Conseil oecuménique des Églises
Bureau de la communication
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Comité Central 29 janvier - 6 février 2001 Potsdam, Allemagne
L'« huître enceinte » de Berlin a accouché de la Décennie « Vaincre la violence » proclamée par le Conseil oecuménique des Eglises | ||||
Un groupe de jeunes musiciens berlinois (la Kreuzberger Musical Action), des enfants turcs interprétant une danse traditionnelle, un drame musical joué par le Wozani Theatre Group et racontant la violence faite à quatre jeunes en Afrique du Sud, ont encadré des allocutions soulignant l'intérêt de la « Décennie pour vaincre la violence ». Une jeune femme du Zimbabwe, Diana Mavunduse (responsable de communication pour la Décennie « Vaincre la violence », au COE), et un jeune homme originaire de l'Est de l'Allemagne (Lothar Bauerochse, journaliste de radio), chargés tous deux de présenter les différents intervenants, ont interpellé l'assistance. « Êtes-vous prêts à travailler pour la paix ? » demandait l'un. « Il vaudrait mieux », s'exclamait l'autre, « car vous en prenez pour dix ans ! » Le Docteur Wolfgang Huber, évêque de l'Eglise évangélique de Berlin-Brandebourg hôte du Comité central du COE, a évoqué la figure du théologien allemand Dietrich Bonhoeffer né précisément le 4 février 1906 et exécuté par les nazis le 9 avril 1945, et a rappelé qu'« à quelques centaines de mètres seulement d'ici » s'était dressé le « mur de Berlin », ce symbole de la division violente de l'Europe. Il a souligné que « la chrétienté oecuménique prend parti pour l'espérance en un monde sans violence ; elle veut donner forme à cette espérance ». M. José Ramos-Horta, Prix Nobel de la Paix et actuellement directeur de cabinet dans le gouvernement provisoire mis en place en Timor-Est par l'ONU, a pris la parole et a appuyé de toute sa notoriété le lancement de la « Décennie ». Il a salué les Eglises comme particulièrement bien placées pour promouvoir, par l'éducation, une culture de la non-violence. George Togba, un ancien rebelle libérien, a montré et expliqué les croix métalliques qu'il fabrique à partir de balles de fusil et d'obus : d'engins de mort il fait des symboles de rédemption et de vie. Cet homme, après avoir été un rebelle, était ensuite entré dans la garde présidentielle de son pays. Mais il a quitté ces fonctions pour devenir un artisan. Un artisan de paix. Sa Sainteté Aram 1er, Catholicos de Cilicie (Eglise apostolique arménienne) et président du Comité central du COE, a lancé un vibrant et solennel appel à s'associer à la « Décennie ». Il s'agit de se mettre en route avec le « courage de la foi », a-t-il dit. « En tant qu'Eglises et en tant que chrétiens », s'est-il écrié avec emphase, « nous nous engageons à vaincre la violence par le moyen d'une non-violence active dans nos Eglises, dans nos familles, dans nos écoles, dans nos voisinages, dans nos sociétés. » Reprenant certains des propos de son discours d'ouverture de la session du Comité central quelques jours plus tôt, il a affirmé aussi que « nous ne portons pas de jugement sur ceux pour qui, dans des situations extrêmes où tout espoir de justice et de dignité a disparu, l'usage de la force peut devenir nécessaire en tant que recours ultime ». Il a prévenu que ce « voyage durant la Décennie 'Vaincre la violence' ne sera pas sans aspérités », mais que, « quels que soient les défis et les tensions auxquels nous aurons à faire face, nous continuerons notre voyage de foi avec une vision renouvelée ». Madame Janice Love (USA), présidente du Groupe COE de pilotage de la « Décennie », a lu un message spécial du Comité central. Selon ce message, la « Décennie 'Vaincre la violence' : les Eglises en quête de réconciliation et de paix » appelle instamment les Eglises et les organisations oecuméniques à l'aube d'un siècle nouveau à, entre autres, « être et bâtir des communautés de paix respectueuses de la diversité et fondées sur la vérité ; se repentir ensemble de leur complicité dans les actes de violence ; analyser les différentes formes de violence et les liens qui existent entre elles ; entreprendre une réflexion théologique afin de surmonter l'esprit, la logique et la pratique de la violence ; agir pour briser l'engrenage de la violence ; adopter des méthodes novatrices d'édification de la paix au sein de la tradition chrétienne, des communautés locales, des mouvements laïques et des religions de notre temps ; se tenir aux côtés des victimes de la violence et s'efforcer de donner à ceux qu'elle ne cesse d'opprimer les moyens de se défendre ». Les festivités de la Maison des cultures du mode ont débouché en fin d'après-midi sur une « marche aux chandelles » vers la Porte de Brandebourg : après une marche dans le froid et les bourrasques de neige, plusieurs centaines de personnes se sont ainsi retrouvées, bougies allumées en main et chantant les refrains bien connus des mouvements non-violents, au pied de ce symbole de la victoire pacifique, en 1989, d'une population lassée par des décennies d'oppression violente. Sur place, Konrad Raiser, Secrétaire général du COE, s'est adressé à son tour à la foule. « Nous n'entrons pas dans la Décennie « Vaincre la violence » comme des idéalistes avec la bouche en c*ur rêvant de paix et de réconciliation mais ne prenant pas au sérieux la réalité », a-t-il assuré. « Tous ensemble, tressons un réseau qui nous maintienne lorsque l'espérance faiblit ; un réseau qui nous encourage dans notre résistance à la culture de violence. » Faisant allusion à la marche qui venait de s'achever, il a ajouté que « des mains qui tiennent des bougies sont inaptes à la violence » ; mais il a prévenu aussi que « la violence exerce une fatale force d'attraction » et qu'il s'agit d'« apprendre à nous libérer de la logique contraignante de la violence... car la violence a besoin de la peur de la part de la victime pour soutenir la conscience de son propre pouvoir. »
Le Conseil oecuménique des Eglises (COE) est une communauté de 342 Eglises. Elles sont réparties dans plus de 100 pays sur tous les continents et représentent pratiquement toutes les traditions chrétiennes. L'Eglise catholique romaine n'est pas membre mais elle collabore activement avec le COE. La plus haute instance dirigeante du COE est l'Assemblée, qui se réunit environ tous les 7 ans. Le COE a été formé officiellement en 1948 à Amsterdam, aux Pays-Bas. Le secrétaire général Konrad Raiser, de l'Eglise évangélique d'Allemagne, est à la tête du personnel de l'organisation.
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