Conseil oecuménique des Églises
Bureau de la communication
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Suisse |
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L'ASSEMBLÉE DE HARARE CÉLÈBRE LES CINQUANTE
ANNÉES DU COE |
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Pour ce qui est des structures et du mode de fonctionnement, l'Assemblée du jubilé ne devrait pas revenir sur l'essentiel des réformes décidées lors des précédents Comités centraux. Allégé et restructuré en grande partie pour des raisons financières, le COE entend se recentrer sur sa vocation d'origine, quitte à confier certains de ses programmes à d'autres organismes oecuméniques, internationaux ou régionaux. Par ailleurs, l'intensification des relations entre le COE et ses Eglises membres, ainsi que les relations entre celles-ci, seront privilégiées dans toutes les initiatives futures pour remédier au défaut qu'il lui est souvent reproché d'apparaître comme un organisme lointain et distant. Pour ce faire, un léger changement de constitution est prévu et sera soumis aux délégués de l'Assemblée. Le fameux projet de Forum, proposé par le pasteur Konrad Raiser en 1994 sera également soumis à l'Assemblée, plus pour en approuver le principe que pour déjà débattre de la forme qu'il pourrait prendre. Loin de se substituer à l'actuel Conseil, le Forum pourrait être ce lieu conciliaire dans lequel se retrouverait, d'une manière informelle et libre, l'ensemble des Eglises chrétiennes. Cette nouvelle instance oecuménique, qui ne serait pas un organisme à caractère décisionnel mais un espace fraternel de discussions et d'échanges, permettrait aux Eglises déjà membres du COE de se retrouver avec toutes celles qui n'ont pas cru devoir y adhérer jusqu'à présent sans pour autant renoncer à tout idéal unitaire. S'il voyait le jour dans l'assentiment général, le Forum constituerait le premier lieu oecuménique de l'Histoire de l'Eglise divisée dans lequel se retrouveraient l'ensemble toutes les confessions chrétiennes sans exclusive: orthodoxe, catholique, protestantes de différentes dénominations, anglicane, chrétiennes orientales, évangéliques et pentecôtistes. Pour le COE, sa VIIIe Assemblée sera par ailleurs l'occasion d'adopter plusieurs documents d'études et déclarations. Il y sera notamment question de la remise de la dette internationale qui pèse lourdement sur les économies des pays du Sud, de la situation générale du continent africain, du statut de Jérusalem, de la place de la femme dans les Eglises et la société. Dans sa séance du lundi 7 décembre, l'Assemblée examinera la lettre que lui ont adressée les participantes au Festival de la Décennie des Eglises solidaires des femmes. Celui-ci s'est tenu dans la même ville de Harare, du 27 au 30 novembre derniers. Au cours de l'Assemblée, de nombreuses réunions d'information concerneront l'ensemble des programmes et des activités diverses engagés par le COE depuis sa dernière Assemblée de Canberra, en 1991. Entre ces séances particulières ou plénières, de très nombreux débats portant sur des sujets divers se tiendront dans le cadre des "padare", terme zimbabwéen de langue shona signifiant lieu de réunion. Mais au-delà du programme officiel et du thème de l'Assemblée, ce qu'il est convenu d'appeler aujourd'hui la question orthodoxe risque fort de dominer les débats et de retenir la seule réelle attention. Au moment où le COE aborde un tournant important de son histoire, on sait que la plupart des Eglises orthodoxes ont, depuis quelques années, manifesté un malaise croissant à son égard. Le COE compte aujourd'hui plus de 330 Eglises membres contre moins d'une centaine en 1948 et les nouvelles Eglises membres sont très majoritairement protestantes. S'y sentant de plus en plus minoritaires au fil des ans -- les Eglises orthodoxes expriment envers l'institution un évident ressentiment nourri par une certaine déception et quelques reproches sévères. Déception, d'une part, parce que le COE consacre l'essentiel de son énergie à des initiatives à caractère social, voire politique, plus que théologique et ecclésiologique, et qu'il le fait délibérément au détriment de sa seule et vraie vocation qu'est l'unité visible de l'Eglise. Reproche d'autre part d'aborder des questions qui n'y ont pas leur place - on pense à l'homosexualité -, ou qui sont traitées d'une manière inacceptable au regard de l'orthodoxie comme, par exemple, l'ordination des femmes au ministère sacerdotale. Réunies en mai dernier à Thessalonique et à Damas dans le but de se préparer à cette VIIIe Assemblée, des représentants de la plupart des Eglises orthodoxes ont recommandé à leurs délégués à Harare de ne participer aux votes de l'Assemblée qu'au cas où les textes qui leur seraient soumis les concerneraient directement. Recommandation leur a été faite par ailleurs de ne pas assister aux célébrations liturgiques qui émailleront le déroulement de l'Assemblée, en particulier en début et fin de journée. Les premiers jours de la rencontre seront à cet égard déterminants et témoigneront du degré de participation des délégations orthodoxes. Il est évident qu'une mauvaise participation de la part des orthodoxes à l'Assemblée de Harare lui porterait un tort considérable ainsi qu'au COE lui-même à l'heure où celui-ci s'interroge sur sa mission et ses orientations. S'il n'était voté que par une partie des délégués, le document "Vers une conception et une vision commune du COE" perdrait toute utilité. L'ensemble du processus de réflexion qui l'a vu naître serait à remettre sur le métier et cela apparaîtrait comme un grave recul du mouvement oecuménique. En revanche, une attention et une implication marquées des Eglises orthodoxes, même grinçantes ou boudeuses, aux travaux de l'Assemblée du jubilé seront considérées comme prometteuses d'espérance. Nul doute qu'elles viendront alors confirmer le bien fondé de l'intuition des pionniers de l'oecuménisme qui ne pouvaient pas imaginer que les Eglises puissent continuer leur route séparément et témoigner au monde dans l'indifférence mutuelle les unes à l'égard des autres.
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Le Conseil oecuménique des Eglises (COE) est une communauté de 332 Eglises. Elles sont réparties dans plus de 100 pays sur tous les continents et représentent pratiquement toutes les traditions chrétiennes. L'Eglise catholique romaine n'est pas membre mais elle collabore activement avec le COE. La plus haute instance dirigeante du COE est l'Assemblée, qui se réunit environ tous les 7 ans. Le COE a été formé officiellement en 1948 à Amsterdam, aux Pays-Bas. Le secrétaire général Konrad Raiser, de l'Eglise évangélique d'Allemagne, est à la tête du personnel de l'organisation.
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