. Automne 2003 Bénédiction franciscaine MQue Dieu vous
bénisse en vous faisant don de l’inquiétude… Que Dieu vous bénisse
en vous faisant don de la colère… Que Dieu vous bénisse
en vous faisant don des larmes… Et que Dieu vous bénisse
en vous rendant assez fous… Amen.
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