Conseil oecuménique des Églises Bureau de la communication
Communiqué de presse

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4 décembre 1998

POUR SA SAINTETÉ ARAM Ier, LE PROCESSUS DE RECHERCHE D'UNE VISION COMMUNE DU COE N'EN EST QU'A SES DÉBUTS
Huitième Assemblée du COE - Communiqué de Press No 4


Le catholicos arménien de Cilicie, Sa Sainteté Aram 1er, a présenté de larges extraits de son rapport présidentiel aux 900 délégués de la VIIIe Assemblée du Conseil oecuménique des Eglises qui se tient actuellement à Harare (Zimbabwe) jusqu'au 14 décembre. Un genre qu'il affectionne particulièrement et dans lequel il s'exprime avec force, conviction et autorité. Dressant un vaste panorama des activités du Conseil depuis la dernière Assemblée, le catholicos s'est livré à une évaluation critique des programmes et des initiatives particulières du Conseil en les replaçant dans le contexte d'un mouvement oecuménique en pleine mutation.

La deuxième partie du rapport présidentiel était consacrée à la signification que le COE entendait donner à la célébration de son jubilé au moment où il s'interroge sur sa vocation et son avenir. Question cruciale posée à la communauté fraternelle d'Eglises imaginée il y a cinquante comme un instrument au service de l'unité et non pas une fin en soi. A l'époque, cette nouvelle institution apparaissaît comme "une solution d'urgence temporaire, une étape". Depuis Amsterdam, d'autres étapes ont été franchies avec plus ou moins de difficultés. La direction de celle qui succèdera à Harare paraît assez imprécise et encore lointaine. Le président du Comité central a par ailleurs rappelé l'intention particulière de l'Assemblée de situer cette célébration dans le cadre de la commémoration de la Déclaration universelle des droits de l'homme, adoptée en 1948 par les Nations unies, et à laquelle le COE a toujours accordé une grande importance.

Représentant éminent de la sensibilité orthodoxe et orientale, Aram 1er s'est donc attardé une nouvelle fois sur sa propre "conception et vision commune du COE". Contrairement à ce qu'on avait pu imaginer à ses débuts, le processus de réflexion qui a donné le jour au document CVC doit être considéré aujourd'hui comme le commencement d'une longue recherche destinée à rénover de fond en comble l'objet et la méthode du mouvement oecuménique. A l'évidence, et en dépits des démentis officiels, l'oecuménisme institutionnel est en crise. Les changements considérables intervenus dans le paysage religieux et confessionnel ont complètement déstabilisé la recherche de l'unité visible des Eglises dont le COE était supposé être le principal instrument. En l'espace de quelques années seulement, les réponses du mouvement oecuménique sont devenues inadaptées tout simplement parce que les questions se sont largement déplacées. Les priorités oecuméniques ont changé. Surtout préoccupé par les questions théologiques et doctrinales à ses débuts, puis longtemps engagé sur le terrain social et "politique" dans une seconde période, le COE se trouve aujourd'hui confronté à une situation d'une extraordinaire complexité que les bouleversements de la planète intervenus depuis la fin des années 80 ont imposé aux Eglises. La situation ecclésiale a évolué à une vitesse qui a pris de cours les Eglises traditionnelles fondatrices du COE. Le dialogue interreligieux est venu compliqué les choses. Les relations Eglises-Etat évoluent rapidement elles-aussi. La décolonisation, puis le mondialisation et la multiplication des relations tous azimuts développées par les Eglises ont beaucoup modifié les données du problème. La notion même de relation oecuménique a changé de sens et peut s'entendre de multiples façons. On comprend que, dans ces conditions, il serait parfaitement illusoire de considérer le processus CVC comme achevé. Il n'est pas non plus une simple tentative d'apporter quelques réformes de structure. Beaucoup plus que cela, le processus CVC est "une tentative sérieuse et globale visant à donner une expression renouvelée d'une vision oecuménique fidèle à l'Evangile et adaptée aux circonstances actuelles". Il doit être considéré comme le commencement d'une longue réflexion devant amener les Eglises à s'entendre sur le sens et l'objectif de leur tentative de marche commune, mais aussi sur sa cadence, ses différents parcours, ses haltes nécessaires aussi.

Certes, les Eglises peuvent diverger sur la marche à suivre. Certaines désirent aller plus loin, ou plus vite. D'autres redoutent que le COE perde sa vocation d'origine qu'il n'y a pas de nécessité à remettre en cause. Par ailleurs, les Eglises orthodoxes se sentent de moins en moins partie prenante dans ce débat qu'elles jugent trop influencé par des préoccupations typiquement protestantes et occidentales. Sur ce point, Aram 1er, tout en se voulant positif et confiant, a tenu à mettre fermement en garde l'Assemblée et a attiré son attention sur une situation qu'il estime critique : " Si vous ne prenez pas au sérieux cette crise, je crains que la participation des orthodoxes n'aillent en diminuant. J'espère ardemment qu'après cette Assemblée, les responsables du COE et les représentants des Eglises orthodoxes se mettront ensemble à traiter toutes les questions qui font obstacle à une participation orthodoxe aux activités du Conseil." S'adressant aux Eglises orthodoxes et de la sensibilité qu'il représente, il leur a demandé de passer "du monologue au dialogue, de la réaction à l'action, de la contribution à la participation, du statut d'observateur à celui de partenaire à part entière au sein du COE."

Il est naturellement trop tôt pour imaginer ne serait-ce que les grandes lignes de cette vision nouvelle que souhaite forger le COE. La réussite de l'Assemblée de Harare devrait constituer le premier préalable à la poursuite de ce processus et surtout à la décision des orthodoxes de continuer à y contribuer. A cet égard le ton qui se dégagera de la cérémonie de réengagement des Eglises au sein du COE sera significatif de la bonne volonté de chacun des partenaires. Un éventuel échec risquerait de compromettre pour longtemps toute perspective oecuménique et vider un peu plus de son sens la recherche de l'unité visible des Eglises. Pour l'instant, les premiers jours de l'Assemblée semblent indiquer que le navire oecuménique se laisse porter par une brise légère mais favorable. Il faut lui laisser le temps de reprendre un peu de vitesse avant qu'il ne retrouve son cap.

Pour toute information complémentaire, s'adresser à: John Newbury, responsable de l'information du COE
Bureau à Harare
Tél. : +263.91.23.23.81
Adresse électronique: WCC media


Le Conseil oecuménique des Eglises (COE) est une communauté de 332 Eglises. Elles sont réparties dans plus de 100 pays sur tous les continents et représentent pratiquement toutes les traditions chrétiennes. L'Eglise catholique romaine n'est pas membre mais elle collabore activement avec le COE. La plus haute instance dirigeante du COE est l'Assemblée, qui se réunit environ tous les 7 ans. Le COE a été formé officiellement en 1948 à Amsterdam, aux Pays-Bas. Le secrétaire général Konrad Raiser, de l'Eglise évangélique d'Allemagne, est à la tête du personnel de l'organisation.