IIème séance
Lors de cette séance, on reviendra sur un certain nombre des lignes-forces et des
résultats marquants qui se seront dégagés de la séance
précédente, afin d'aider les délégués à dresser un bilan
de la période considérée à partir de la vidéo et de questions
qui leur seront soumises pour commentaire et critique.
Parmi les lignes-forces qui seront mises en lumière, citons:
Aperçu historique
Upsal 1968
On s'est rendu compte que la première option trahissait un paternalisme et une
condescendance hérités du colonialisme, et révélait une connaissance
incomplète des questions économiques et écologiques. La seconde
présentait un immense défi: transformer ou renverser les structures politiques et
économiques responsables de la pauvreté et de l'injustice dans le monde. Ces
deux approches ont trouvé des expressions différentes au cours des années,
et continuent à influencer les événements actuels. Elles se manifestent par
des dichotomies et des oppositions: charité contre changement; "les affaires continuent"
contre révolution ou réforme; économie orthodoxe contre économie
nouvelle; suprématie de l'élite contre démocratie; pouvoir des entreprises
contre communautés; concurrence contre coopération; droite contre gauche.
Larnaca 1986
Avant Larnaca, la CESEAR avait essayé d'encourager une réflexion sur la
justice, sur son rapport avec le service et la diaconie, et sur les liens entre les
réalités locales et mondiales. Mais à Larnaca, les Eglises ont reconnu qu'il
était nécessaire de concevoir une diaconie (ou service chrétien) plus large
et plus libératrice, pour qu'elle devienne un agent de changement et de transformation
à tous les niveaux. C'est pourquoi l'Unité IV s'est mobilisée davantage
pour aider les Eglises et les groupes qui leur sont rattachés à
réfléchir aux causes profondes des problèmes et à trouver les
méthodes leur permettant de répondre plus complètement aux besoins des
gens. On a décidé de passer moins de temps, pendant les réunions des
groupes régionaux, à dresser des listes et à sélectionner les projets
à financer, pour en consacrer davantage à l'analyse et à la réflexion.
La CESEAR a donc participé moins activement aux projets, mais continué
d'établir des listes de projets prioritaires, afin de pouvoir assumer les tâches et
poursuivre les objectifs du mouvement oecuménique d'une manière
concrète.
La CESEAR a pour but "d'aider les Eglises à manifester leur solidarité en
partageant leurs ressources humaines, matérielles et spirituelles et de faciliter ce partage
de façon à promouvoir la justice sociale et l'épanouissement de
l'être humain, et à alléger les souffrances humaines". A Larnaca, la
CESEAR a été priée:
Les participants au colloque de Larnaca ont élargi le concept de diaconie pour y faire
entrer d'autres formes d'aide au-delà de l'aide purement matérielle. Si la
redistribution équitable de l'argent et des autres ressources matérielles est un
besoin qui s'est toujours fait sentir, la nouvelle diaconie, sans que l'on ait négligé
cet aspect important des choses, a acquis une portée plus étendue, prenant en
compte d'autres besoins, parfois moins évidents. Elle est aujourd'hui centrée sur
les communautés locales, tout en restant consciente des liens qui unissent tous les
peuples du monde. Elle se veut plus prophétique, dénonçant l'injustice et
proposant de nouveaux modèles de partage des ressources. Fondée sur la
solidarité, elle s'adresse à tous les marginalisés et elle est assurée
principalement par l'intermédiaire de l'Eglise locale, dont le colloque a affirmé
qu'elle était le principal agent de ce nouveau concept de service.
L'Escurial 1987
D'Evian à Alexandrie, 1992-1995
La Commission a admis honnêtement qu'elle avait des doutes. Pour elle, ce qui
apparaissait le plus important compte tenu de la situation mondiale était la
nécessité de donner aux gens les moyens de combattre la souffrance et l'injustice.
Mais étant donné le nombre de problèmes graves, il était
extrêmement difficile de n'en choisir que quelques-uns. Il n'existait pas de
procédure formelle pour fixer les priorités, de même qu'il "n'y avait pas
beaucoup d'organisation dans le monde dans lequel nous travaillons". Parfois les
modèles de partage et de service utilisés par l'Unité souffraient aussi de ce
manque de cohérence.
Pour essayer de structurer le débat, la Commission a alors décidé, avec les
Eglises membres, de s'engager dans une démarche commune d'action-réflexion
sur la diaconie, qui permettrait d'élaborer des lignes directrices définissant ce
qu'on entend par diaconie aujourd'hui. A l'issue de cette démarche, le Comité
central de 1994 s'est vu présenter onze lignes directrices, qui ont ensuite
été soumises aux Eglises pour examen et réflexion. Selon la
définition proposée, le concept de diaconie présente les
caractéristiques suivantes:
a) il donne la priorité aux plus défavorisés;
b) il est fondé sur la réciprocité: ceux qui se mettent au service des
déshérités acceptent qu'ils ont besoin, eux aussi, de recevoir, et que ces
déshérités ont quelque chose à leur donner;
c) il permet d'agir aux côtés de ceux qu'il prétend servir, et non pas pour
eux ou en parlant d'eux, ni en se plaçant au-dessus d'eux;
d) il respecte le point de vue des démunis concernant leurs besoins et la meilleure
manière d'y répondre;
e) il accroît le pouvoir de décision des démunis pour qu'ils puissent
prendre leur sort en mains;
f) il répond à la détresse immédiate tout en cherchant à
comprendre les systèmes qui l'engendrent et l'aggravent, à s'y opposer et à
les transformer;
g) il partage les ressources qui favorisent l'épanouissement de la vie;
h) il refuse d'abandonner les démunis, et leur demeure fidèle en dépit de
toutes les difficultés;
i) il reconnaît le coût inévitable de son entreprise tout comme ses
bienfaits;
j) il est comptable devant tous ceux qu'il sert;
k) sa compassion est sans limites.
Ces lignes directrices ont ensuite été étudiées par les membres
féminins de la Commission. Dans leur rapport, intitulé "La compassion est-elle
vraiment sans limites?", les femmes ont conclu que ces principes directeurs ne prenaient pas
suffisamment en compte l'approche consultative, communautaire qu'elles avaient du service;
elles ont également estimé que le langage et le ton de ces lignes directrices
évoquaient des modèles de partenariat inégaux et empreints de
condescendance dont le colloque de Larnaca avait demandé l'élimination. Elles
ont donc récrit les lignes directrices dans la perspective de l'égalité des
sexes. Les voici:
La diaconie
b) est fondée sur la réciprocité parce qu'elle répond à nos
besoins communs et à ceux qui sont propres à chacun;
c) permet de créer une voie sur laquelle nous pouvons tous cheminer ensemble;
d) donne aux gens le pouvoir de se connaître eux-mêmes et de s'exprimer
librement, et leur rend leur dignité;
e) reconnaît que toute communauté a le droit à l'autodétermination,
conféré par Dieu;
f) combat l'injustice sous tous ses aspects, par des actions immédiates et à long
terme;
g) préserve et partage les ressources qui favorisent l'épanouissement de la
vie;
h) entretient et soutient les communautés au lieu de les marginaliser et de les
exclure;
i) reconnaît les risques inévitables, inhérents à la volonté de
restaurer les communautés par l'apprentissage, que comporte l'acte de donner et de
recevoir, de demander et de concéder;
j) nous encourage à être conscients des contradictions qui existent entre nos
croyances, nos paroles et nos actions, et nous appelle à une plus grande
intégrité;
k) est l'expression de la compassion infinie de Dieu, sans malmener la dignité du
serviteur.
Lors de sa réunion suivante à Bangkok, Thaïlande, en 1993, la
Commission a atteint une étape décisive, opérant une synthèse des
différents éléments qui s'étaient dégagés de l'analyse,
de la réflexion et de la pratique au cours des années précédentes.
Elle a approuvé et lancé la régionalisation du travail et de l'organisation de
l'Unité. Elle a examiné en détail les problèmes particuliers qui se
posent aux femmes et aux jeunes et cherché les moyens de les résoudre. C'est
aussi la première fois qu'elle a mentionné "le jubilé", et voici en quels
termes: "Le concept d'année du jubilé allie les valeurs anciennes des
communautés rurales israélites aux dispositions visant à prévenir... le
développement de structures asymétriques injustes".
Lors de sa réunion de 1995 à Alexandrie, Egypte, la Commission a
étudié et adopté une "Stratégie en vue du jubilé Plan
quadriennal 1995-1998". Le personnel avait déjà commencé à
appliquer le Plan, dont l'objectif était de doter l'Unité d'une déclaration
claire et précise et d'un cadre de travail intégré. Le Plan cherchait à
dégager les principes du jubilé biblique et à les appliquer au monde
contemporain. Il a redéfini les quatre éléments fondamentaux du mandat de
l'Unité et distingué dans le "peuple du jubilé" cinq groupes devant
bénéficier en priorité d'actes concrets de solidarité:
1. Besoins et droits des enfants.
2. Besoins et droits des femmes marginalisées et exclues.
3. Besoins et droits des personnes marginalisées économiquement et
poli-tiquement.
4. Besoins et droits des personnes déracinées.
5. Besoins et droits des personnes victimes de conflits et de catastrophes.
Dès la fondation du COE, la famille oecuménique a accordé une place
spéciale aux actes concrets de solidarité accomplis pour répondre aux
besoins des êtres humains. La Commission d'entraide et de service des Eglises et
d'assistance aux réfugiés (CESEAR), prédécesseur de l'Unité
IV, a transmis un héritage important, appelant les Eglises à recouvrer leur
rôle diaconal prophétique aux niveaux local et mondial. Ce rapport passe en
revue les sept dernières années d'activité de l'Unité IV et examine
comment les Eglises ont répondu à cet appel. Durant cette période, le
monde a subi des changements spectaculaires et il en est allé de même pour le
travail diaconal du mouvement oecuménique. Mais ces transformations n'ont pas surgi
subitement en 1991. Leurs racines plongent loin dans le passé.
L'Assemblée d'Upsal a formulé et incarné deux
approches contradictoires de la question du développement. D'une part, y a-t-on
déclaré, les sociétés peuvent s'adapter et tenter d'éliminer la
pauvreté en reproduisant les bienfaits du capitalisme occidental dans le monde entier.
D'autre part, les partisans du changement peuvent essayer de transformer radicalement la
société afin de libérer les opprimés.
En formulant ces options, la conférence d'Upsal a aidé les
Eglises à se départir d'une approche étroite et paternaliste du
problème et à mettre en question le statu quo. Pour cela, il fallait porter
son regard au-delà des problèmes et des objectifs immédiats et les
envisager dans une perspective plus large. Vingt ans plus tard, en 1986 à Larnaca,
Chypre, la CESEAR a organisé un colloque intitulé: "Diaconie 2000:
Appelés à devenir prochains". Cette réunion a marqué une rupture
radicale avec le passé.
Un an après Larnaca, le COE a organisé un autre colloque
mondial à l'Escurial, Espagne. Intitulé "La koinonia: vivre ensemble dans une
communauté mondiale", il avait pour thème le partage des ressources. Ce
colloque a élaboré des lignes directrices pour une "discipline oecuménique"
en matière de partage des ressources. Les participants se sont engagés:
Comme à Larnaca, les participants au colloque de l'Escurial ont souligné la
dimension globale de la mission de l'Eglise, et déclaré artificielle la
séparation établie entre besoins spirituels et besoins matériels. Dès
lors, ont-ils affirmé, le partage des ressources entre le Nord et le Sud doit être un
processus réciproque dans lequel les besoins de la personne tout entière au sein
de sa communauté sont pris en compte.
C'est lors de la réunion de sa Commission à Evian, France, en
1992, que l'Unité IV a pris conscience de manière vraiment aiguë que le
monde était en train de connaître des changements considérables. La
Commission a souligné qu'il était nécessaire d'interpréter ces
changements dans un esprit prophétique pour que l'Unité IV puisse
répondre aux besoins des Eglises et des communautés qu'elles desservent. Il
semblait que le monde subissait des bouleversements plus inattendus et plus graves que jamais
dans le passé. Il était donc essentiel d'améliorer l'état de
préparation et la capacité de réaction de l'Unité. Mais comment
intervenir rapidement et avec flexibilité dans les limites des ressources disponibles?
a) délivre les gens de l'assujettissement;
Etude du mandat
2. Elle encourage les actes concrets de solidarité qui reflètent notre engagement
en faveur d'un partage plus équitable des ressources, face à l'aggravation de la
pauvreté, du déracinement et de l'exclusion, aux niveaux local et
régional.
3. Elle encourage la mise en valeur du potentiel local et l'autonomie au sein des
communautés, pour que celles-ci puissent redécouvrir et développer leurs
propres ressources, et que soient préservés la dignité des personnes et des
collectivités et leur droit de décider de leur propre sort.
4. Elle encourage l'organisation de réseaux et d'activités qui soutiennent la cause
des communautés déracinées, marginalisées et victimes de conflits et
de catastrophes, en veillant à ce qu'elles aient la possibilité de s'exprimer
librement à tous les niveaux: local, national et international.
Au cours des dernières décennies, la définition de la notion de partage a
fait l'objet d'une réflexion approfondie. En se demandant qui devrait partager quoi et
avec qui, dans la perspective de l'oecuménisme et du développement, on en est
venu à prendre en compte des approches nouvelles, étant donné surtout la
persistance d'inégalités structurelles entre les populations et les régions du
monde, malgré tous les efforts déployés pour les éliminer.
Au colloque de l'Escurial, en 1987, Sithembiso Nyoni, du Zimbabwe, a insisté sur la
nécessité de considérer les ressources dans leur totalité, de sorte que
"nous partagions qui nous sommes, avant de partager ce que nous avons". Le champ
d'application du partage s'en trouve aussitôt élargi et la mise en pratique en
devient plus difficile. Si la seule ressource à partager est l'argent, la question de savoir
qui partage quoi avec qui est relativement simple: les pays riches du Nord distribuent des
fonds aux pays pauvres du Sud.
Mais qu'est-ce qu'on entend par partager "qui nous sommes"? D'abord, que nous avons tous
quelque chose à partager avec l'autre, car nous sommes tous des personnes; "qui" est
chacun de nous. Le partage devient alors un processus dynamique qui peut ou non
entraîner un transfert d'argent. Cela suppose aussi que nous partons d'une position
d'égalité relative: si nous partageons tous, nous avons tous quelque chose
à donner, à recevoir et à apprendre.
A sa réunion de Bangkok, la Commission a parlé dans ce contexte de
"résistance symbolique et culturelle": notion et pratique riches de possibilités et
de promesses. Cette résistance fait allusion aux convictions et aux pratiques des
communautés pauvres et marginalisées qui cherchent à combattre les
forces de l'oppression. Comme nous le verrons, les idées et les activités que ces
communautés conçoivent pour surmonter leurs difficultés sont
remarquablement créatives: elles constituent une bonne partie des espoirs que nous
partageons tous pour l'avenir. Si nous considérons ces expressions populaires comme
des ressources capables d'amener le changement, il devient évident qu'elles sont
destinées à être partagées. Ce type de partage présente encore
un autre avantage: il convient particulièrement bien au partage entre ces
communautés, autrement dit du Sud au Sud.
De cette façon (et par d'autres moyens aussi), le partage devient une redistribution non
seulement des richesses matérielles, mais aussi des ressources psychologiques et
spirituelles, et des possibilités. Nous passons ainsi d'une définition simpliste du
développement conçu comme une question purement économique, à
une interprétation qui accorde une valeur à chacun des aspects de la vie.
En plus de cette réflexion oecuménique sur la signification de la solidarité
et du service par le partage juste et équitable de nos ressources, l'Unité a
lancé des études visant à suivre et à évaluer l'action
concrète. L'étude sur "les raisons et les conséquences de la politique de
soutien à des pays sélectionnés" est une analyse approfondie des
changements survenus dans la manière dont la coopération pour le
développement est menée au sein des partenariats oecuméniques. Cette
étude et les discussions qui s'y rapportent reflètent l'importance fondamentale
que l'Unité attache à la cohérence et à la viabilité du
système de partage oecuménique des ressources de demain. Les changements
géo-politiques qui déterminent les politiques des Etats en matière de
développement international ont eu une profonde influence sur les possibilités
d'action des organisations oecuméniques internationales de dévelop-pement. La
nouvelle exigence d'efficacité et les nouveaux critères servant à mesurer
les résultats et les succès, ont changé le ton des discussions. Le
kairos est donc arrivé: il est temps pour nous d'examiner ensemble comment la
conception et la vision communes que nous avons du mouvement oecuménique peuvent
et pourront influencer nos méthodes de partage et d'action en vue de promouvoir la
dignité de la personne humaine et la création de communautés viables, en
solidarité avec les marginalisés et les exclus.
Les structures de partage
1. Groupes régionaux. Ceux-ci ont été créés en 1972
par la CESEAR pour définir les besoins des Eglises et fixer des priorités pour le
travail oecuménique. L'une de leurs fonctions principales était de
présélectionner les projets spécifiques qui leur étaient
présentés pour être financés par des Eglises et des institutions
oecuméniques d'entraide apparentées. Après les colloques de Larnaca et
de l'Escurial, ils ont pour la plupart cessé ce type d'activité pour se consacrer
à des analyses approfondies de la situation dans chaque région, y compris la
situation oecuménique, afin de faire des recommandations sur les priorités
oecuméniques, sur la manière dont les ressources devraient être
partagées, et entre qui. Pour ce faire, il est très important que les groupes
régionaux soient aussi crédibles et aussi représentatifs que possible. C'est
pourquoi ils comprennent actuellement des représentants des Eglises de la région,
des agences du Nord, de l'Unité IV, et des réseaux et mouvements
oecuméniques. Les organisations oecuméniques régionales (OOR) en font
également partie. On s'efforce aussi d'inclure des représentants du "peuple du
jubilé" que l'on désire aider, notamment les femmes, les jeunes et les groupes
marginalisés. Des mouvements non rattachés aux Eglises sont parfois
représentés, de même que des spécialistes de certaines questions
particulières. Les groupes régionaux sont chargés de remplir un certain
nombre de fonctions importantes, telles que:
Les groupes régionaux se sont également efforcés de mieux faire
connaître leur travail et ont facilité l'échange d'informations entre les
régions.
2. Tables rondes. Les tables rondes parrainées par le COE sont des instruments
de partage oecuménique de ressources entre des partenaires rattachés aux
Eglises; elles ont été créées parce que le projet comme
modèle de développement et de financement s'était
révélé peu satisfaisant. En effet les projets sont en général de
court terme, peu systématiques, sans rapport les uns avec les autres et leur financement
n'est pas garanti. En créant des tables rondes, des forums nationaux et en
préparant des documents directeurs, on a voulu inscrire les programmes dans le cadre
d'une planification plus stratégique. Les bureaux régionaux du COE sont
l'instrument idéal pour contribuer à ce style de travail et pour aider les Eglises
à réaliser des programmes oecuméniques.
Les tables rondes sont composées de représentants venus du Nord et du Sud
des conseils nationaux d'Eglises (CNE), d'institutions de financement, de
sociétés missionnaires et du COE. Au début, elles examinaient les
programmes et prenaient les décisions concernant leur financement.
Si les tables rondes passent trop de temps à débattre les questions
financières et les priorités des CNE (plutôt que celles des Eglises
représentées par les CNE), elles peuvent perdre la vision d'ensemble qu'elles sont
censé présenter. Toutefois, en réorientant leur rôle et en assumant
une fonction animatrice plutôt qu'opérationnelle, elles sont devenues un
instrument influent et très apprécié de tous les partenaires.
3. Service "réfugiés et migrants". Au cours des sept années
écoulées, un mécanisme systématique de partage des ressources a
été élaboré en concertation avec les partenaires du Secrétariat
"réfugiés et migrants" (SRM) du COE. Ce mécanisme repose sur la
coordination des activités en matière de politiques, de programmes et de partage
des ressources. Les groupes régionaux de travail existants composés de membres
d'Eglises et de spécialistes ont été renforcés, et d'autres ont
été créés. Ils sont chargés d'analyser les besoins et de fixer les
priorités de l'action oecuménique dans presque toutes les régions du
monde. Plusieurs d'entre eux participent directement à la formulation de
recommandations sur le partage des ressources, qui sont présentées ensuite au
COE. Ce réseau mondial de groupes spécialisés permet au SRM
d'effectuer le partage de ressources matérielles ou autres sur la base d'une
évaluation globale des besoins et des priorités dans le monde et dans les
régions. Au niveau régional, le partage des ressources s'appuie sur un
système d'échange de points de vue, interrégional et mondial, qui facilite la
coordination et la coopération entre les partenaires. Le progrès et l'utilisation de
l'expérience oecuménique sur des questions spécialisées
dépendent de ces liens entre l'élaboration des politiques et le financement.
4. Bourses. Les bourses du COE sont destinées à des candidats travaillant
pour les Eglises ou des organisations qui leur sont liées. Elles ont pour but de mettre en
valeur les ressources de ces organisations et d'encourager la formation de leur personnel.
Etant donné qu'elles sont considérées comme faisant partie du partage
oecuménique des ressources, on attend des candidats qu'ils apportent une contribution
importante au développement des relations et de la compréhension entre les
diverses Eglises et dénominations.
Le Programme des bourses s'appuie sur un réseau de 160 correspondants nationaux qui
travaillent avec des comités nationaux des bourses, lesquels sont responsables de la
sélection des candidats. Ils veillent à ce que les demandes dûment remplies
parviennent au COE, et aident les boursiers à faire les démarches
nécessaires avant leur départ.
5.Action commune des Eglises (ACT). ACT-International est un réseau
oecuménique mondial créé en 1995 pour améliorer le partage des
ressources et des compétences et la coopération lors des interventions d'urgence.
En 1996, les secours d'urgence fournis par le réseau de l'ACT se sont montés
à 32 millions USD: 20 millions USD pour l'Afrique; 3,9 millions USD pour
l'Asie-Pacifique; 5,6 millions USD pour l'Europe; 1 million USD pour l'Amérique latine
et les
Caraïbes; 1,2 million USD pour le Moyen Orient.
6. Fondation oecuménique pour l'aide aux Eglises (ECLOF). Ce système
oecuménique de crédit oeuvre pour la dignité et l'autonomie des
personnes, en offrant des prêts à des taux d'intérêt modestes,
remboursables en monnaie locale, aux Eglises et aux communautés les plus
marginalisées et les plus exclues. L'ECLOF a beaucoup évolué au cours
des sept dernières années: elle a notamment amélioré
considérablement l'efficacité des instruments nationaux de partage que sont ses
comités nationaux.
Solidarité, encouragement de l'autonomie et promotion des
droits
Par tradition, on considérait que les "actes concrets de solidarité" de
l'Unité IV consistaient à réunir et à distribuer des fonds au moyen
de divers systèmes de partage des ressources. Cependant son personnel et ses
partenaires sont arrivés à la conclusion que faciliter la prise d'initiatives
concrètes et efficaces par les Eglises partout dans le monde devait être
l'aboutissement de toutes les activités interdépendantes qu'elle entreprend
partage des ressources, mise en valeur du potentiel local, collecte d'informations et analyse,
création de réseaux et promotion des droits des plus défavorisés.
Mise en valeur du potentiel local et encouragement de l'autonomie. L'une des
tâches prioritaires du COE a toujours été d'aider les communautés
à mettre en valeur leur potentiel, en offrant des cours de formation, en partageant
l'information, et en fournissant des analyses et en favorisant les échanges
internationaux. Pour ce faire, le COE a conçu des programmes, comme le Programme
oecuménique des bourses, qui, pour beaucoup de gens, restent le principal moyen
d'accès à la vie oecuménique. En 1994, par exemple, on a accordé
275 bourses (66% à des hommes et 34% à des femmes). L'objectif est
d'augmenter le nombre de bourses octroyées à des femmes.
Ce sont souvent les groupes régionaux et les tables rondes qui recensent les besoins des
Eglises et des communautés en matière de formation. Tel a été le cas
en avril 1997, où une réunion de travail tenue à Freetown, en Sierra Leone,
à la demande du groupe régional pour l'Afrique, a contribué à
l'élaboration d'une stratégie de formation des femmes dans leurs pays respectifs
et dans toute la région. Cette réunion, à laquelle participaient cinq pays,
était le fruit de la collaboration entre le Bureau de l'Afrique et le Programme des
bourses; elle illustre le changement de direction de l'Unité, qui se concentre
désormais sur une planification et une programmation plus stratégiques et plus
systématiques, plutôt que sur des projets et des bourses individuels.
Pendant la période écoulée, la formation de personnels locaux qui puissent
faire face sur place aux situations d'urgence a représenté une part
considérable du travail des bureaux régionaux. L'aide humanitaire étant
devenue une tâche toujours plus lourde et s'étant internationalisée, il
devenait de plus en plus important que le COE soutienne les Eglises et les populations locales
afin qu'elles puissent y jouer le rôle distinctif qui leur revient. Dans les situations
d'urgence, où il est nécessaire d'offrir des services de conseils, et d'essayer de
réconcilier et de reconstruire une communauté, il est évident que la
participation active des Eglises locales doit être fortement encouragée.
Parallèlement à la mise en valeur du potentiel local, la formation à
l'oecuménisme est de plus en plus nécessaire. On a donc organisé des
ateliers régionaux et mondiaux, réunissant des responsables d'Eglises et des
personnalités oecuméniques ainsi que du personnel des agences
oecuméniques internationales. Pour ces agences, on a élaboré un
programme d'études qu'elles pourront utiliser pour former leurs nouveaux
collaborateurs ou les personnes qui connaissent mal le mouvement oecuménique et ses
objectifs. Dans les régions, on met l'accent sur l'autonomie et le renouvellement des
responsables, qui sont perçus comme conditionnant l'avenir du mouvement.
Enfin, l'Unité a cherché à définir et à promouvoir des lignes
directrices sur la parité hommes/femmes dans les activités de partage et de
service, car elle est consciente que c'est là une manière nouvelle de
concrétiser la vision d'une communauté fondée sur la dignité
mutuelle et l'égalité entre les hommes et les femmes.
Réseaux d'action et promotion des droits. Ces deux éléments du
mandat de l'Unité relient le local et le mondial. Le travail en réseaux permet que
des communautés, par ailleurs complètement différentes mais
préoccupées par la même question, puissent apprendre à se
connaître. Le travail de promotion des droits établit des liens entre des
problèmes spécifiques et leurs diverses manifestations à l'échelon
local, et les institutions internationales et les organes de décision à
l'échelon mondial. Les groupes marginalisés sont par définition exclus de
la prise des décisions qui affectent leurs vies. Les décisions politiques et
économiques se prenant maintenant à l'échelon mondial, il est devenu
presque impossible de découvrir qui est responsable de nombreuses mesures qui
touchent les populations locales dans leurs environnements locaux. Si l'on veut que l'Eglise
soit entendue, il faut absolument qu'elle intervienne auprès des instances responsables
de la détermination et de l'examen des politiques nationales et internationales.
Pour être efficace, le travail de promotion des droits doit se faire aux niveaux local,
national et international. A l'échelon local, cela consiste à donner à des
groupes et à des communautés la possibilité d'exprimer leur opinion et
d'influencer les décisions des autorités locales, de façon à
améliorer les circonstances immédiates dans lesquelles ils vivent. Sur le plan
national, il s'agit d'encourager et de soutenir les organisations nationales et
oecuméniques liées aux Eglises dans leur défense des droits des
défavorisés, et parfois d'appeler les responsables d'Eglises à intervenir
dans le débat national. Au niveau international, il s'agit de chercher à influencer
les organisations oecuméniques, les institutions intergouvernementales et les Nations
Unies. La mondialisation a sérieusement réduit la capacité des
gouvernements de remplir cette fonction, d'où l'importance des efforts du COE.
Cette approche globale de la promotion des droits exige un suivi et une évaluation
très minutieux. Pour être le plus efficace possible, il faut qu'elle soit
planifiée et coordonnée. Elle doit être adaptée en fonction de
l'expérience et des résultats obtenus. Par-dessus tout, il faut qu'elle soit
conforme à l'éthique: la défense d'une cause ne doit pas mettre de vies en
danger. Beaucoup d'Eglises sont, par exemple, vulnérables à la persécution
parce qu'elles sont minoritaires ou parce que le pays est gouverné par un régime
oppresseur. Dans d'autres cas, les Eglises sont proches du pouvoir, ou jouissent de divers
privilèges accordés par l'Etat. Les deux situations présentent des
défis et des dangers évidents.
La sensibilisation de l'opinion étant l'un des aspects du travail en réseaux et de la
promotion des droits, il est nécessaire de faire un usage approprié et
professionnel des médias. Cela suppose que l'on communique à la fois les signes
d'espoir et les sujets de préoccupation. Toutes les bonnes choses qui ont
été et sont encore réalisées dans le monde, toutes les choses qui
ont amélioré les conditions de vie de millions de gens doivent être
présentées comme des exemples et des modèles de ce qui est possible. De
telles initiatives sont des signes de foi et d'espérance.
Les campagnes internationales sont parfois le moyen le plus efficace d'attirer l'attention de
l'opinion sur des problèmes graves qui ont une importance mondiale et de provoquer
des changements dans la politique internationale. Ces dernières années, avec ses
Eglises membres, le COE a lancé plusieurs campagnes importantes, ou y a
participé. Chaque fois, le moteur en a été un engagement total en faveur du
peuple du jubilé: femmes, enfants, personnes déracinées et personnes
marginalisées politiquement et économiquement.
Dans le cadre des réseaux d'action et de la promotion des droits, la solidarité
s'est exprimée auprès de cinq catégories de personnes
défavorisées:
1. Solidarité avec les personnes marginalisées politiquement: en
collaboration avec les Eglises, action menée contre les essais nucléaires dans le
Pacifique. La reprise des essais nucléaires par la France en 1995 à Moruroa
et à Fangataufa a provoqué surprise et déception dans le monde entier,
mais surtout dans le Pacifique. Le Bureau du Pacifique et le Secrétariat de l'information
de l'Unité IV ont réagi énergiquement, coordonnant les actions entreprises,
recevant et diffusant des informations, produisant de la documentation (cartes postales,
document de témoignages et affiche), et participant à toute une série de
réunions en Europe ainsi qu'à des manifestations et des interviews à
Genève pour protester contre les essais. Le réseau Solidarité
Europe-Pacifique (SEP) a joué un rôle important dans cette campagne. Le
rapport soumis
par l'Unité IV au Comité central du COE en septembre 1995 a marqué le
point de départ d'un projet de recherche concernant les effets des essais
nucléaires sur la santé et le bien-être des habitants de la Polynésie
française. En octobre 1997, le SEP a publié un document intitulé
Moruroa et nous Expériences des Polynésiens au cours des 30 années
d'essais nucléaires dans le Pacifique Sud. Parmi les faits rapportés dans ce
document, citons par exemple celui-ci: 6% des travailleurs polynésiens étaient
âgés de 16 ans et 10% en avaient 17 ou moins lorsqu'ils ont commencé
à travailler sur les sites d'essais nucléaires français. Dès la
publication de ce rapport, les réactions se sont répercutées dans le monde
entier, spécialement en France, en Polynésie française et dans les autres
îles du Pacifique.
2. Solidarité avec les personnes marginalisées économiquement:
action menée pour obtenir l'annulation de la dette des pays les plus pauvres d'ici
à l'an 2000. Le COE, les Eglises et les organisations qui leur sont rattachées
considèrent depuis longtemps que l'une de leurs tâches primordiales est d'aider
à combattre les effets de l'endettement sur les pays les plus pauvres. Une analyse du
système financier international, effectuée par le Groupe consultatif du COE sur
les questions économiques, avait déjà servi de base à une
déclaration du Comité central sur l'endettement en 1985, et en 1989 le COE avait
aidé à organiser à Berlin une réunion d'information-débat sur
le développement et la question de l'endettement. Plus récemment, le Conseil a
procédé à une analyse de la crise de l'endettement dans le contexte de la
tradition du jubilé.
En septembre 1997, le Comité central a demandé la mise en place d'un plan
commun d'action oecuménique sur la question de l'endettement pour appuyer le travail
du COE dans le domaine de la mondialisation, des mouvements sociaux et de l'exclusion. Le
Comité central a recommandé que le COE aide les Eglises membres, en
coopération avec leurs partenaires oecuméniques, (1) à élaborer un
plan d'action oecuménique pour préconiser la remise de la dette extérieure
des pays les plus pauvres d'ici à l'an 2000, et (2) à collaborer, dans le cadre de ce
plan, à la rédaction d'une déclaration commune qui sera soumise à
l'approbation des Eglises lors de l'Assemblée d'Harare.
Les Eglises et les organisations apparentées ont également effectué des
recherches, exercé des pressions et mené des campagnes pour mobiliser l'opinion
publique et les gouvernements sur cette question. On a organisé un colloque dont les
participants ont été chargés de préparer une déclaration qui
sera soumise à l'Assemblée pour discussion et d'élaborer un plan d'action
oecuménique et une stratégie permettant de créer un mécanisme qui
préviendrait la réapparition du cycle de l'endettement. Cette démarche
s'appuiera sur l'échange des expériences entre les Eglises et les organismes.
3. Solidarité avec les enfants: action menée pour la défense des
droits et de la dignité des enfants. Depuis 1990, le Bureau de l'Amérique
latine et des Caraïbes travaille avec le Conseil des Eglises d'Amérique latine et le
Conseil national des Eglises du Christ des Etats-Unis à l'établissement d'un
réseau d'enfants marginalisés. A l'origine, ce réseau avait été
formé par des groupes d'enfants et d'adultes travaillant avec des enfants qui vivent dans
des zones généralement non desservies par les Eglises. Les enfants y sont souvent
victimes de violences; au Brésil, par exemple, les enfants des rues sont parfois la cible
des "escadrons de la mort" de la police lors de leurs opérations de "nettoyage des rues";
autre exemple, en République dominicaine, il arrive que les Haïtiens qui sont
expulsés vers Haïti laissent leurs enfants dans le pays.
Inspirée par l'expérience de l'Amérique latine et par ses liens avec d'autres
initiatives en faveur des enfants dans d'autres régions, l'Unité IV s'est
engagée dans la défense des droits des enfants marginalisés. Elle a pour
objectif de soutenir les enfants qui cherchent à faire respecter leurs droits, et d'aider les
Eglises à se solidariser avec eux. Pour ce faire, il était essentiel de créer un
réseau oecuménique mondial d'enfants.
En mai 1996, à l'occasion d'un colloque tenu à Genève, on a invité
neuf enfants venus de cinq continents. Ces enfants, qui font preuve d'un courage et d'une
lucidité extraordinaires, ont décrit d'une manière très explicite les
problèmes des enfants des rues travail et exploitation sexuelle, par exemple. Le COE
est quasiment la seule organisation à encourager une participation aussi directe des
enfants à son action en leur faveur et à reconnaître qu'ils ont un rôle
de premier plan à jouer dans la recherche d'une solution à leurs
problèmes.
Un deuxième colloque s'est tenu au Brésil en 1997. Plus de trente enfants et
jeunes se sont joints aux adultes, représentant au total 25 pays. Les participants ont
adopté un plan d'action exposant les étapes du développement du
réseau, jusqu'à l'Assemblée et au-delà.
4. Solidarité avec l'étranger: action menée pour proclamer
1997 Année oecuménique de la solidarité des Eglises avec les personnes
déracinées. Face à l'urgence de la situation des réfugiés,
des personnes déplacées à l'intérieur de leur pays et des migrants
dans le monde entier, le COE a publié un nouveau document d'orientation, qui a
été adopté par le Comité central en septembre 1995, sous le titre:
"Un choix à faire: prendre le risque de se solidariser avec les personnes
déracinées". Ce document est le résultat de dix-huit mois de consultations
et de dialogue menés par le SRM avec les Eglises membres et leurs agences dans le
monde entier, beaucoup d'entre elles ayant présenté les conclusions des
consultations qu'elles avaient organisées elles-mêmes avec leurs membres.
En plus du document d'orientation, le Comité central a également adopté
deux résolutions sur son application: les Eglises étaient invitées à
proclamer l'année 1997 "Année oecuménique de la solidarité des
Eglises avec les personnes déracinées", et les paroisses locales à
récolter des signatures pour protester contre la fabrication des mines anti-personnel et
exiger la destruction immédiate des mines existantes.
Le lancement de l'Année oecuménique a eu lieu en mars 1997 à
Genève, à l'occasion de la réunion annuelle du Réseau
oecuménique mondial sur les personnes déracinées. Les Eglises ont
réagi avec enthousiasme; plusieurs ont décidé de prolonger la campagne
jusqu'en 1998, réaffirmant ainsi l'engagement oecuménique en faveur des
millions de réfugiés, de personnes déplacées et de travailleurs
migrants. Relançant le débat sur le sens de l'expression "l'Eglise de
l'étranger", elles ont examiné quelles actions il leur faudrait entreprendre pour
exprimer concrètement leur solidarité avec les personnes déracinées
et avec leurs partenaires.
Dans le cadre de la Campagne internationale contre les mines terrestres, le COE a
récolté des signatures et collaboré avec la Fédération
luthérienne mondiale pour sensibiliser l'opinion à la nécessité
d'interdire ces armes qui blessent et tuent civils et militaires sans distinction; il a
également soutenu la participation des Eglises à cette campagne.
5. Solidarité avec les femmes: action menée pour renforcer les
capacités des femmes, sur la base de l'égalité entre les sexes.
L'Unité IV a accordé une attention particulière aux efforts
déployés par le COE dans ce domaine, notamment pendant la Décennie
oecuménique de la solidarité des Eglises avec les femmes, afin de mieux faire
connaître les besoins, les capacités et le potentiel des femmes lors de l'allocation
de ressources à la promotion des droits, au développement et aux
communications.
Comme nous l'avons mentionné plus haut, le Programme des bourses s'est
efforcé d'encourager les candidatures des femmes. Il a introduit récemment des
bourses de durée plus limitée et les études Sud-Sud, ce qui est
particulièrement intéressant pour les femmes que les responsabilités
domestiques traditionnelles empêchent de s'absenter longtemps de leur foyer et par
conséquent d'envisager une formation.
Au niveau international, le SRM a été l'un des membres fondateurs du Groupe de
travail international non gouvernemental qui a organisé le premier colloque sur les
femmes réfugiées (1989); les pressions exercées par ce colloque ont abouti
à la création en 1991, au Haut Commissariat des Nations Unies pour les
réfugiés, d'un bureau spécial chargé des besoins des femmes
réfugiées.
Lors de la réunion de la Commission de l'Unité IV, en 1993, les participants ont
reconnu qu'il existait encore un écart entre les engagements professés en faveur
des femmes, et l'action pratique. Depuis, dans le cadre des groupes régionaux, tous les
bureaux ont passé en revue leur travail avec les femmes, et se sont efforcés de
traduire ces engagements dans toutes les tâches entreprises.
Afin de remédier à l'inégalité entre les hommes et les femmes qui
persiste dans le travail de l'Unité, la Commission a décidé, lors de sa
réunion suivante à Alexandrie en 1995, de placer les besoins et les droits des
femmes marginalisées et exclues sur la liste des cinq tâches prioritaires de
l'Unité. Elle a reconnu que la solidarité avec les femmes du jubilé exige
qu'elles ne soient pas laissées seules responsables du changement, et qu'on n'isole pas
leurs problèmes sous la rubrique "questions et projets concernant les femmes". Elle a
donc recommandé à l'Unité d'adopter dans son travail une approche qui
prenne en compte l'égalité des hommes et des femmes.
Pendant six mois, tout le personnel de l'Unité a examiné les conséquences
de cette approche sur son travail. Un groupe de travail sur la promotion des droits des femmes
a produit une série de lignes directrices intitulées "Lignes directrices sur les
rapports sociaux entre hommes et femmes: nourrir la spiritualité dans le partage et le
service". L'approche, fondée sur les rapports sociaux hommes/femmes qui a
inspiré ces lignes directrices, est centrée sur la conception que le plan de Dieu
pour l'humanité est manifesté dans son amour salvateur, qui renouvelle la
création tout entière, dont les femmes et les hommes participent pleinement.
Les lignes directrices ont été préparées afin d'aider les bureaux et
secrétariats de l'Unité IV à soulever des questions sur
l'égalité entre hommes et femmes dans leur travail quotidien, et dans leurs
relations avec leurs partenaires régionaux et locaux. Elles s'appliquent également
à la détermination de la politique générale et à la planification,
de même qu'au suivi et à l'évaluation des projets.
Le Programme du COE sur le partage et le service aide les Eglises membres
et les institutions d'entraide et organisations oecuméniques qui leur sont liées
à
promouvoir la dignité de la personne humaine et la création de
communautés viables, en solidarité avec les marginalisés et les
exclus.
Pour ce faire,
1. Elle travaille aux côtés des marginalisés et des exclus en vue d'un
partage plus équitable des ressources, en essayant de mettre en place des modèles
novateurs de coopération internationale et de promouvoir une meilleure
compréhension et un plus grand respect de la diversité des ressources
(économiques, écologiques, sociales, culturelles et spirituelles) qui sont
nécessaires à la création de communautés viables.
La régionalisation de l'Unité répond au besoin de
déléguer les responsabilités et le pouvoir. Ce type de partage des
tâches s'opère au moyen de six structures principales: les groupes
régionaux, les tables rondes, le Secrétariat "réfugiés et migrants", le
Programme des bourses, les secours d'urgence par l'intermédiaire de l'Action commune
des Eglises (ACT) et l'octroi de crédits par le biais de la Fondation oecuménique
pour l'aide aux Eglises (ECLOF).
Actes concrets de solidarité. La solidarité ne peut
s'exprimer qu'entre des personnes. Partager les croyances, les valeurs et les aspirations des
autres, c'est déjà manifester une certaine forme de solidarité, mais si
celle-ci ne se traduit pas par des actes concrets, elle ne sert pas à grand-chose. Le
rôle
de l'Unité IV dans son ensemble a évolué: elle est devenue de plus en plus
un animateur, qui encourage (pour citer le texte de son mandat) "des actes concrets de
solidarité qui reflètent notre engagement en faveur d'un partage plus
équitable des ressources, face à l'aggravation de la pauvreté, du
déracinement et de l'exclusion, aux niveaux local et régional".
Entre la fin de 1996 et le milieu de 1997, l'Unité IV a
entrepris un long travail d'évaluation, s'efforçant d'examiner de manière
concertée les activités réalisées par l'Unité dans son ensemble,
et par chacun de ses groupes de travail individuellement, afin d'établir des
priorités pour l'avenir.
Elle a réaffirmé son attachement aux valeurs contenues dans la déclaration
sur sa vision, et y a ajouté les éléments suivants:
Un petit comité composé de membres du personnel et de consultants a
préparé un questionnaire demandant aux partenaires de faire connaître leur
opinion sur des sujets comme le mandat de l'Unité et les questions de relations: on les
invitait également à envoyer leurs commentaires sur les limites auxquelles se
heurte l'Unité dans son travail, sur les attentes non satisfaites, et sur les priorités
à fixer pour l'avenir.
Le partage équitable des ressources
Sur le plan régional, les groupes régionaux ont abandonné leur rôle
dans la sélection des projets pour se consacrer à l'analyse décisionnelle et
au dialogue. Ils ont cherché à promouvoir la coopération entre les
partenaires et les réseaux oecuméniques toujours plus nombreux, et à
favoriser un climat propice à la critique et à l'encouragement réciproques.
On espère qu'à l'avenir le rôle de plus en plus important de ces groupes
profitera au Conseil dans son ensemble.
Les tables rondes ont fait l'objet d'un examen approfondi, et on est actuellement en train de
les réactiver systématiquement. On pense qu'elles croîtront en nombre et
en importance, tant que le COE pourra assurer que les résultats obtenus sont durables.
Les critères établis pour mesurer leur qualité et leur efficacité sont
clairement exposés dans les lignes directrices oecuméniques sur les tables
rondes.
Actes concrets de solidarité
De plus en plus, le rôle du COE consiste à favoriser la formation de
réseaux qui permettent à divers acteurs, locaux et internationaux, de coordonner
leurs efforts et d'exercer la plus forte influence possible. La fonction du COE est d'être
porteur d'une vision et de communiquer des valeurs et des méthodes de travail qui
garantissent que le moteur d'une action concrète ne soit ni l'argent ni les idées
des bailleurs de fonds. Ce rôle n'est toutefois pas seulement administratif. Il faudra
qu'à l'avenir le COE explique plus en détail comment il se propose de remplir
avec succès cette fonction d'animateur. La création de réseaux solides et
efficaces, comme l'ACT et l'ECLOF, et d'instruments de prise de décisions et de
partage, comme les groupes régionaux et les tables rondes, représente un pas
important dans cette direction.
Mise en valeur des compétences locales et formation à une approche
oecuménique
Tous les bureaux régionaux ont offert des cours de formation, en général
sous la forme d'ateliers. Cette formation, notamment dans le domaine de la planification des
projets et de la gestion, est destinée principalement aux organisations
oecuméniques régionales, aux conseils nationaux d'Eglises, aux partenaires des
tables rondes, aux ONG liées aux Eglises et aux institutions d'entraide locales. En
Amérique latine, une série d'ateliers sur l'éducation populaire a conduit
à la création d'un réseau régional qui offre maintenant un espace de
réflexion à plus de 50 groupes et Eglises rattachés au bureau
régional.
Un autre domaine dans lequel la formation du personnel local est particulièrement
importante est la préparation aux situations d'urgence. Toutes les régions, le
Pacifique, l'Asie, l'Amérique latine, les Caraïbes et l'Europe, ont organisé
des ateliers à cet effet, souvent conjointement avec l'ACT.
Conscientes de la nécessité d'éviter des situations de dépendance, de
nombreuses régions ont commencé à promouvoir l'octroi de crédits
comme source possible de financement. Pour certaines régions, comme l'Afrique, cela
représente un énorme changement par rapport à la méthode des
dons. Depuis plusieurs années déjà l'ECLOF est l'instrument choisi pour
promouvoir cette idée.
La formation à un style de travail oecuménique est devenue une priorité
urgente au cours des sept dernières années. En effet dans bien des situations, il
existe une méconnaissance et une incompréhension de "l'approche
oecuménique", dues à l'arrivée d'une nouvelle génération de
responsables d'Eglises, à l'évolution et à la laïcisation des mandats
au sein des organismes oecuméniques rattachés aux Eglises, et, au niveau local,
à une hésitation à penser oecuméniquement plutôt que
confessionnellement.
Réseaux d'action et promotion des droits
Ce Réseau, nouvellement créé, ne sera probablement pas une structure
permanente du COE. Ses objectifs initiaux sont modestes et à court terme. Le soutien et
les services fournis par le COE seront graduellement remplacés par une structure
autonome.
Les réseaux qui ont un rapport direct avec les activités de partage des ressources,
c'est-à-dire les groupes régionaux, les tables rondes, l'ACT et l'ECLOF, ont un
caractère plus permanent et sont un outil de travail et de coopération essentiel
pour le personnel de Genève. Ce sont en fait des structures hybrides, composées
d'organismes représentatifs (tels que des comités ou des groupes consultatifs)
élus par les organes directeurs du COE (et d'autres), et de réseaux de personnes
ou de groupes qui se réunissent volontairement pour collaborer.
Malgré la définition assez lâche du terme, le mot "réseau" exprime
bien le caractère dynamique du travail qui s'y fait. Les structures ne sont pas rigides; au
contraire, elles évoluent suivant les changements de contextes et de besoins. Cette
flexibilité est parfaitement compatible avec le système et le style de travail futurs
du COE.
La clé du succès, dans tous ces réseaux, est la communication et
l'établissement de relations. Sans confiance réciproque ni volonté de se
rendre des comptes, il ne peut y avoir de relations, et sans un échange franc et
systématique d'informations et d'idées, on ne peut pas accomplir grand-chose.
C'est pourquoi, si les lignes directrices sur le partage oecuménique des ressources, dans
leur formule actuelle, sont quelque peu dépassées, il nous appartient d'en
élaborer sans tarder de nouvelles qui seront plus appropriées.
Pendant cette période, on a assisté à un renforcement
considérable des réseaux et des plate-formes en vue de la planification et de
l'action communes et du partage des ressources. Au niveau mondial, la création du
réseau des directeurs des agences a été très appréciée
de ces dernières, et l'on espère que ce système sera développé
au cours des prochaines années pour devenir un espace de discussion et de collaboration
entre le COE et les diverses agences sur toutes sortes de sujets relatifs au partage, à la
solidarité et à la justice.
Le travail du COE est connu dans le monde entier parce qu'il est concret.
En soutenant et en accompagnant les Eglises et les groupes locaux, le Conseil s'efforce de
changer réellement les choses. L'évaluation a permis de quantifier ce travail et de
donner une idée de son envergure et de son impact.
Cet élément du travail du COE revêt une importance de
plus en plus grande pour ses membres. C'est l'un des points centraux de son activité
future. Dans chaque cas, les partenaires interrogés ont déclaré trouver cet
aspect du travail motivant et utile. Voici ce que l'un d'eux a écrit: " Grâce
à l'apport et au soutien de l'Unité IV, un certain nombre de conseils
chrétiens ont été soumis à des évaluations, qui les ont
incités à changer de cap' et à adopter de nouvelles stratégies qui
ont rehaussé l'image et le succès des conseils en Afrique de l'Ouest".
Les réseaux soutenus par l'Unité IV revêtent des formes
différentes. Certains sont permanents, et leur activité est directement liée
au mandat et au travail des équipes de personnel. Le Réseau oecuménique
mondial sur les personnes déracinées en est un bon exemple: il a été
créé par le COE conjointement avec les Eglises membres et leurs organisations
oecuméniques, et son fonctionnement est assuré par le secrétariat de
Genève. C'est également le cas pour le Réseau oecuménique
mondial sur les enfants.