En même temps, des écosystèmes fragiles sont directement menacés: des espèces marines disparaissent à cause de la pollution et de la surpêche; le niveau des nappes phréatiques et des lacs baisse à la suite de leur surexploitation; les zones humides s'assèchent, entraînant la mort de la faune et de la flore.
Des Eglises, des institutions qui leur sont liées et des organisations œcuméniques ont constitué un Réseau œcuménique de l'eau pour intensifier leur collaboration face à ces défis.
Problèmes urgents
A l'heure actuelle, il convient de se préoccuper de toute urgence des quatre problèmes suivants en rapport avec l'eau.
Menace sur l'écologie Il existe un rapport étroit entre l'eau et la modification du climat. Des facteurs tels que le déboisement, les méthodes de production intensives et la demande des consommateurs, qui entraînent cette modification, ont aussi une influence sur les réserves d'eau potable. A la suite de la modification du climat, les systèmes météorologiques sont touchés, ce qui se manifeste par des précipitations excessives, des sécheresses prolongées, la fonte des glaces et l'élévation du niveau des mers. L'écologie de régions entière est soumise à de fortes pressions; en revanche, de nouvelles plantations de végétation encouragent les précipitations dans les régions arides.
Modes de production et de consommation
Dans notre monde interconnecté, l'eau n'est plus seulement un problème local. Les habitudes de consommation gaspillent l'eau de manière directe ou indirecte, à l'intérieur des régions et par-delà leurs limites. Par exemple, les monocultures intensives destinées à répondre aux demandes des consommateurs pèsent lourdement sur les réserves d'eau. La fabrication de matières plastiques ou la production agricole intensive qui nécessite une irrigation permanente détournent l'eau au détriment des communautés et des environnements locaux qui en auraient besoin.
L'eau devrait être considérée comme un bien social et un droit humain et non pas comme une matière première ou un produit commercial. Il faut veiller à ce que son prix demeure abordable et sous contrôle public. Le produit de sa vente devrait aller aux communautés locales au lieu de profiter à des entreprises privées. Commercialisation
Il faut remettre en question la tendance à commercialiser les ressources en eau et les services de distribution, tendance préconisée en particulier par des sociétés transnationales originaires d'Europe occidentale qui ont des intérêts dans ce domaine, ainsi que par des institutions financières internationales. La privatisation de la gestion de l'eau à tous les niveaux, qui la soustrait à l'influence des populations et des communautés, constitue un grave problème. Il importe d'accorder un intérêt accru à la question du contrôle local des ressources en eau locales. Solidarité avec les communautés vulnérables
Il n'y a pas d'égalité en matière d'accès à l'eau et certaines communautés sont plus vulnérables que d'autres. Il s'agit notamment des pays et régions peu élevés, où la menace la plus grave est celle de la montée du niveau de la mer. Ailleurs, de nombreuses communautés sont menacées par la modification du régime des précipitations ou par l'accélération de la fonte des glaces, qui a une influence sur le régime des cours d'eau aux niveaux national et international.
Nous qui sommes membres du corps du Christ, nous avons l'obligation de nous soutenir mutuellement, en accordant une attention particulière aux plus vulnérables. Le partage équitable de l'eau constitue une expression essentielle de la solidarité mondiale et une réponse concrète au commandement qui nous invite à créer ensemble une société équitable. En outre, le mode d'existence des communautés et des environnements vulnérables, souvent plus proches des rythmes de vie naturels, peut nous montrer la voie de la durabilité et la manière de la réaliser.
Foi et action chrétiennes
La Bible affirme que l’eau est la source de toute vie, l’expression de la grâce perpétuelle de Dieu. Condition essentielle de la vie sur la terre, elle doit être sauvegardée et partagée pour le bien de toutes les créatures et de l’ensemble de la création. C’est pourquoi il convient de protester et d’agir lorsque cette eau dispensatrice de vie, est la cible de menaces insidieuses et systématiques.
La sauvegarde de l’eau, source de santé et de bien-être, exige des êtres humains, partenaires et prêtres de la création, qu’ils prennent des mesures décisives et novatrices. L’Eglise, corps du Christ, doit aujourd’hui guérir et réconcilier notre monde brisé, pour prévenir tout aggravation de cette rupture et du déclin. C’est pourquoi nous voulons la vie et non pas la mort et que nous souhaitons préserver les eaux de la vie pour tous.
Tant sur le plan local qu’international, on voit se manifester des initiatives positives et novatrices pour renforcer le témoignage chrétien concernant les problèmes liés à l’eau. Face à ces problèmes, il faut saluer les mesures toujours plus nombreuses prises dans le monde entier par les Eglises et les institutions qui leur sont liées. Il est toutefois essentiel que les dénominations et confessions religieuses accordent une plus grande priorité aux problèmes concernant l’eau.
Proches des communautés locales, les institutions liées aux Eglises sont à même de faire appliquer des lignes directrices propres à susciter le changement. Comme elles bénéficient de la confiance des gens sur place, elles peuvent se référer à leurs valeurs culturelles et religieuses pour prononcer des paroles de vérité contre la destruction et la mort. Elles peuvent dépasser les intérêts particuliers et mobiliser de manière indépendante les ressources permettant de lutter contre les symptômes et les causes de la pauvreté liée à l’eau.
Il est indispensable que les Eglises et les organisations chrétiennes instaurent des relations de partenaires avec d’autres instances qui partagent leurs principes éthiques, y compris les autres traditions religieuses et les ONG. Cela est important pour définir des objectifs communs en matière d’exploitation de l’eau et assurer l’avenir des sociétés civiles. Les seules perspectives technologiques et économiques à court terme ne suffisent pas pour déterminer l’avenir de l’eau dans le monde.
Il faut également que les organisations d’Eglises, d’entente avec d’autres, instaurent un débat sur la gestion de l’eau et un dialogue avec les gouvernements et les institutions multilatérales ou économiques. Cela est indispensable pour souligner l’importance des droits humains et du bien commun et propager de nouveaux modes de vie, plus respectueux des processus écologiques et plus viables à long terme.
Voilà comment les Eglises peuvent – et doivent – susciter un plus grand engagement à tous les niveaux pour encourager des mesures urgentes en vue du changement. + Documents, références et liens sur le problème de l’eau Retour à JPC - "La terre oecuménique" |