COMITÉ CENTRAL
Genève, Suisse
26 août - 3 septembre 1999

POUR EXAMEN ET DÉCISION

Document No. I&T 3

Rapport du Comité d'examen des directives II

Préliminaires: mandat et tâche du Comité

1. Le Comité a commencé par consacrer un temps considérable à cerner clairement sa tâche (telle qu'elle est définie dans le document GS 5 et l'ordre du jour annoté distribué aux membres) et à éliminer les malentendus concernant son rôle au sein des nouvelles structures, malentendus qui avaient donné lieu à une certaine confusion et à quelques frustrations. Après discussion, le Comité a défini comme suit sa tâche et son ordre du jour:


Padare

2. A l'issue de longues discussions, le Comité a été unanime à reconnaître que le modèle du Padare offre un "espace libre" précieux et accueillant, permettant aux membres du Comité central d'échanger leurs vues, leurs préoccupations et leurs expériences. On a conclu qu'il serait possible d'inclure, au sein du Padare, des réunions favorisant le plus possible l'interaction et d'autres conçues de manière plus didactique, avec des exposés; certaines devraient enrichir l'ordre du jour du Comité central, tandis que d'autres permettraient aux membres de ce dernier de mieux faire connaissance et de se familiariser réciproquement avec leurs situations. Après discussion, on a admis que rien ne s'oppose à l'utilisation du terme de Padare hors de l'Afrique, car il constitue un enrichissement du vocabulaire oecuménique digne d'être approfondi, utilisé et compris dans divers contextes locaux.

3. On recommande ce qui suit:

  1. on prévoira d'organiser un Padare à chaque future réunion du Comité central;
  2. avant les réunions, on invitera des membres du Comité central à formuler des suggestions à propos du Padare ou à animer des réunions dans son cadre;
  3. les décisions concernant les sujets et les modalités pratiques (nombre de réunions et durée, etc.) seront confiées au Comité exécutif et devront faire l'objet d'une préparation attentive;
  4. on nommera un petit "groupe d'écoute du Padare" qui suivra ce processus au cours des sessions du Comité central;
  5. à l'intérieur du Padare, on assurera une certaine souplesse pour faire place à des approches différentes (cf. § 2 ci-dessus);
  6. on laissera également ouverte la question de savoir si le Padare doit avoir un rapport avec l'ordre du jour du Comité central ou s'il doit permettre l'examen sans contrainte de divers sujets de préoccupation;
  7. on examinera la possibilité d'adopter la formule du Padare pour certaines séances plénières du Comité central.
4. A la suite de la discussion sur les réactions aux dix réunions du Padare de la session en cours du Comité central,
  1. des recommandations ont été formulées au Comité du programme concernant:
    • la poursuite du "dialogue entre protestants et orthodoxes" dans le cadre de la Commission spéciale et des débats des sessions ultérieures du Comité central;
    • la nécessité pour le COE et la KEK de prendre d'urgence des initiatives au sujet de la situation dans les Balkans et notamment au Kosovo;
    • le soutien au projet de programme de formation oecuménique des jeunes;
    • la priorité la plus grande à accorder aux programmes (inter-équipes) sur la spiritualité oecuménique;

  2. on recommande que lors de la prochaine session du Comité central on consacre toute une séance délibérante plénière à des questions comme le commerce mondial, l'économie internationale, etc., telles qu'elles ont été évoquées dans la réunion du Padare sur l'OMC.

Plénière sur l'Afrique

5. On a salué l'occasion donnée par les séances plénières sur l'Afrique d'approfondir les questions soulevées à l'Assemblée de Harare, bien qu'un certain nombre de délégués aient estimé que ces séances n'avaient pas fait vraiment avancer le débat ni offert aux non-Africains la possibilité d'examiner comment ils pourraient aider les Eglises africaines à relever les défis qui se posent à elles; on a déploré notamment que l'on se soit peu référé au document sur l'Afrique (I & T 1) et aux questions qu'il soulève, qui auraient pu constituer un cadre utile à la poursuite des activités du programme sur l'Afrique.

6. C'est pourquoi on recommande que, dans le contexte de l'Afrique, on poursuive le travail - par le biais d'une approche intégrée - sur les sujets suivants:

  1. les conséquences des guerres et des conflits (en relation avec la DVC); le micro-désarmement; les femmes et les enfants dans les situations de conflits;
  2. la justice économique, y compris la mondialisation de l'économie; l'endettement et la conduite des affaires politiques dans l'optique des droits et de la dignité de la personne humaine;
  3. la spiritualité et la promotion de valeurs éthiques qui permettent de vivre dans la dignité au sein d'une communauté durable.

Plénières régionales

7. On a souligné avec force la valeur des "plénières régionales", qui permettent aux Eglises de s'engager dans le dialogue, d'écouter les voix de la région et d'enrichir l'ordre du jour oecuménique. On recommande que les plénières régionales deviennent un élément régulier des sessions du Comité central (sans que cela soit obligatoirement aux dépens des séances plénières délibérantes consacrées à d'autres sujets). Après étude des différentes suggestions formulées dans les réunions régionales et les petits groupes, de même qu'au sein du Comité (Asie, Europe, Moyen-Orient), on recommande que, lors de la prochaine session du Comité central, il y ait une plénière sur l'Asie au cours de laquelle on se penchera notamment sur la dimension économique et qui donnera aux délégués d'autres régions l'occasion de réfléchir à la signification, pour leurs Eglises et contextes respectifs, des questions soulevées.

8. En ce qui concerne le problème des enfants dans les situations de conflit armé, qui a été abordé dans la perspective des propos adressés au Comité central par M. Olara Otunnu, représentant spécial du secrétaire général des Nations Unies, et de la résolution du Conseil de sécurité de l'ONU du 29 août 1999, un projet de déclaration préparé par la réunion régionale de l'Afrique a été transmis au Comité des questions d'actualité.


Rapports régionaux

9. En prenant acte des rapports des réunions régionales, le Comité a noté et approuvé un large éventail de domaines de travail et de préoccupations (par exemple concernant la spiritualité, l'identité, la mondialisation, le dialogue interreligieux, les questions relatives à la viabilité écologique, et les cultures autochtones) en rapport avec les programmes du COE existants; on a exprimé l'espoir que le COE continuerait, dans ce cadre, à encourager les initiatives et projets régionaux et à leur assurer sa collaboration. On a distingué les "questions à discuter" ci-après, qui sont recommandées à l'examen attentif du personnel et des organes directeurs du COE lors de leurs prochaines réunions :

  1. les questions touchant l'ethnicité, l'identité, le territoire et l'Eglise, y compris la relation entre la religion et les conflits ethniques, les effets politiques et économiques de l'émergence de formes abusives de la religion, du racisme et de la xénophobie;
  2. les implications de l'héritage du colonialisme et de la guerre froide pour le processus de réconciliation;
  3. la mobilisation des jeunes dans la quête du renouveau spirituel et de l'unité des chrétiens;
  4. l'organisation, en consultation avec les Eglises membres, les partenaires et les organisations oecuméniques régionales, d'un colloque international sur la paix et la sécurité en Asie du Nord-Est;
  5. la création d'un cadre permettant au COE d'accepter l'offre spécifique de l'Afrique du Sud en relation avec la vérité et la réconciliation;
  6. la révision des orientations missionnaires dans les cas où elles recèlent un potentiel de division, voire de violence, dans le contexte local.

Décennie "vaincre la violence"

10. On trouvera en annexe un projet révisé du message à envoyer aux Eglises membres et autres instances à propos de la Décennie "vaincre la violence".

11. Durant les séances du Padare, la plénière sur l'Afrique et les réunions régionales, on a distingué un certain nombre de questions qu'il importe d'étudier dans le contexte de la DVV - parmi lesquelles le développement de la militarisation internationale, la prolifération des armes individuelles, le règlement des conflits et l'édification de la paix, et les liens entre la DVV et les conflits religieux et ethniques.


Questions relatives au processus, à la composition du personnel, etc.

12. Le Comité recommande que les points suivants soient pris en considération dans la planification des prochaines sessions du Comité central et le processus appliqué dans les réunions de celui-ci, ainsi que dans la suite du processus CVC:

  1. on réfléchira à la méthodologie dominante, avec l'accent qu'elle place sur l'étude de documents présentés souvent peu avant leur discussion et rédigés dans une langue assez compliquée, et on l'appréciera par rapport à d'autres styles de travail plus familiers à certaines personnes;
  2. il faut approfondir le travail sur les questions de la communication, par exemple en renforçant les liens entre le COE et les organisations oecuméniques régionales, de même qu'à l'intérieur des régions;
  3. il faut saluer avec satisfaction la manifestation, dans les sessions du Comité Central, d'un sentiment de responsabilité mutuelle impliquant à la fois le soutien et la mise en question; mais il faudrait accorder aussi plus d'attention à l'élaboration d'un processus cohérent permettant de distinguer et de discuter les questions qui se dégagent des réunions régionales;
  4. la planification du processus de conduite des réunions doit se fonder sur une grande sensibilité - même en relation, par exemple, à la manière dont les participants sont répartis dans la salle et au souci de garantir la participation de tous les membres du Comité;
  5. on se préoccupe du fait que certaines régions (par exemple l'Asie et les Caraïbes) sont sous-représentées dans la structure actuelle du personnel: il est important que les aspirations et les perspectives de toutes les régions soient reflétées dans la composition du personnel et que, dans le développement des activités et l'établissement des priorités selon le processus CVC, on prenne attentivement en considération la méthodologie la plus appropriée (au sein du COE lui-même, au niveau des organisations oecuméniques régionales ou dans les efforts de collaboration).


DECENNIE "VAINCRE LA VIOLENCE" (DVV)
Les Eglises à la recherche de la réconciliation et de la paix

Message du Comité central du Conseil oecuménique des Eglises


Recherche la paix et poursuis-la!
(Psaume 34,15)

En réponse à l'appel formulé par la Huitième Assemblée du Conseil oecuménique des Eglises, nous lançons une Décennie "vaincre la violence" qui se déroulera de 2001 à 2010 et nous invitons les Eglises, groupes oecuméniques, chrétiens et personnes de bonne volonté à y participer.

Nous sommes réunis pour la première session du Comité central après l'Assemblée de Harare, à la fin du siècle le plus violent de l'histoire de l'humanité. Nous sommes convaincus que les Eglises sont appelées à donner au monde un témoignage clair de la paix, de la réconciliation et de la non-violence fondées sur la justice.

Nous nous souvenons des saints et des martyrs qui ont donné leur vie en témoignant de Dieu contre les puissances de la violence, de la destruction et de la guerre. Nous rappelons le témoignage de tous ceux qui sont devenus des signes d'espérance dans leurs communautés respectives et au delà, en montrant qu'il existe des moyens de sortir du cycle fatal de la violence. En tant que représentants des Eglises membres du Conseil oecuménique des Eglises, nous sommes inspirés par le message évangélique de la paix du Christ, de l'amour et de la réconciliation, et par la riche tradition biblique de paix et de justice. La promesse divine de vie et de paix pour toute l'humanité et la création nous appelle à mettre notre vie en accord avec notre foi, en tant qu'individus et en tant que communautés.

Mais nous sommes aussi conscients que les chrétiens et les Eglises ont contribué, par leurs paroles et leurs actes, à l'accroissement de la violence et de l'injustice dans un monde d'oppression et de compétition impitoyable. Nous aspirons à une communauté humaine dont nul ne soit exclu et où chacun puisse vivre dans la paix et la dignité. Alors que nous nous engageons dans des efforts constructifs en vue d'édifier une culture de paix, nous savons que cela exige de nous un processus de changement profond, qui commence par la repentance et un engagement renouvelé, s'inspirant des sources mêmes de notre foi.

Nous devons cesser d'être des spectateurs de la violence ou de nous borner à la déplorer, et nous employer à la vaincre, à l'intérieur et à l'extérieur de l'Eglise. Nous nous souvenons, et nous rappelons aux Eglises, que nous portons la responsabilité commune de prendre position hardiment contre tous ceux qui défendent les structures injustes et oppressives, le racisme, le recours à la violence, et notamment à celle qui s'exerce contre les femmes et les enfants, et les actes de violation flagrante des droits de l'homme commis au nom d'une nation ou d'un groupe ethnique quelconque. Si les Eglises ne combinent pas leur témoignage en faveur de la paix et de la réconciliation à la quête de l'unité entre elles, elles échouent dans leur mission au monde. En laissant de côté ce qui les sépare, en donnant une réponse oecuménique au défi auquel elles sont confrontées, en prouvant que la non-violence est une approche active du règlement des conflits et en offrant, en toute humilité, ce que Jésus Christ a enseigné à ses disciples, les Eglises transmettent un message unique au monde malade de la violence.

Partout dans le monde, des paroisses et des Eglises donnent des exemples positifs et encourageants. Nous reconnaissons la valeur du témoignage rendu depuis longtemps par les traditions monastiques et les "Eglises traditionnellement pacifistes", et nous voulons réaffirmer leur contribution dans le cadre de la Décennie. Certaines paroisses et Eglises sont devenues des centres de réflexion et de formation en vue de la non-violence active dans leurs contextes respectifs. Elles font preuve du courage, des capacités et de la créativité qui sont nécessaires pour pratiquer la non-violence active et la résistance non violente. Elles sont sensibles à la destruction de la nature et se concentrent sur la situation des groupes les plus vulnérables. La contribution à l'édification d'une culture de paix implique notamment qu'on écoute les récits de ceux qui sont les premières victimes de la violence, et notamment des pauvres, des femmes, des jeunes et des enfants, des personnes handicapées et des populations autochtones.

Nombreux sont ceux qui nous enseignent, par leur exemple, que la présence dans les situations de violence, dans les rues et dans les régions déchirées par la guerre, et l'engagement actif auprès des victimes et des auteurs de la violence sont la clé de tout processus de transformation et de changement. Avant l'Assemblée de Harare, le Programme du COE "vaincre la violence" et la Campagne "Paix dans la ville" l'ont montré: la paix se fait concrètement, elle se développe au niveau de la base et elle se nourrit de la créativité des gens qui coopèrent dans le cadre local avec la société civile et s'engagent dans le dialogue et l'action commune avec les adeptes d'autres religions. Les groupes formés dans les sept villes participant à la campagne se sont renforcés et encouragés mutuellement en partageant leurs expériences dans différents contextes et en acquérant de nouvelles perspectives issues de leurs réflexions et de leurs échanges au niveau mondial.

La Décennie "vaincre la violence" fournira un cadre de partage des récits et des expériences, de resserrement des relations et d'apprentissage réciproque. La Décennie se fondra sur les initiatives déjà mises en place; nous sommes conscients que nos activités sont parallèles à celles de la "Décennie des Nations Unies pour une culture de paix et de non-violence en faveur des enfants du monde". Nous espérons établir des liens avec des initiatives de ce genre et les aider à se motiver et à se renforcer réciproquement. Nous encouragerons les Eglises à s'entraider et à se soutenir dans leur ministère. Avec la Décennie "vaincre la violence", nous offrirons un espace authentiquement oecuménique, propice aux rencontres, à la reconnaissance mutuelle et à l'action commune. Nous lutterons ensemble pour surmonter l'esprit, la logique et la pratique de la violence. Nous travaillerons ensemble à être des agents de la réconciliation, de la paix et de la justice dans la famille, l'Eglise et la communauté ainsi que dans les structures politiques, sociales et économiques aux niveaux national et international. Nous coopérerons à l'édification d'une culture de la paix fondée sur des communautés justes et viables.

La vision évangélique de la paix est source d'espérance, dans la perspective du changement et d'un nouveau commencement. Ne nous montrons pas indignes de ce qui nous a été donné. Partout dans le monde, les gens attendent impatiemment de nous, chrétiens, que nous devenions ce que nous sommes: les enfants de Dieu incarnant le message d'amour, de paix, de justice et de réconciliation.

La paix est possible. La paix est réalisable. Recherchez la paix et poursuivez-la.

Heureux ceux qui font oeuvre de paix: ils seront appelés enfants de Dieu.
(Matthieu 5,9)



CADRE GENERAL DE LA DECENNIE OECUMENIQUE "VAINCRE LA VIOLENCE"
Document de travail adopté par le Comité central du COE
26 août - 3 septembre 1999

Introduction

La Huitième Assemblée du Conseil oecuménique des Eglises s’est réunie à l’ombre d’une croix africaine à Harare, Zimbabwe, pour définir les priorités et les programmes des sept années à venir. Sous le signe du thème de l’Assemblée "Tournons-nous vers Dieu dans la joie de l’espérance", les délégués ont instauré la Décennie oecuménique "vaincre la violence" (DVV). L’Assemblée a affirmé que le COE doit "adopter avec les Eglises une stratégie visant à créer une culture de la non-violence, cela en travaillant en lien et en interaction avec d’autres partenaires et organismes internationaux, et en explorant et développant des méthodes appropriées pour le règlement des conflits et l’instauration d’une paix juste, dans le contexte nouveau, né de la mondialisation." En conséquence, le COE entend approfondir ses liens de solidarité avec l’Afrique et croître ensemble avec la communion mondiale de ceux qui édifient des cultures de non-violence et de paix.

Conformément au mandat de l’Assemblée, le COE mettra l’accent, durant la Décennie "vaincre la violence", sur le mot "vaincre" plutôt que sur celui de "violence". C’est pourquoi la méthodologie soulignera les expériences positives des Eglises et des groupes qui s’efforcent de vaincre la violence. La Décennie "vaincre la violence" doit être enracinée dans les expériences et le travail des Eglises et des communautés locales. Le COE peut favoriser les échanges, faire office de centrale et mettre en lumière les expériences d’édification et de maintien de la paix, et de prévention de la violence au niveau local. Mais la Décennie "vaincre la violence" devrait aussi aller au-delà des structures du COE à Genève pour inclure toutes les Eglises membres et non membres, les ONG et d’autres organisations engagées en faveur de la paix.

C’est pourquoi la Décennie "vaincre la violence" permettra de faire connaître les initiatives des Eglises, des organisations oecuméniques et des mouvements de la société civile pour vaincre différentes formes de violence, et de constituer des réseaux entre eux. Le COE devrait chercher à établir des points de contact avec les objectifs, les programmes et la structure de la Décennie internationale des Nations Unies pour la promotion d’une culture de la non-violence et de la paix au profit des enfants du monde (2001-2010). Il est essentiel que la Décennie "vaincre la violence" se concentre sur la contribution spécifique et unique que peuvent apporter tant les Eglises membres à titre individuel que le COE dans son ensemble.

S’appuyant sur la riche expérience des programmes du COE en faveur de la paix et de la justice, les organisateurs des activités de la Décennie peuvent s’inspirer de divers modèles de coordination d’une décennie, de ses campagnes et de ses programmes, tout en assurant une certaine continuité avec ces initiatives. On considérera notamment les méthodes suivantes: les visites d’équipes et les Lettres vivantes (telles celles de la Décennie oecuménique "Les Eglises solidaires des femmes") pour prendre en compte les préoccupations et les points de vue du monde entier; le World Wide Web, les vidéos et les publications (campagne "Paix dans la ville"); les échanges et les visites. La Décennie "vaincre la violence" devrait approfondir ces méthodes et poursuivre le travail déjà accompli dans le cadre du Programme "vaincre la violence" et de la campagne "Paix dans la ville".

I. OBJECTIFS

Pour faire passer l’édification de la paix de la périphérie au centre de la vie et du témoignage de l’Eglise, pour sceller des alliances plus solides et pour favoriser la compréhension entre les Eglises, les réseaux et les mouvements qui oeuvrent à une culture de paix, les objectifs de la Décennie "vaincre la violence" sont les suivants:
  • Se pencher de manière globale sur les multiples formes de la violence, tant directe que structurelle, dans les familles et les communautés et sur le plan international, et tirer la leçon des analyses locales et régionales de la violence et des moyens de la vaincre.
  • Mettre les Eglises en demeure de vaincre l’esprit, la logique et la pratique de la violence; renoncer à toute justification théologique de la violence; réaffirmer la spiritualité de la réconciliation et de la non-violence active.
  • Créer une nouvelle conception de la sécurité, exprimée par la coopération et la communauté plutôt que par la domination et la compétition.
  • Se mettre à l’écoute de la spiritualité et des efforts d’édification de la paix des autres religions pour collaborer avec leurs communautés à la recherche de la paix, et mettre les Eglises en demeure de réfléchir au mauvais usage que les sociétés pluralistes font des identités religieuses et ethniques.
  • Mettre en question la militarisation croissante de notre monde, notamment la prolifération des armes légères.
II. CADRE GÉNÉRAL DE LA DÉCENNIE "VAINCRE LA VIOLENCE"

1. Comment concevoir et mettre en oeuvre la Décennie "vaincre la violence"
  • Offrir de multiples voies d’accès et domaines de préoccupation aux Eglises et aux groupes pour leur permettre de faire entendre leur voix.
  • Mettre en place et encourager une communication novatrice, efficace et professionnelle, élément clé de la Décennie "vaincre la violence" et de son succès.
  • Garder le même élan tout au long des dix ans.
  • Recourir à diverses méthodologies, en fonction des buts spécifiques.
  • Formuler des objectifs clairement définis pour le milieu de la Décennie (Assemblée de 2005) ainsi que pour son achèvement en 2010.
  • Faire participer tous les secteurs et équipes du COE à la Décennie.
2. Les deux étapes de la Décennie "vaincre la violence"
  • 2001-2005, avec pour point culminant la Neuvième Assemblée du COE de 2005
  • 2006-2010, débouchant sur une célébration marquant la fin de la Décennie.
3. Phases de la Décennie "vaincre la violence"
  • Phase I: 1999-2000: Préparation de la Décennie et lancement Le Comité central du COE invitera les Eglises membres et les partenaires oecuméniques à participer à la Décennie oecuménique "vaincre la violence". Le Comité central du COE demandera aux réunions oecuméniques régionales de définir leurs priorités et leurs projets et ainsi de contribuer à plusieurs choses: l’élaboration d’une structure, la formulation du message de base, la mise en place de l’organisation nécessaire et la préparation d’un budget pour la coordination et la planification, la définition et la réalisation de stratégies de communication, les préparatifs en vue du lancement.

  • Phase II: 2001-2004: Lancement et manifestations de la DVV
    En janvier 2001, le lancement aura lieu simultanément en différents endroits, avec la participation des paroisses et groupes locaux et l’organisation de manifestations internationales d’envergure. La DVV évoquera divers problèmes et recourra à des méthodologies adéquates, qui devront être intégrées dans la planification, la communication, les manifestations et la définition des objectifs communs.

  • Phase III: 2004: Synthèse fondée sur l’analyse et les expériences issues de divers contextes
    Sur la base des problèmes et des expériences, le COE fera connaître les modèles novateurs d’action en faveur de la paix mis en place au cours des trois premières années, afin de renforcer les réseaux et de créer de nouvelles alliances.

  • Phase IV: 2005: Analyse / évaluation / préparation en vue de l’Assemblée et des cinq années suivantes
    L’analyse et l’évaluation de la première étape de la DVV permettront de faire le point sur le processus et de se poser les questions suivantes: Quelles sont les leçons apprises? Quels sont les défis lancés aux Eglises? Que font les Eglises? Que reste-t-il à faire? Des échanges sur la stratégie et des visites faciliteront l’écoute et l’apprentissage mutuels. Les résultats seront intégrés à la préparation de l’Assemblée et donneront un nouvel élan en vue de la seconde étape conduisant à 2010.

  • Phase V: 2005-2010: Neuvième Assemblée du COE
    Mise en commun des enseignements tirés de la première étape de la Décennie et des problèmes qui se posent. Elaboration et adoption des priorités et du programme d’action pour la période 2006 - 2010.
4. Approches et méthodes possibles
  1. Etudes
    Poursuivre et élargir les réflexions théologiques sur la violence et la non-violence dans la perspective de la dignité et des droits de la personne humaine et de la communauté; étude de la Bible accessible à tout et conçue comme une démarche permanente (contextuelle, intercontextuelle, interculturelle); étude et analyse des travaux des commissions "vérité et réconciliation".
    Engager les Eglises et les réseaux régionaux dans une réflexion sur la violence et l’édification de la paix dans le contexte de problèmes liés aux structures: racisme, mondialisation, violence envers les femmes, violence chez les jeunes, violence envers les enfants, etc.

  2. Campagnes
    Offrir un soutien pratique et solidaire aux Eglises et groupes qui s’efforcent de mettre en place des campagnes ciblées et dynamiques sur des sujets particuliers, avec pour objectif de prévenir les conflits, de les faire évoluer et de vaincre la violence dans les contextes qui sont les leurs. Encourager les Eglises et les organisations à former des réseaux en vue de campagnes internationales spécifiques.

  3. Education
    Rassembler, rédiger et faire connaître le programme de formation à la paix destiné aux enfants, aux jeunes et aux adultes en s’inspirant de modèles existants et en se plaçant surtout dans une perspective chrétienne; former des réseaux constitués d’éducateurs et d’experts ainsi que d’instituts de théologie qui s’occupent de règlement et de médiation des conflits. Mettre en question les systèmes éducatifs actuels et les médias qui perpétuent l’esprit de concurrence, l’individualisme agressif et la violence, surtout chez les enfants.

  4. Culte et spiritualité
    Faire connaître les documents et les pratiques de culte et de prière de diverses traditions et cultures qui inspirent nos efforts communs en vue de la paix et de la réconciliation. La notion de metanoia est particulièrement importante lorsque les Eglises assumeront leur part de responsabilité dans les actions violentes d’hier et d’aujourd’hui. La metanoia implique la confession, la repentance, le renouveau et la célébration de la foi et constitue donc un fondement de la culture de paix.

  5. Raconter son histoire: "forum" de la Décennie
    Grâce au World Wide Web, aux publications, aux vidéos, aux manifestations et aux échanges personnels, les Eglises, les communautés, les groupes et les personnes peuvent échanger leurs expériences sur la violence et leurs initiatives pour la vaincre et favoriser une culture de paix. Ces récits mettent en rapport les gens et leurs actions, favorisent la solidarité, permettent le partage des ressources et des idées et permettent de progresser vers la mise en oeuvre des objectifs de la Décennie, en particulier au cours de sa seconde étape, de 2006 à 2010.
5. Problèmes
La "violence" n’est pas seulement physique, elle est aussi émotionnelle, intellectuelle et structurelle. Dans la DVV, l’accent est mis sur la réaction à toutes les formes de violence et sur leur prévention. Il s’agit de:
  • Vaincre la violence entre les nations
  • Vaincre la violence au sein des nations
  • Vaincre la violence dans les communautés locales
  • Vaincre la violence dans la famille
  • Vaincre la violence dans l’Eglise
  • Vaincre la violence sexuelle
  • Vaincre la violence socio-économique
  • Vaincre la violence résultant des blocages économiques et politiques
  • Vaincre la violence chez les jeunes
  • Vaincre la violence associée aux pratiques religieuses et culturelles
  • Vaincre la violence existant dans les systèmes juridiques
  • Vaincre la violence à l’encontre de la création
  • Vaincre la violence résultant de la haine raciale et ethnique
III. CONCLUSION

La Décennie oecuménique "vaincre la violence" doit permettre de mobiliser les énergies et les attentes des Eglises, des organisations oecuméniques, des groupes et mouvements du monde entier autour de la contribution positive, concrète et unique que les Eglises peuvent apporter à l’édification d’une culture de paix. La forme et la méthodologie de la DVV doivent être clairement définies, tout en restant assez ouvertes pour faire place à la créativité et à l’énergie dynamique des Eglises et des divers groupes de la société. La structure de la DVV dépendra des suggestions, des plans et de la direction venus des Eglises membres du COE et des partenaires oecuméniques qui définiront les questions en jeux et les étapes à franchir pour aller de l’avant.

Ce document servira de cadre aux mesures préparatoires à la Décennie "vaincre la violence". Tout au long de cette Décennie, le Comité exécutif et le Comité du programme en suivront les progrès et en préciseront les objectifs et les méthodes d’action.



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