Conseil oecuménique des Églises Bureau de la communication
Communiqué de presse

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13 décembre 1998

HARARE: LA CÉLÉBRATION DU CINQUANTENAIRE DU COE
A ÉTÉ MARQUÉE PAR LA PRÉSENCE DE NELSON MANDELA

Huitième Assemblée du COE - Communiqué de Presse No 27


Harare, dimanche après-midi, 13 décembre 1998. La cérémonie de célébration du cinquantenaire du Conseil oecuménique des Eglises (COE) peut commencer. Le pasteur Canon Clement Janda, secrétaire général de Conférence des Eglises de toute l'Afrique (CETA) accueille près de trois mille des participants à la VIIIe Assemblée. C'est l'ambiance des grands jours oecuméniques. Il faut dire qu'on attend le président Nelson Mandela d'une minute à l'autre. Il a fait le déplacement depuis Johannesbourg pour répondre à l'invitation du COE de s'associer à la grande fête du jubilé.

Au parterre du Great-Hall de l'Université de Harare, la foule la plus bigarrée du monde: popes orthodoxes, femmes en boubou, révérends en costume-cravate ou en tee-shirt, on ne compte plus les formes et les couleurs. Une musique à faire danser un pasteur réformé. La salle s'échauffe. Une rumeur monte. Mandela entre dans la salle qui se lève. Il a le plus beau sourire du monde, surtout quand il danse à l'invitation de la chorale et des percussionnistes qui l'accueillent sur la scène.

"Je ne serais pas parmi vous si les Eglises n'avaient pas été là." L'ancien leader de l'ANC se souvient. Dans les moments les plus difficiles de son long combat contre l'apartheid, il a pu compter sur leur soutient. En prison, où il n'était autorisé à recevoir une visite de sa famille que deux fois par an, il a apprécié le réconfort des aumôniers qui l'encourageaient à tenir bon. Il savait aussi, qu'à l'extérieur, les Eglises faisaient tout ce qu'elles pouvaient pour aider le mouvement anti-apartheid, y compris certains des mouvements de libération. Le COE les soutenait grâce à un fonds spécial dégagé dans le cadre de son fameux plan de lutte contre le racisme. Le président Mandela a ainsi exprimé sa reconnaissance aux Eglises, en particulier pour leur travail d'éducation qui a permis de former la génération de jeunes africains à qui l'on doit aujourd'hui l'indépendance et l'émancipation de pays comme l'Afrique du Sud ou le Zimbabwe: "Je l'ai dit au président Mugabe - qui a assisté à cette célébration - qui est plus jeune que moi: nous devons tout aux Eglises."

Parvenu à la fin de sa vie publique, le vieux leader a lancé un vibrant appel à la paix à l'adresse de tout le continent africain: "Aujourd'hui, notre meilleure arme pour défendre l'Afrique, c'est la paix." En faisant une allusion directe aux événements récents qui replongent certains Etats africains dans la guerre, le président Mandela a insisté sur la nécessité de promouvoir la démocratie et le développement économique sans lesquels la paix ne viendra pas. Et c'est à ce nouveau combat - qui passe entre autre par l'annulation de la dette des pays pauvres - qu'il a appelé le COE à s'engager.

La cérémonie du jubilé a été celle du souvenir ému de cinquante ans d'engagement oecuménique au service de l'unité des Eglises et de celle de l'humanité tout entière. Pauline Webb, élue vice-présidente du Comité central en 1968 à Upsal, a parcouru ce long demi-siècle. Amsterdam en 1948, où des Eglises encore traumatisées du bruits des armes déclarent solennellement : "Nous voulons demeurer ensemble.". Puis Evenston, aux Etats-Unis, où la deuxième Assemblée proclame que le Christ est le sauveur du monde à l'époque (1954) où celui-ci se fige dans la guerre froide. En 1961, le COE fait pour la première fois étape dans ce que l'on appelle alors un pays du tiers-monde : New Delhi, qui rappellera que Christ est la lumière du monde. Viennent sept ans plus tard les turbulences de 68 : "Voici, je fais toutes choses nouvelles." On ne pouvait rêver un meilleur thème, et tellement de circonstance. C'était à Upsal, en Suède. Le rêve d'un grand absent inspire l'Assemblée. Dans la fidélité au message de Martin Luther King, le COE lance son programme de lutte contre le racisme. Après le nord, le sud et, pour la première fois, l'Afrique. C'est à Nairobi, en 1975, que le COE tient sa cinquième Assemblée: "Jésus-Christ libère et unit."

A l'évocation de chaque Assemblée, Pauline Webb demande à tous ceux qui y participaient de se lever. Ils commencent à être un peu plus nombreux à le faire cette fois-ci alors qu'il n'était qu'une petite dizaine a avoir été présents à Amsterdam. Parmi eux, Philip Poter, jeune délégué à la toute première Assemblée. En 1983, la VIe Assemblée se tient à Vancouver. Les Eglises s'engagent alors à dire leur refus de l'utilisation et même de la fabrication de toute arme de destruction. Si l'on veut la paix, il faut préparer la paix. "Viens, Esprit Saint, renouvelle la création." L'Assemblée de Canberra souhaite porter un nouveau regard sur la création menacée. Sept fois sept ans ont passé depuis Amsterdam. C'est le temps du jubilé. C'est l'heure du bilan. A Harare, la VIIIe Assemblée s'est "tournée vers Dieu". Dans la joie de l'espérance.

Pour toute information complémentaire, s'adresser à: John Newbury, responsable de l'information du COE
Bureau à Harare
Tél. : +263.91.23.23.81
Adresse électronique: WCC media


Le Conseil oecuménique des Eglises (COE) est une communauté de 339 Eglises. Elles sont réparties dans plus de 100 pays sur tous les continents et représentent pratiquement toutes les traditions chrétiennes. L'Eglise catholique romaine n'est pas membre mais elle collabore activement avec le COE. La plus haute instance dirigeante du COE est l'Assemblée, qui se réunit environ tous les 7 ans. Le COE a été formé officiellement en 1948 à Amsterdam, aux Pays-Bas. Le secrétaire général Konrad Raiser, de l'Eglise évangélique d'Allemagne, est à la tête du personnel de l'organisation.