Conseil oecuménique des Églises
Bureau de la communication
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Comité Central 29 janvier - 6 février 2001 Potsdam, Allemagne
L’espace oecuménique, dont le COE a la vision, devrait être sûr, | ||||
Ce n’est pas la première fois, a-t-il spécifié, que le Comité central du COE se réunit en Allemagne, mais le contexte dans lequel se déroule cette session est particulier. Si pendant des décennies de guerre froide, les Églises allemandes de l’Est et de l’Ouest ont été les seules institutions à jeter et maintenir des ponts par dessus le «rideau de fer », les sessions du Comité central avaient néanmoins été marquées par les tensions et les ambiguïtés liées à la situation du pays, et ce, autant en 1974, alors qu’après de délicates négociations le Comité central s’était réuni à Berlin (Ouest) et le Comité exécutif à Bad Saarow, que sept ans plus tard, à Dresde. En 1988, le Comité central se réunit à Hanovre, et cette fois-là, la situation de l’Allemagne passera en second plan derrière les célébrations du 40e anniversaire du COE. Des tensions existent toujours et des divisions idéologiques demeurent, mais « les douze années écoulés depuis la session de Hanovre ont vu s’opérer en Europe des changements radicaux » : le mur de Berlin a disparu, l’Allemagne est réunifiée, l’Europe se remodèle. Ainsi, le thème soumis à la réflexion de ce Comtié central sera « Réconciliation, vérité et justice ». Des témoignages sur la quête de vérité et de réconciliation des Églises seront entendus, autant que sur le rôle et les efforts des Églises durant la guerre froide et aujourd’hui, que sur les nouvelles orientations qu’elles doivent prendre en ce temps de bouleversements politiques, économiques et culturels. Sans oublier les « nouvelles manifestations de racisme, d’antisémitisme et de xénophobie qui se font jour dans de nombreux pays Europe ». Il est donc opportun, pour Konrad Raiser, que soit lancée dans ce contexte la Décennie oecuménique « vaincre la violence ». Les activités du Conseil s’articulent autour de quatre grands thèmes : être l’Église, servir la vie, accomplir un ministère de réconciliation, et rendre un témoignage et un service communs dans le contexte de la mondialisation. Le document « Vers une conception et une vision commune du COE » (CVC), publié lors la dernière Assemblée générale à Harare (1998), mettait l’accent sur l’affirmation que le COE est « une communauté fraternelle d’Églises » et sur « la cohérence du seul mouvement oecuménique ». Le Comité central s’est attelé intensément à cet aspect notamment dans les activités du Groupe mixte de travail avec l’Église catholique romaine, le Groupe consultatif mixte avec la communauté pentecôtiste mondiale, le groupe de liaison avec la Fédération luthérienne mondiale et l’Alliance Réformée et les progrès réalisés dans l’idée de créer un « Forum d’Églises et d’organisations oecuméniques chrétiennes ». « Je tiens à mentionner une initiative qui pourrait ouvrir la voie à une forme de relations et de collaboration avec les partenaires oecuméniques; il s’agit de la création en décembre 2000 de l’Alliance oecuménique « agir ensemble » » qui rassemble dans une structure de coopération unique les organisations et communautés oecuméniques régionales du Nord et du Sud, les communions chrétiennes mondiales ainsi que des organisations internationales oecuméniques et catholiques romaines. Ce qui est nouveau ici, c’est de parler d’une voix prophétique et de renforcer la portée du témoignage oecuménique sur les grandes questions sociales, politiques et économiques en mettant en commun les ressources et l’expérience des institutions partenaires. Cette Alliance est certes une réaction à la mondialisation, s’efforçant d’être un espace oecuménique égalitaire se démarquant de la logique institutionnelle. Cette Alliance n’est qu’une de ces nouvelles réponses qu’exige la mutation du monde. Raiser a voulu souligner la participation du COE à une session extraordinaire de l’Assemblé générale des Nations Unies en juin dernier, l’invitation faite au COE par divers organismes tels le Fonds monétaire international et le Forum économique mondial, et la tenue du Sommet du millénaire pour la Paix des responsables et chefs religieux qui s’est tenu en août dernier au siège de l’ONU à New-York. À côté du thème central du ministère de réconciliation, du témoignage et du service dans le contexte de la mondialisation, l’ensemble des activités du Conseil a été placé sous le thème « Servir la vie » qui permet de prêter attention « aux problèmes éthiques reliés à la biotechnologie, à la régulation des naissances, à l’avortement et à la sexualité humaine » en établissant un lien entre « l’anthropologie chrétienne, l’herméneutique biblique, l’éthique et l’analyse culturelle ». Le secrétaire général a également attiré l’attention de son audience attentive sur des développements intervenus au sein de certaines Églises membres du COE ou d’organismes partenaires, sur la déclaration « Les principes fondamentaux de l’attitude de l’Église othodoxe russe à l’égard des autres confessions chrétiennes », le document « Dominus Iesus » publié par le Vatican et les nombreuses discussions avec nos partenaires oecuméniques sur l’identité ecclésiale d’organismes conciliaires. En abordant cette question le Comité central s’inspire du rapport d’orientation de l’Assemblée de Harare qui appelait le COE « à approfondir et à élargir résolument la communauté à laquelle nous avons part en tant qu’Églises ». Le défi est donc de rechercher dans les différences ecclésiologiques mêmes « l’unité plus visible » et de « favoriser des espaces de dialogues sûrs ». « Être l’Église signifie être en relation. Cela est vrai de la vie de chaque Église et de la vie ensemble. Pour être véritablement Église, elles ont besoin les unes des autres », a insité Konrad Raiser, et il a cité la formulation de la théologie de la koinonia (communion) tirée de la déclaration de l’Assemblée de Canberra (1990) : « Le but de notre recherche d’une pleine communion sera atteint lorsque toutes les Églises seront en mesure de reconnaître dans chacune des autres, l’Église une, sainte, catholique et apostolique dans sa plénitude. » Et c’est sur ce point que le COE est confronté aux plus grandes interpellations. Les organismes conciliaires oecuméniques comme le COE se situent entre deux pôles : l’ecclésiologie exigeante des catholiques et des orthodoxes et le pluralisme dénominationnel des Églises protestantes et leur à leur autonomie et/ou leur intégrité particulière. L’autre interpellation à l’oecuménisme conciliaire est celle de la participation aux structures, défi ecclésiologique s’il en est un, dans lequel les questions fondamentales sont réciproques, comme celle de la place pour d’autres Églises dans l’ecclésiologie orthodoxe, ou celle de la conception de la catholicité de l’Église pour les dénominations protestantes. Être l’Église dans une communauté conciliaire signifie que l’on accepte de placer l’engagement au centre de l’identité ecclésiale. Cette réflexion est celle aussi de décider soit de donner la priorité à l’approfondissement de liens communautaires existants, soit d’élargir les relations pour inclure des communautés jusqu’à maintenant absentes, et peut-être que ces deux notions ne s’excluent pas mutuellement. L’espace oecuménique dont le COE a la vision, a conclu Raiser, devrait être un espace sûr, sacré (spirituel) et durable.
Le Conseil oecuménique des Eglises (COE) est une communauté de 337 Eglises. Elles sont réparties dans plus de 100 pays sur tous les continents et représentent pratiquement toutes les traditions chrétiennes. L'Eglise catholique romaine n'est pas membre mais elle collabore activement avec le COE. La plus haute instance dirigeante du COE est l'Assemblée, qui se réunit environ tous les 7 ans. Le COE a été formé officiellement en 1948 à Amsterdam, aux Pays-Bas. Le secrétaire général Konrad Raiser, de l'Eglise évangélique d'Allemagne, est à la tête du personnel de l'organisation.
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