Conseil oecuménique des Églises Bureau de la communication
Communiqué de presse

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COMITÉ CENTRAL 1999 No. 13


le 30 août 1999

UN REPRESENTANT DES NATIONS UNIES INVITE
LES EGLISES A S'ASSOCIER A LA CAMPAGNE DE PROTECTION
DES ENFANTS CONTRE LE FLEAU DE LA GUERRE


Le représentant spécial du secrétaire général de l'ONU pour les enfants dans les conflits armés a invité le Conseil oecuménique des Eglises (COE) à donner son appui moral à la résolution adoptée récemment par le Conseil de sécurité en vue de protéger les enfants du fléau de la guerre.

"Nous sommes témoins d'abominations indicibles commises contre les enfants", a déclaré M. Olara A. Otunnu dans l'allocution qu'il a prononcée devant le Comité central du COE à Genève le 28 août dernier. "Au cours de la dernière décennie seulement, deux millions d'enfants ont été tués dans des conflits, un millions sont devenus orphelins, six millions ont été blessés ou handicapés à vie, et 10 millions sont confrontés à des problèmes psychologiques", a-t-il déclaré, ajoutant que près de 20 millions d'enfants sont déplacés dans leur propre pays ou sont devenus des réfugiés.

Son appel venait tout juste trois jours après l'adoption, par le Conseil de sécurité, de la résolution 1261 traitant des effets de la guerre sur les enfants. M. Otunnu a qualifié la résolution du Conseil de sécurité de "décision sans précédent", étant donné que, normalement, celui-ci traite de questions géopolitiques générales plutôt que de problèmes sociaux spécifiques.

Les enfants sont les victimes les plus innocentes des conflits armés, a noté l'orateur, et ils souffrent dans une mesure disproportionnée quand la guerre éclate. Selon M. Otunnu, "presque tous les conflits du monde d'aujourd'hui sont des guerres civiles qui se déroulent entre des gens qui se connaissent très bien, et qui sont caractérisées par la désagrégation sociale et le désordre généralisés".

Il a qualifié le problème d'échec "moral et spirituel", car l'ennemi est "diabolisé", et souvent défini en termes religieux, raciaux, ethniques ou géographiques. La protection traditionnelle des civils dans les combats n'existe plus, et "le village est devenu le champ de bataille".

M. Otunnu a souligné qu'en soutenant la résolution des Nations Unies, les Eglises du monde entier devraient s'engager en faveur de l'application rigoureuse de normes internationales telles que les Conventions de Genève et la Déclaration universelle des droits de l'homme. Il est nécessaire également de soutenir les systèmes de valeurs traditionnels qui fournissaient naguère une base éthique de comportement. "La perte la plus grave dont puisse souffrir une société est l'effondrement de son système de valeurs", a dit M. Otunnu. "Aujourd'hui, la référence morale n'existe plus, et tous sont devenus de simples proies dans la lutte impitoyable pour conquérir le pouvoir."

L'enfance, a poursuivi l'orateur, devrait être déclarée "zone de paix". Il a indiqué au Comité central du COE que les parties du conflit devraient - sous la menace de sanctions internationales - être tenues d'autoriser la distribution de secours, de mettre en place des "cessez-le-feu humanitaires" et de ne pas utiliser de mines terrestres antipersonnel ni recruter d'enfants pour le combat.

L'enrôlement des enfants "est l'un des phénomènes les plus terrifiants des conflits de ces derniers temps", a dit M Otunnu, qui a admis toutefois que la résolution des Nations Unies ne délimite pas clairement ce qu'on entend par "enfant". Lui-même et d'autres sont partisans de la limite de 18 ans, mais il n'y a pas de consensus à ce propos. Beaucoup de pays considèrent que les jeunes de 18 ans sont aptes au combat, mais on a constaté lors de conflits civils récents que des enfants d'à peine 10 ans portaient des armes.

Les pays devraient aussi vouer une attention particulière aux besoins des enfants quand les conflits prennent fin, a noté M. Otunnu. "Quand la guerre est terminée, elle ne l'est pas pour les enfants qui ont intégré la violence à leur vie. Nous devons récupérer ces jeunes et réveiller en eux un sentiment d'espoir."

Se référant à la bonne connaissance qu'il a du COE depuis de longues années, M. Otunnu, d'origine ougandaise, a souligné que l'assistance aux enfants se situe dans le cadre d'une campagne de renouveau spirituel. "Plus que jamais, a-t-il déclaré, nous avons besoin de renouveau spirituel et, quand nous en voyons des signes dans le monde, nous devons aller vers les adeptes d'autres religions - de toutes les religions - et les inviter à se tendre la main et à promouvoir les valeurs fondamentales de la foi, de l'amour, du pardon et de la réconciliation."

M. Otunnu a invité instamment le COE à se faire l'avocat, dans les Eglises et les sociétés civiles, des enfants qui souffrent des effets de la guerre, et à inscrire les besoins de ces enfants dans ses programmes réguliers.

La préoccupation pour les effets que la violence de la guerre exerce sur les enfants constituera probablement une composante importante de la Décennie du COE "vaincre la violence", initiative issue des travaux de l'Assemblée du COE à Harare, Zimbabwe, en décembre dernier.

La résolution 1261 du Conseil de sécurité des Nations Unies, adoptée le 25 août, condamne sévèrement le fait de prendre les enfants pour cible dans les conflits armés et définit un certain nombre de mesures visant à porter secours aux enfants lorsque des conflits éclatent, notamment des "journées de tranquillité" durant lesquelles les secours pourraient être apportés. Elle souligne que, lors des négociations de paix, les droits des enfants devraient être pris en compte, et note les effets de la prolifération des armes légères sur la sécurité des réfugiés et des enfants.


Pour toute information complémentaire, s'adresser à: Karin Achtelstetter,
responsable de l'information du COE
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