Conseil oecuménique des Églises
Bureau de la communication
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COMITÉ CENTRAL 1999 No. 15
DES RESPONSABLES OECUMENIQUES ANALYSENT LES CONSEQUENCES DE LA GUERRE FROIDE EN AFRIQUE | ||||
Sam Kobia a estimé aussi qu'à cette époque-là les superpuissances n'avaient aucun intérêt à voir s'instaurer en Afrique des gouvernements démocratiques. "Il est plus facile de contrôler des peuples sous une dictature. A cette époque, ceux qui se battaient pour la démocratie étaient taxés de ‘communisme'. Ainsi s'est créée une culture de la dictature qui continue d'exercer une influence dans nos pays. Après 30 ou 40 ans d'indépendance, on constate que, dans la plupart des pays africains, les mouvements associatifs sont quasiment inexistants", a-t-il ajouté. Pour Sam Kobia, il est également préoccupant de voir que la politique d'intervention étrangère qui a prévalu durant la guerre froide continue de jouer un rôle dans les guerres civiles qui aujourd'hui encore déchirent le continent. S'il a relevé que des conflits comme ceux de la Sierra Leone et du Libéria sont financés localement, il a souligné le terrible risque de déstabilisation politique qui existe dans plusieurs pays africains. Pour Clement Janda, secrétaire général de la Conférence des Eglises de toute l'Afrique (CETA) depuis 1997, la guerre qui bouleverse le sud du Soudan s'explique aussi par la défense d'intérêts qui n'ont pas grand chose à voir avec la population soudanaise. Deux millions de personnes environ ont été tuées dans ce conflit qui dure depuis près de 40 ans, et l'opinion publique internationale ne semble pas se rendre compte de ce qui est en train de se passer dans ce pays. La question qu'il faudrait se poser, a déclaré M. Janda, est celle de savoir à qui la fin de cette guerre profiterait. "Là-bas, l'enjeu est l'accès à des minerais importants comme l'or et l'uranium et à un bien plus précieux encore: l'eau du Nil". Quoi qu'il en soit, pour les deux leaders oecuméniques africains, il faut garder espoir car on décèle des signes de changement importants dans la situation politique du continent. Tous deux ont reconnu que la démocratisation en Afrique du Sud et le leadership de Nelson Mandela avaient été d'une importance capitale pour toute la région. "Du Ghana jusqu'au sud du continent, il y a des gouvernements démocratiques qui accomplissent des progrès intéressants. Ces pays comptent d'importantes élites intellectuelles formées dans les meilleures universités américaines et européennes et qui sont prêtes à travailler pour leurs pays et pour une démocratie qui prenne en compte les valeurs africaines" a expliqué M. Kobia. Tous deux pensent aussi que le mouvement oecuménique continuera de jouer un rôle important dans la région. "Pendant la Huitième Assemblée du COE à Harare, en décembre dernier, M. Mandela en personne a remercié le COE de son soutien à l'Afrique du Sud", a indiqué Sam Kobia. A cette occasion, le président Mandela avait aussi demandé au COE d'appuyer la démocratisation sur le continent. "Plusieurs pays africains traversent actuellement une phase intéressante de reconstruction. Le mouvement oecuménique est au coeur de cette entreprise à laquelle participent très activement les Eglises par le biais de leurs structures oecuméniques. Nous ne pensons pas être loin de l'idéal panafricain de leaders comme Kenyatta", a déclaré M. Kobia en guise de conclusion.
Le Conseil oecuménique des Eglises (COE) est une communauté de 336 Eglises. Elles sont réparties dans plus de 100 pays sur tous les continents et représentent pratiquement toutes les traditions chrétiennes. L'Eglise catholique romaine n'est pas membre mais elle collabore activement avec le COE. La plus haute instance dirigeante du COE est l'Assemblée, qui se réunit environ tous les 7 ans. Le COE a été formé officiellement en 1948 à Amsterdam, aux Pays-Bas. Le secrétaire général Konrad Raiser, de l'Eglise évangélique d'Allemagne, est à la tête du personnel de l'organisation.
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