Conférence mondiale contre le racisme, la discrimination raciale,
Les dalits ne sont pas considérés comme des êtres humains |
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«Notre vie a toujours été marquée par la souffrance puisque nous ne sommes pas considérés comme des êtres humains», a dit Ruth Manorama, directrice nationale du Mouvement de lutte des femmes dalits en Inde, en présentant le sujet lors du premier atelier. Une petite définition du terme « dalit » a permis à près de 800 délégués de bien comprendre le problème. Le mot «dalit» signifie littéralement «écrasé». Il désigne, au niveau social, «un peuple opprimé» qui relève du système traditionnel de castes imposé depuis un millénaire par l'ordre hindou et qui divise la société en quatre castes hiérarchisées dominées par les brahmanes et les kshatriyas (groupe dirigeant), les vaisyas (propriétaires terriens et milieux d'affaires) et les sudras (au service des trois premiers groupes). Au bas de l'échelle, se trouve un cinquième groupe qui est celui des «avarnas» ou « intouchables». Rituellement considérés comme impurs, ils se situent de ce fait en dehors de l'ordre social du système de caste. On appelle aujourd'hui ces «intouchables» les «dalits». Loin de subir les conséquences d'une discrimination institutionnelle puisque les textes fondamentaux du pays garantissent l'égalité des droits à tous les citoyens, les intouchables endurent malgré tout, dans les faits, une pratique sociale d'asservissement et d'exclusion de la part des autres groupes. Mme Manorama présente les rapports sociaux des dalits avec les autres groupes: «Nous devons vivre éloignés et séparés de la caste hindoue comme sous l'apartheid en Afrique du Sud. Nos enfants ont des bancs séparés dans les écoles. Les dalits n'ont pas droit au travail et ne peuvent pas voter librement. Dans près de 20 000 villages du sud de l'Inde, la zone la plus pauvre du pays, les dalits vivent dans des conditions misérables: sans eau, sans électricité, sans système de santé adéquat... . Approcher un hindou, le saluer ou bien épouser un membre de la caste supérieure sont considérés comme des crimes. Les dalits doivent porter des signes visibles attestant qu'ils sont des intouchables ». Le témoignage le plus frappant de cette discrimination a été recueilli lors du deuxième atelier, auprès de Vimal Thorat, assistante à l'Université Indira Ghandi et coordinatrice de la campagne nationale des droits humains des dalits en Inde. Photos à l'appui, elle a rapporté l'histoire de Suseelamma, une femme dalit qui travaille dans une commune de l'Andra Pradesh dans le sud de l'Inde : «Avant, nous portions les récipients d'excréments sur la tête et les épaules. Maintenant, nous les portons sous le bras. C'est le seul changement observé dans notre travail en 50 ans d'indépendance. C'est vraiment une insulte de nettoyer et de porter les excréments des autres. Nous ne gagnons rien lorsque les gouvernements changent. Ils se contentent de prendre nos voix, sans nous aider de quelque façon que ce soit. Les gens de toutes les castes travaillent dans d'autres professions. Dites-moi qui fera notre travail? Nous lutterons pour qu'au moins nos enfants puissent ne pas faire ce genre de travail». L'exclusion des dalits est non seulement une pratique sociale, mais aussi une question de mentalité qui n'exclut pas les religions d'origine indienne (boudhisme, brahamanisme ...) du système. Cependant, Monica, avocate de 22 ans originaire du Tamilnadu dans le sud de l'Inde, affirme que «les Eglises chrétiennes, à travers le Conseil des Eglises de l'Inde, participent ouvertement aux différentes campagnes menées en faveur de la reconnaissance des droits des dalits». Diverses actions sont menées en partenariat avec des ONG et d'autres groupes de la société civile pour protester contre la torture, les mauvais traitements et pour assurer l'accueil des dalits qui sont chassés de chez eux. |