Conseil oecuménique des Églises
Bureau de la communication
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La bonne nouvelle aux pauvres ? |
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L'Assemblée du COE réunie au Zimbabwe en 1998 avait invité le Conseil à faire du défi de la mondialisation un élément central de l'ordre du jour oecuménique. Sur la base de ce mandat, le COE s'attache depuis lors à promouvoir une meilleure compréhension des effets de la mondialisation économique et à offrir une plate-forme oecuménique permettant de réagir à ses conséquences. Il se prépare aussi à deux manifestations mondiales à venir : la Conférence internationale sur le financement du développement qui se déroulera au Mexique en mars 2002, et le Sommet mondial sur le développement durable qui se tiendra à Johannesburg en septembre de la même année. Une série de colloques régionaux sur la mondialisation économique s'inscrit dans le cadre de ces efforts. Le premier de ces colloques, sur le thème « La mondialisation et le status confessionis », a été organisé conjointement par le COE et l'Alliance réformée mondiale (ARM) à Bangkok en 1998. Le second, dont le thème était « La mondialisation en Europe centrale et orientale - Réactions aux conséquences écologiques, économiques et sociales de la mondialisation », s'est déroulé à Budapest en juin dernier, sous les auspices conjoints du COE, de l'ARM, de la Conférence des Eglises européennes (KEK) et du Comité régional européen de l'ARM. Le thème du colloque mondial qui se déroule à Nandi, Fidji, du 12 au 17 août, est « La mondialisation économique : l'île de l'espérance ». D'autres réunions régionales sont prévues pour l'Europe occidentale, l'Amérique latine, l'Afrique et l'Amérique du Nord en 2002 et 2003. Cet article consacré à la réunion de Fidji sera suivi de trois interviews de participants et d'un article final résumant les événements. Les interviews seront disponibles en anglais seulement. Les personnes qui souhaient les recevoir sont priées de prendre contact avec le Bureau des relations avec les médias, COE (voir adresse électronique ci-dessous). Des personnes venues de plus de trente pays de toutes les parties du monde se réunissent dans la chaleur et la beauté de Fidji. Toutes sont convaincues de la nécessité de trouver des solutions de rechange à la mondialisation économique. Chacune reconnaît la présence de la mondialisation dans sa vie sous de multiples formes. Mais chacune aussi ressent les effets négatifs des expressions économiques de la mondialisation : la mondialisation accroît la pauvreté plutôt qu'elle ne favorise la croissance économique ; elle multiplie les exclusions et les difficultés ; les décisions sont prises par un tout petit nombre, et ces décisions ont pour effet de pousser de plus en plus de gens en marge de leur propre société. Le débat n'est évidemment pas nouveau. Il se déchaîne dans la rue à l'occasion des réunions de la Banque mondiale, du FMI et du G8 ; il occupe les instituts de recherche, il sollicite la réflexion des intellectuels. Il provoque aussi la profonde inquiétude des communautés de foi. Pourquoi faut-il qu'il y ait des gagnants et des perdants ? Pourquoi le moteur de la prospérité doit-il être la compétition plutôt que la coopération ? Pourquoi la domination doit-elle primer sur la solidarité dans l'économie mondiale ? Pourquoi tant d'indifférence à l'égard du sort des pauvres, où est la compassion ? Comment cette course a-t-elle commencé, où nous mènera-t-elle ? Le Conseil oecuménique des Eglises (COE), en collaboration avec la Conférence des Eglises du Pacifique (CEP), a donc réuni un groupe de personnes en leur disant ceci : « Racontez-nous votre histoire. Mais faites en sorte que, dans votre histoire, il y ait les germes de nouveaux commencements et de nouveaux styles de vie. » Les participants ont été surpris de constater que leurs histoires étaient très semblables. A leur yeux, il est inutile de perdre du temps à discuter de la situation économique toujours plus précaire de millions de gens dans le monde. En revanche, ils sont profondément conscients de l'urgence d'une réflexion et d'un débat sur les stratégies propres à susciter le changement et à rétablir la sécurité et la dignité humaine de ceux qui ont été marginalisés. « L'un des mandats du mouvement oecuménique est de manifester sa solidarité avec les pauvres en donnant une réponse claire à la grande mission qui nous est confiée par Jésus Christ de prêcher la bonne nouvelle aux pauvres, d'annoncer aux captifs la libération et de proclamer une année d'accueil par le Seigneur », affirme Mme Agnes Abuom, du Kenya, membre du Collège présidentiel du COE. « Partout où les forces des ténèbres et de la mort menacent la vie, le mouvement oecuménique se dresse pour condamner, pour dire les choses et pour agir contre ces menaces. En ce moment, l'une des manifestations des forces de la mort qui menacent l'humanité, la vie dans sa plénitude, est précisément la manière dont la gestion économique est pratiquée au niveau mondial », ajoute-t-elle. La bonne nouvelle aux pauvres ? Le président des Etats-Unis George W. Bush la voit manifestement dans la mondialisation économique. Dans un discours prononcé récemment à la Banque mondiale, il a affirmé en effet que « le commerce est bon pour les pauvres, et (en conséquence) ceux qui s'opposent à la libéralisation des échanges commerciaux ne sont pas les amis des pauvres. » Les participants au colloque de Fidji ne sont pas d'accord avec cela. L'économie à dimension mondiale étrangle les petits paysans. Ce qu'ils produisaient naguère pour leur marché national est maintenant importé. Au Kenya, ils exportaient avec profit le café brut mais, depuis qu'ils ont commencé à transformer le café, les marchés du Nord leur sont fermés par des droits de douane exagérément élevés. Il y a bien d'autres exemples de telles injustices économiques. Le travail humain est sous-payé, les abus sont nombreux ; les petites entreprises succombent sous la pression de l'exploitation multinationale. « Nous croyons en une foi qui affirme la vie. Notre foi nous interdit de rester silencieux alors que des femmes et des hommes sont détruits, victimes d'abus ou de manipulations », affirme Mme Abuom. « Le COE peut réunir des gens à tous les niveaux : mondial, régional et local - comme il le fait ici à Fidji. Nous avons une analyse particulière que d'autres parties de la société civile ne sont peut-être pas en mesure d'exprimer aussi clairement. Le COE, aux côtés d'autres communautés de foi, apporte sa perspective éthique et met l'accent sur la dimension spirituelle de la vie, que d'autres nient systématiquement. Si vous considérez les protestations formulées par la société civile ces dernières années, vous constatez qu'elles parlent de la vie, mais non des ressources spirituelles des gens, des questions éthiques. L'une des contributions majeures du mouvement oecuménique, y compris du COE, consiste à soulever ces questions. » A la réunion de Fidji, les participants venus du Pacifique et d'Afrique ont distingué dans leurs valeurs communautaires essentielles - telles que la justice, la participation et la solidarité - des éléments de solutions de rechange aux valeurs qui régissent la mondialisation économique. En Afrique, la Banque mondiale, en particulier, a cherché à établir un dialogue avec les Eglises en parlant de partenariat et de collaboration. Pour Mme Abuom, de telles initiatives suscitent de nouveaux défis : « Certes, nous devons établir des ponts avec ces institutions. Le dialogue est important. Mais elles doivent savoir d'où nous venons. Nous sommes des gens de foi. Cette foi nous incite à espérer en un avenir meilleur, mais elle nous donne aussi la force d'ouvrir résolument les portes, de telle sorte que les voix de toutes les victimes de la cupidité ou de la prospérité des autres puissent se faire entendre et être respectées. »
Le Conseil oecuménique des Eglises (COE) est une communauté de 342 Eglises. Elles sont réparties dans plus de 100 pays sur tous les continents et représentent pratiquement toutes les traditions chrétiennes. L'Eglise catholique romaine n'est pas membre mais elle collabore activement avec le COE. La plus haute instance dirigeante du COE est l'Assemblée, qui se réunit environ tous les 7 ans. Le COE a été formé officiellement en 1948 à Amsterdam, aux Pays-Bas. Le secrétaire général Konrad Raiser, de l'Eglise évangélique d'Allemagne, est à la tête du personnel de l'organisation.
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