Interdire
les mines terrestres: la menace silencieuse Au Cambodge, on compte une mine terrestre par habitant– homme, femme et enfant. En Angola, bien que la longue guerre civile soit terminée, on estime qu’il reste 15 millions de mines terrestres. L’Egypte est considérée comme le pays où il reste le plus grand nombre de mines– certaines datent de la bataille d’El Alamein, pendant la Deuxième guerre mondiale. Et, en 2001, l’Inde et le Pakistan ont posé plus d’un million de mines le long de leur frontière commune, au Cachemire. En décembre 1997, les représentants de 122 gouvernements se sont réunis à Ottawa (Canada) pour signer la Convention sur l’interdiction de l’emploi, du stockage, de la production et du transfert de mines antipersonnel et sur leur destruction. Les gouvernements du monde ont reconnu que les mines antipersonnel étaient d’une utilité limitée et qu’elles causaient des souffrances humaines inutiles. «Mon expérience
dans les opérations de maintien de la paix m’a permis de
constater les effets littéralement paralysants, tant sur les individus
que sur les communautés, des mines terrestres et des engins non
explosés. Non seulement ces armes abominables sont toujours enterrées
par millions, sans que quiconque sache où elles se trouvent, et
elles peuvent encore blesser ou tuer des femmes et des enfants innocents,
mais la présence– actuelle ou simplement potentielle–
d’une seule mine terrestre peut interdire la culture de tout un
champ ou priver un village de ses moyens de subsistance, ce qui constitue
un obstacle supplémentaire à la reconstruction et au développement
d’un pays.» |
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Les
mines terrestres ne font pas de distinction entre un soldat ennemi, un enfant
qui joue ou un paysan qui travaille la terre. Elles tuent sans discrimination
et elles continuent à faire des victimes dans la population civile
bien après que des accords de paix ont été signés.
Les mines terrestres interdisent l’accès à des terres
arables et à des points d’eau, elles empêchent le transport
et l’acheminement de produits alimentaires et médicaux et,
de façon générale, elles contribuent à l’insécurité
de la population. Le Conseil œcuménique des Eglises appelle
toutes les Eglises à promouvoir la mise en œuvre complète
d’un traité universel d’interdiction des mines, l’élimination
des mines dans toutes les régions où il en existe, et l’assistance
aux victimes de mines terrestres.
Le problème Malgré les actuels programmes de destruction, on estime que les stocks cumulés d’une centaine de pays représentent entre 225 et 240 millions de mines et qu’il en reste encore près de 80 millions dans le sol d’environ 80 pays. Chaque année, ces mines font plus de 15000 victimes. Ceux qui touchent une mine à effet de souffle sont blessés ou tués par la déflagration; quant aux mines à fragmentation, elles projettent des éclats de métal. Ceux qui survivent à ces explosions doivent souvent être amputés, mais beaucoup meurent faute de pouvoir atteindre assez rapidement un centre de soins. En raison du coût prohibitif des soins médicaux, de la réadaptation fonctionnelle et des prothèses, beaucoup de victimes restent handicapées à vie et incapables de subvenir à leurs besoins. La présence– effective ou simplement redoutée– de mines terrestres pousse les gens à abandonner leur terre; ils n’ont plus alors ni logement, ni moyen de produire des aliments ou de subvenir aux besoins de leur famille. Après un conflit, la présence de mines fait obstacle à la reconstruction, ce qui peut affecter des communautés entières. Le déminage de grandes superficies prend du temps et, pour cette entreprise dangereuse, on se sert en général de détecteurs de métaux ou on fouille le sol à la main. Compte tenu du fait qu’il est difficile de repérer des mines disposées au hasard et que le déminage coûte cher, les régions dans lesquelles se sont déroulés des conflits restent inaccessibles longtemps après la fin des combats. L’action de la communauté internationale La réunion d’Ottawa au cours de laquelle fut signé, en 1997, le Traité d’interdiction des mines fut l’aboutissement d’une remarquable campagne lancée par le gouvernement canadien et menée par une coalition internationale d’organisations non gouvernementales et d’Eglises. La Campagne internationale contre les mines terrestres (CIMT), lancée en 1992, a reçu en 1997 le prix Nobel de la paix pour ses efforts visant à faire adopter ce traité. La CIMT poursuit ses activités en publiant The Landmine Monitor– compilation de rapports sur la mise en œuvre du Traité d’interdiction des mines. Le Conseil œcuménique des Eglises et un grand nombre de ses Eglises membres font partie des quelque 1300 organisations qui participent à la CIMT. Même si ce traité est entré en application, il reste encore beaucoup à faire pour débarrasser le monde des mines terrestres. Quarante-neuf pays n’ont pas encore signé ce traité, en particulier la Russie, les Etats-Unis et la Chine, qui possèdent les stocks les plus importants de mines terrestres, l’Inde et le Pakistan, qui en fabriquent et en posent tout au long de leur frontière commune, ainsi que l’Iran, l’Iraq, la Serbie et le Vietnam, qui n’ont pas signé de moratoire sur les exportations. Il est impératif que tous les Etats du monde signent ce traité, qui comporte un plan visant à l’élimination des mines antipersonnel. Pourtant, même si on ne posait plus jamais de mines terrestres, celles qui ont déjà été posées vont continuer à tuer et à blesser pendant des années encore. Il est urgent de détecter et de détruire les mines qui se trouvent encore en grand nombre dans certaines régions du monde, afin d’éviter des souffrances supplémentaires; il faut en particulier organiser des programmes d’information et de réduction des risques (en particulier pour les enfants), de déminage et de destruction des stocks. Il faut en outre prévoir une rééducation fonctionnelle et un soutien à long terme pour les victimes des mines. Le Traité d’interdiction des mines ne s’applique qu’aux mines antipersonnel et exclut les mines anti-véhicules et les bombes à fragmentation. Dans certaines régions, des bombes à fragmentation non explosées, qui éjectent des centaines de bombelettes qui vont exploser dans un large rayon, ont fait plus de victimes que les mines antipersonnel. Toutes les formes d’engins non explosés constituent une menace pour les civils dans les secteurs où a eu lieu un conflit, et il faudrait que l’interdiction des mines terrestres soit étendue à tous les engins explosifs. L’action du COE A propos du Traité d’interdiction des mines, le COE a déclaré le 16 septembre 1997: «Nous affirmons la sainteté de la vie humaine, car les être humains sont créés à l’image de Dieu; en conséquence, nous nous opposons à toutes les forces de déshumanisation et de destruction de la vie, et en particulier à la fabrication et au déploiement de ces instruments cruels que sont le mines terrestres.» Les Eglises sont bien placées pour voir les souffrances que les mines terrestres causent aux civils vivant dans les zones de conflit actuel ou passé. Témoins de ces souffrances, les Eglises ont la responsabilité morale de se faire les porte-parole des victimes des mines; aussi appellent-elles tous les Etats à mettre fin à la fabrication et à la pose de mines terrestres et à venir en aide aux victimes civiles. En 1997, le COE a «appelé tous les Etats à ratifier le traité et à s’engager à le mettre en œuvre immédiatement et dans sa totalité»: beaucoup reste à faire en ce sens. Par le ministère quotidien qu’elles exercent dans les régions où les mines sont nombreuses, les Eglises s’efforcent de soulager les besoins matériels et spirituels des victimes des mines antipersonnel et de leurs familles. Soucieuses de «transformer les épées en socs», elles soutiennent tous les efforts entrepris pour éliminer les mines de telle sorte que les terrains minés puissent servir à des fins de production. En outre, les Eglises du monde entier continueront à faire œuvre de paix dans le cadre de la Décennie«vaincre la violence»: les Eglises en quête de réconciliation et de paix (2001-2010), afin de promouvoir la réconciliation et de mettre fin aux conflits qui emploient des mines terrestres. «Martelant
leurs épées, ils en feront des socs; de leurs lances ils
feront des serpes. On ne brandira plus l’épée nation
contre nation, on n’apprendra plus à se battre.» |
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Un
défi lancé aux Eglises
Agissez concrètement: «L’utilité
militaire limitée des mines antipersonnel est bien peu de choses
devant les conséquences effroyables, sur le plan humanitaire, qu’entraîne
leur emploi dans les conflits. Pour cette raison, il faut que les gouvernements
et la communauté internationale tout entière donnent sans
plus attendre priorité absolue à l’interdiction et
à l’élimination des mines antipersonnel.» |
La «campagne pour l’abolition des enfants soldats» est un élément du plan de paix en sept points «Paix dans la ville» ADHEREZ
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«Démilitarisation, désarmement et prévention
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